Évènementiel : Le secteur agonise partout au Maroc
Le Groupement professionnel des prestataires de l’évènementiel au Maroc (GPPEM) a publié une étude sur la situation du secteur de l’industrie de l’événementiel face à la crise sanitaire. Pour le groupement la situation risque d’anéantir complètement une expertise qui participe au développement du Maroc depuis plusieurs années.
Le Groupement professionnel des prestataires de l’évènementiel au Maroc (GPPEM) s’est penché sur l’analyse de l’impact de la crise engendrée par la Covid-19 sur l’industrie de l’événementiel au niveau national. Une enquête a été réalisée dans ce sens par le cabinet VQ, qui a embrassé toutes les composantes du secteur dans les principales régions du Royaume (Casablanca, Rabat, Fès, Tanger…). L’étude a concerné les entités et personnes intervenant dans le secteur de l’événementiel, qu’ils soient des entreprises ou des freelances. «Elle avait pour objectifs de procéder à une évaluation globale de la situation, d’identifier l’impact de la crise sur les opérateurs de l’événementiel en comparaison avec les autres secteurs économiques, de faire le point sur ses conséquences en termes de chiffre d’affaires, d’employabilité, de trésorerie et de perspectives à court terme» explique le GPPEM dans cette perspective.
Le secteur agonise
Le premier constat de cette enquête explique que 93,5% des acteurs sondés estiment qu’il s’agit de « la pire conjoncture qu’ils n’aient jamais connue». Cette situation s’est traduite par une baisse de leur chiffre d’affaire de +75%, une réduction des effectifs d’environ 55%, un recours massif au crédit et une nette tendance à la vente par nombre de prestataires de leurs biens immobiliers et mobiliers pour faire face aux conséquences de cette situation catastrophique. L’enquête du GPPEM révèle ainsi que l’industrie de l’événementiel a été le plus touché avec 93,5% d’impact négatif comparativement aux autres secteurs économiques (83,5%). De plus, au vu de leurs obligations contractuelles et/ou salariales, les entreprises du secteur ont recouru massivement au crédit bancaire (malgré son insuffisance et sa cherté au regard de la conjoncture) et aux aides de l’état sollicitées par 63% des sondés qu’ils estiment par ailleurs insuffisantes et non régulières. En ce sens, le recours au crédit a concerné exclusivement Damane Oxygène (30% des demandeurs) et Damane Relance (20%). Dans le détail des chiffres (crédits et aides publiques) il est annoncé par le GPPEM qu’une grande partie des acteurs de l’événementiel a privilégié les recours ‘’domestiques’’ pour renflouer leurs trésoreries. «Ce sont notamment les aides familiale et amis, outre la vente de biens immobiliers et mobiliers), sachant que les acteurs de l’événementiel ont dû subir le règlement de différends à l’amiable (60% des litiges) pour éviter les procédures judiciaires longues et onéreuses» est-il détaillé dans ce sens. Cet état reflète un véritable sinistre que les professionnels semblent ne plus supporter et a conduit et continue de conduire à la fermeture pure et simple de nombreuses entités. D’ailleurs, 35% des entreprises du secteur ont opté pour l’abandon de leurs activités.
Quelles solutions ?
L’étude du GPPEM s’est également consacré à sonder les professionnels du secteur sur leur vision des solutions urgentes à mettre en œuvre, que ce soit de la part des autorités publiques. À cette fin, les opérateurs du secteur de l’industrie de l’événementiel sont convaincus que seule une aide soutenue de la part des autorités publiques est à même de leur permettre de maintenir leurs activités. Pour eux, il est essentiel de consolider et renforcer les aides aux salariés, exonérer totalement les opérateurs des charges fiscales et sociales pour les exercices 2020/2021 et reporter les échéances bancaires pour la même période sans intérêt. «Ces aides et facilités, dans la limite de leurs effets structurels, sont le seul canal qui permettrait à ce secteur de continuer à exister en attendant le retour à la normalité» estime le GPPEM. À cet égard, les professionnels estiment que l’organisation d’événements en présentiel est la seule issue qui favoriserait le retour de leurs activités en situation normale, dans le respect strict et rigoureux, bien évidemment, du Protocole sanitaire proposé par le GPPEM depuis juillet 2020. «Le retour à l’organisation événementielle présentielle est la seule chance pour le secteur, dans ses variantes et ramifications, de dépasser le cap et éviter le dépôt de bilan général, qui se profile face à la poursuite de restrictions qui ne tiennent pas compte de la spécificité organique de l’Industrie et services de l’événementiel» martèle-t-on auprès du GPPEM. Le groupement se demande dans ce sens, pourquoi l’organisation d’événements présentiels est interdite alors que certains lieux/commerces rassemblent des masses tous les jours : centres commerciaux, cafés, restaurants… Il faut noter, à cet égard, que la vaccination qui vient d’être lancée, bien qu’elle soit un facteur d’optimisme pouvant déboucher sur l’immunité collective à moyen terme, ne peut se faire que dans la durée. «Or de temps, le secteur manque vitalement. Les aides, exonérations et le retour immédiat à la normale demeurent le chemin unique pour sauver tout un secteur de la faillite programmée» conclut le GPPEM.
Projections
Il est à noter que les professionnels de l’évènementiel sondés dans le cadre de l’étude, sont prêts, pour 97,5% d’entre eux, à respecter tout protocole sanitaire exigé par les pouvoirs publics. L’objectif étant la reprise de l’activité. Pour eux, le virtuel et l’hybride ne constituent qu’un palliatif, une solution provisoire afin de faire face à une situation de crise. Pour 88,5% de l’échantillon sondé, cela ne constitue pas l’avenir de l’évènementiel. Si 47% d’entre eux ont été consultés pour un projet d’évènement, devant avoir lieu en 2021, une large majorité de professionnels (60%) ne semble pas avoir de visibilité commerciale pour les prochains mois.
Données de l’étude du GPPEM
Pour ce qui est de la méthodologie de l’étude réalisée par le cabinet VQ, il est noté que 87,5% des professionnels sondés sont soit gérants, soit directeurs généraux, soit propriétaires des entités représentées. L’échantillon a touché 206 personnes, au seuil de confiance de 95 %, ce qui permet d’obtenir un intervalle de confiance de + / – 6.8%.
Sanae Raqui / Les Inspirations Éco