Maroc

Épargne des ménages : les placements ont la cote

Une tendance forte se dessine quant aux choix d’investissement des ménages marocains. Longtemps adeptes des placements traditionnels comme les dépôts bancaires, réputés pour leur sécurité et leur liquidité, les particuliers semblent aujourd’hui explorer de nouvelles voies pour valoriser leur épargne. En témoignent les chiffres du dernier rapport annuel sur la stabilité financière de Bank Al-Maghrib.

Une tendance forte se dessine quant aux choix d’investissement des ménages marocains. «Les ménages marocains diversifient progressivement leurs placements financiers». Comme s’ils disaient tous à l’unisson : «l’épargne réglementée, ça ne rapporte plus !».

Si cette tendance se confirme, elle pourrait marquer un virage majeur dans la gestion patrimoniale des ménages marocains. Soucieux d’optimiser leurs placements, ces derniers semblent de plus en plus disposés à s’aventurer au-delà du strict cadre bancaire traditionnel pour explorer les opportunités offertes par la sphère financière. Un mouvement appelé à se poursuivre, sous l’effet de plusieurs vents favorables comme le développement de la culture financière ou l’innovation dans l’offre de produits d’épargne.

L’un des enseignements du dernier rapport annuel de Bank Al-Maghrib (BAM) sur la stabilité financière est que les ménages marocains continuent de renforcer leur patrimoine financier avec une préférence croissante pour les instruments de marché de capitaux.

En effet, les placements des ménages en actions, obligations et parts d’OPCVM ont connu une hausse notable de 11,4% en 2023, pour culminer à près de 71 milliards de dirhams. Un montant qui a été multiplié par 1,5 fois en moins de 6 ans seulement, signe d’un réel engouement pour ce type d’actifs financiers.

Cette appétence croissante pour le marché des capitaux s’observe aussi bien du côté des titres de propriété (actions, OPCVM), qui ont progressé de 8%, que des titres de créance privée (certificats de dépôt, obligations), en hausse de 24% à 5,2 milliards de dirhams. Même les titres d’État ont vu leur encours détenu par les ménages passer de 0,2 à 1,7 milliard de dirhams en un an. Comme nous explique un analyste, plusieurs facteurs peuvent expliquer cet attrait renouvelé pour les valeurs mobilières.

D’une part, la performance des marchés financiers ces dernières années a certainement joué un rôle incitatif. D’autre part, la recherche de rendements supérieurs à ceux des placements traditionnels comme les dépôts bancaires. Si les dépôts restent largement majoritaires avec 81% du patrimoine financier, cette diversification de l’épargne constitue une tendance de fond qui devrait se poursuivre. Les ménages, en quête d’optimisation de leurs investissements, semblent de plus en plus disposés à explorer ces véhicules du marché des capitaux.

Les trois formes d’épargne préférées  des ménages marocains
Comme on peut le noter dans le rapport sur la stabilité financière de Bank Al-Maghrib, les principales formes d’épargne des ménages marocains, par ordre d’importance, sont en première position : les dépôts bancaires, qui représentent 81% du patrimoine financier des ménages en 2023, confirmant leur prédominance.

«Cette forme d’épargne demeure la principale pour les ménages», souligne le rapport.

Cette préférence marquée pour les produits d’épargne bancaire traditionnels s’explique par plusieurs facteurs comme la sécurité perçue, la liquidité et l’accessibilité de ces placements. Néanmoins, on observe une diversification progressive vers d’autres véhicules d’investissement.

En deuxième position, les contrats d’assurance-vie mobilisent 11,8% du patrimoine financier des ménages en 2023. Cette part a nettement progressé en dix ans, passant de 8,4%, poussée par les avantages fiscaux associés à ce type de produits. L’attrait pour la défiscalisation apparaît donc comme un moteur important des choix d’épargne. En troisième position, figurent les valeurs mobilières (actions, OPCVM, titres de créance, obligations), qui ont connu une hausse notable de 11,4% en 2023, culminant à près de 71 milliards de dirhams.

Ce segment a même vu son montant multiplié par 1,5 en moins de 6 ans, signe d’un engouement croissant, vraisemblablement alimenté par la performance des marchés financiers sur cette période. Si les dépôts demeurent ultra-dominants, on assiste donc à une appétence grandissante pour des placements plus risqués, mais potentiellement plus rémunérateurs comme l’assurance-vie et les valeurs mobilières. Une tendance à la diversification qui pourrait se renforcer à l’avenir sous l’effet de plusieurs facteurs :  recherche de rendement, évolution de la fiscalité, développement de la culture financière, etc.

Cependant, le niveau des taux d’intérêt semble influencer les choix d’épargne, le rendement jugé moins attractif des dépôts à terme ayant contribué à leur essoufflement.

Les dépôts bancaires des ménages par ordre décroissant de préférence
Les dépôts bancaires des ménages marocains par ordre décroissant de préférence sont les dépôts à vue, qui totalisent 561 milliards de dirhams en 2023 et représentent la part la plus importante ; les comptes d’épargne, qui s’élèvent à 180 milliards de dirhams ; et les dépôts à terme, s’élevant à près de 83 milliards de dirhams en 2023. Si les dépôts à vue et les comptes d’épargne ont connu une croissance respective de 5% et 3,2% en 2023, les dépôts à terme se sont de nouveau contractés de 2,5%, poursuivant leur tendance baissière depuis 2017.

Cette évolution est attribuée à «la baisse progressive et tendancielle du rendement des dépôts à terme», qui les rend moins attractifs malgré la hausse des taux observée en 2023. Bien que dominants, les dépôts bancaires affichent un ralentissement de leur rythme de croissance à 3,6% en 2023, contre 5,4% en moyenne sur les trois dernières années. Cette décélération touche l’ensemble des composantes et pourrait s’expliquer par la recherche de rendements supérieurs de la part des ménages.

Les valeurs mobilières détenues par les ménages par ordre d’importance

Les valeurs mobilières détenues par les ménages marocains, par ordre d’importance, sont les titres de propriété (actions et parts d’OPCVM), représentant 90% de l’encours et ayant enregistré une hausse de 8% en 2023 ; les titres de créances privées (certificats de dépôt, obligations), qui ont augmenté de 24% pour atteindre 5,2 milliards de dirhams ; et les titres de l’État, passés de 0,2 milliard de dirhams en 2022 à 1,7 milliard en 2023, marquant une hausse importante. Bien que minoritaires par rapport aux dépôts bancaires, les valeurs mobilières suscitent un intérêt grandissant des ménages marocains, porté notamment par la performance des marchés financiers. Cette forme d’épargne devrait continuer à progresser à moyen et long terme, les ménages cherchant à diversifier leurs placements et optimiser leurs rendements.

Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO

 


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