Maroc

Enquête : grande offensive des entreprises marocaines en Afrique

De plus en plus d’entreprises marocaines n’hésitent pas à prendre de gros risques pour aller s’implanter sur le reste du continent africain. C’est ce que constate la société de conseil en management et technologie indépendant, BearingPoint, qui vient de publier son 4e baromètre du développement international.

Le marché africain n’a jamais été aussi attractif pour les entreprises marocaines. De plus en plus d’opérateurs du royaume optent pour l’Afrique, constate BearingPoint, une société de conseil en management et technologie indépendant. Dans son 4e baromètre du développement international (BDI), le cabinet «aux racines européennes et à la couverture mondiale» note une tendance très offensive et audacieuse des entreprises du pays du Maghreb vers le reste du continent, ces cinq dernières années. Si l’on en croit le BDI, elles sont de plus en plus nombreuses à prendre des risques «pour aller en Afrique». En effet, «le principe de déploiement sage, visant à limiter au maximum les risques au détriment des gains, est de moins en moins prisé par les entreprises marocaines (21% des répondants en 2020 contre 27% en 2015)».

Vers une gestion plus autonome des filiales
Cependant, si les entreprises marocaines font preuve d’une prise de risque plus importante en matière de développement en Afrique, le principe de suivi d’un processus rigoureux, avec une politique de pas à pas dans la plus grande efficacité possible, reste de mise. Selon l’enquête réalisée en partenariat avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), un nombre grandissant d’entreprises opte désormais pour une gestion propre de chaque filiale ou via des directions de zones/régions après avoir atteint une taille significative sur ces marchés. «Cette tendance, renforcée sur les cinq dernières années, s’oriente vers une gestion plus autonome des filiales tout en favorisant l’échange avec le siège», détaille le baromètre expliquant que «40% des entreprises du panel ont mis en place une gestion propre à chaque filiale (…) En cinq ans, le changement est significatif, avec une autonomisation plus forte des filiales vis-à-vis du siège. C’est un signe de maturité grandissante des entreprises». En somme, «les entreprises marocaines ont, durant la demi-décennie écoulée, renforcé la dimension terrain de leur développement en Afrique : les structures sur place sont plus autonomes et, dans une moindre mesure, les directions régionales prennent la place des sièges au Maroc». La société de conseil commente que «c’est un glissement classique qui démontre la maturité des organisations». Cependant, poursuit la même source, «il reste encore du chemin à parcourir, les modèles les plus représentés étant la joint-venture (JV) et la logique de filiales commerciales».

L’Afrique une terre d’opportunités
La présence de plus en plus massive d’entreprise marocaines s’explique par le fait que «le développement en Afrique est devenu un axe stratégique de premier ordre», le continent demeurant une terre d’opportunités pour ces dernières, souligne BearingPoint dans son enquête de 32 pages. Dans le détail, la quasi-totalité des répondants considère que le développement en Afrique fait partie des cinq priorités stratégiques, contre 78% en 2015. Dans la foulée, ajoute la même source, le développement en Afrique fait désormais partie du top 3 des priorités stratégiques pour plus de 80% des répondants, alors que pour plus du tiers des entreprises, il représente même la priorité principale, soit un triplement de cette réponse en cinq ans.

Ces entreprises marocaines qui se distinguent en Afrique
Et parmi les entreprises marocaines qui ont le plus le goût du risque en Afrique, figure l’opérateur historique Maroc Telecom dont le développement sur le continent «se définit comme un véritable relais de croissance dans ses objectifs stratégiques, et ce depuis 2001 (présence en Mauritanie, au Burkina Faso, au Gabon et au Mali)». Le groupe a poursuivi son développement en Afrique en 2015, avec l’acquisition auprès d’Etisalat de six opérateurs au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Togo, au Gabon, au Niger et en République centrafricaine. Maroc Telecom est ainsi devenu «un acteur de référence dans dix pays du continent africain». Concernant le secteur des matériaux de construction, Cimat (Ciments de l’Atlas) s’est également significativement implantée sur le continent à partir de 2011 avec la création de la société Cimaf (Ciments de l’Afrique). Le groupe a poursuivi son expansion progressive à travers le continent en démarrant des activités en Côte d’Ivoire et en Guinée Conakry en 2013, au Cameroun et au Burkina Faso en 2014, au Gabon et en République du Congo Brazzaville en 2015 et, enfin, au Ghana, au Mali et en Mauritanie en 2016. Le Groupe Banque Populaire (GBP) affiche également une stratégie de développement de ses filiales en Afrique, avec pour ambition de construire le premier groupe panafricain ancré localement. Avec l’acquisition des participations du groupe français Banque Populaire Caisse d’Épargne (BPCE) dans trois banques au Cameroun, au Congo et à Madagascar à fin 2019, le groupe a renforcé sa présence en Afrique à 15 pays. Premier exportateur mondial de phosphates en 2019, avec un chiffre d’affaires d’environ 54 milliards de dirhams, environ 20.000 collaborateurs et 25% de parts de marché mondiales sur les produits phosphatés, le groupe OCP n’est pas en reste. Il faut noter que l’Afrique est le premier bénéficiaire des investissements directs marocains. Plus de 60% des investissements directs à l’étranger (IDE) marocains étaient réalisés en Afrique en 2017. En effet, le Maroc est désormais parmi les premiers investisseurs africains de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Cette présence renforcée sur le continent africain est soutenue par une stratégie nationale en faveur de la promotion de la coopération Sud-Sud. 

Une implantation forte à l’ouest, une vision vers l’est

Bien que ciblant prioritairement l’Afrique de l’Ouest,la présence des entreprises marocaines en Afrique semble s’être davantage diversifiée ces dernières années. Alors qu’en 2015, l’Afrique de l’Ouest était le terrain de jeu privilégié des entreprises marocaines, ces dernières semblent désormais gagner du terrain sur le reste du continent. En effet, les entreprises marocaines explorent également l’Afrique de l’Est, l’Afrique centrale et australe. Cette présence renforcée s’explique principalement par la réintégration du royaume au sein de l’Organisation panafricaine en 2017 et par l’engagement du roi Mohammed VI à faire de l’Afrique une priorité nationale.

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco


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