Maroc

Énergies renouvelables : l’ONEE muscle son ambition pour 2030

C’est un ambitieux plan d’équipement pour 2025-2030 que l’ONEE a adopté. Avec 100 milliards de dirhams exclusivement dédiés aux énergies renouvelables, une transformation majeure de son modèle électrique et hydrique est attendue. Entre ambition technique, gouvernance repensée et ouverture au secteur privé, c’est tout un écosystème qui s’adapte pour faire de la croissance verte un levier de souveraineté.

Dans un contexte mondial marqué par l’urgence climatique et la nécessité de renforcer la souveraineté énergétique, le Maroc fait des énergies renouvelables son principal cheval de bataille. Sous la présidence de Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, la 8e session du Conseil d’administration de l’ONEE, qui s’est tenue à Rabat, a débouché sur l’adoption d’un programme d’investissement d’une ampleur sans précédent : 177 milliards de dirhams (MMDH) pour l’électricité, dont 100 milliards alloués exclusivement au développement des énergies renouvelables.

Cette enveloppe, qui représente près de 80% de la capacité additionnelle à installer d’ici 2030, marque une volonté claire de faire de l’électricité verte un levier de souveraineté énergétique et un moteur de croissance durable. Nadia Fettah a rappelé à cette occasion que cette stratégie s’inscrit dans une logique de transformation structurelle conforme aux orientations royales et au cap fixé pour la décarbonation de l’économie nationale.

Au-delà des montants, c’est l’ambition technique qui impressionne. D’ici 2030, 12,5 GW de capacités renouvelables supplémentaires seront déployés. Un effort colossal qui devrait permettre d’atteindre, dès fin 2027, un taux de 56% d’énergies renouvelables dans sa puissance électrique installée, contre 45,4% actuellement.

Pour soutenir cette montée en puissance, le plan prévoit également l’installation de 1.600 MWh de systèmes de batteries (BESS) dès 2026, ainsi que le développement de moteurs à gaz naturel (300 à 450 MW) et la construction de la centrale à turbine à gaz d’El Wahda (990 MW), prévue pour entrer en service début 2027. Une stratégie pensée pour garantir la flexibilité et la stabilité du réseau électrique à mesure que la part du renouvelable progresse.

L’eau, autre pilier stratégique
Si l’électricité occupe le devant de la scène, le volet hydrique n’est pas en reste. Doté d’un budget de 43 MMDH, le programme relatif à l’eau potable vise à sécuriser l’approvisionnement de la population, en particulier dans les zones rurales, et à porter à 63% la part du dessalement dans les besoins nationaux d’ici 2030.

Sept stations de dessalement ont déjà vu le jour, totalisant une capacité annuelle de 71,5 millions de m³, et de nouvelles infrastructures sont en cours de planification. Le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural atteint aujourd’hui 98,8%, au bénéfice de plus de 13 millions d’habitants.

Pour réussir ce changement d’échelle, l’ONEE engage également une transformation profonde de son modèle de gouvernance. Le tandem McKinsey & Company, Ernst & Young a été mandaté pour accompagner l’Office dans sa restructuration.

L’objectif est de moderniser ses outils de gestion, renforcer sa performance et s’aligner sur les meilleures pratiques internationales. Les premières recommandations sont attendues dans les prochains mois. Par ailleurs, 72% des investissements programmés seront portés par le secteur privé, preuve de la volonté de l’État de jouer un rôle d’architecte plutôt que d’opérateur exclusif, en catalysant l’investissement productif.

Une dynamique déjà engagée
L’élan de transformation actuellement engagé par l’ONEE ne date pas d’hier. Mieux encore, il s’appuie sur des bases déjà solides. Bien avant l’adoption du nouveau programme, l’Office avait amorcé un mouvement de modernisation soutenu, porté par des investissements conséquents.

Entre 2022 et 2024, plus de 22 MMDH ont ainsi été mobilisés, répartis à parts quasiment égales entre les secteurs de l’électricité (10,7 MMDH) et de l’eau (11,3 MMDH). Ces efforts ont permis de porter la puissance installée à 12.017 MW, d’assurer une production d’eau potable de 1.374 millions de m³ et de répondre à une demande électrique qui a atteint 45.713 GWh en 2024, en hausse de 3,9% sur un an. En articulant décarbonation, résilience hydrique et transformation managériale, le Maroc place l’ONEE au cœur de sa stratégie climatique et énergétique.

Reste à convertir cette vision ambitieuse en réalisations concrètes, dans un contexte mondial toujours plus incertain. Mais sur la ligne de départ de la décennie à venir, l’intention est claire : ne pas subir la transition, mais en être l’acteur central. En articulant décarbonation, résilience hydrique et modernisation de sa gouvernance, le Royaume inscrit l’ONEE au cœur de sa stratégie énergétique et climatique. I

l s’agit désormais de concrétiser cette vision ambitieuse, dans un environnement en constante évolution. Une orientation claire est tracée : accompagner la transition, avec maîtrise et détermination.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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