Maroc

Encore loin, le bout du tunnel ?

À une semaine de la Fête du travail, le gouvernement ainsi que les partenaires sociaux et économiques parviendront-ils à signer, comme escompté, un accord tripartite? Bien que les différentes parties aspirent à trouver un compromis avant le 1er mai, le doute plane sur l’issue du dialogue social.

Aucun accord n’a encore été signé entre le gouvernement et les partenaires sociaux et économiques alors qu’il ne reste plus qu’une semaine avant la Fête du travail, le  1er mai. Les centrales syndicales appellent le gouvernement à améliorer son offre ayant trait à l’amélioration des revenus afin de pouvoir conclure un accord tripartite pour bien célébrer la Fête du travail. Même l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), bras syndical du PJD, n’est pas satisfait de la proposition gouvernementale, qui se chiffre, rappelons-le, à 6,4 MMDH par an. Le gouvernement, qui brandit la carte des équilibres macro-économiques, va-t-il, cette fois-ci, céder aux requêtes syndicales pour apaiser les esprits des partenaires sociaux? Rien n’est moins sûr. La doléance-clé est celle de l’augmentation salariale. Alors que les syndicats demandent une augmentation générale des salaires dans la fonction publique de l’ordre d’au moins 400 DH, le gouvernement la limite à 300 DH pour les échelles allant de 6 à 10. Les partenaires sociaux plaident aussi pour une augmentation des salaires dans le secteur privé alors que les partenaires économiques brandissent la carte de la compétitivité.                                          

Pas de hausse des salaires     

Aucune augmentation du SMIG dans le privé ne point à l’horizon, ni même une baisse de l’impôt sur le revenu, du moins pour le moment. El Othmani est attendu de pied ferme par les syndicalistes pour parachever les négociations sur les points demeurés en suspens. Si certains syndicalistes appellent à accepter ce que propose le gouvernement tout en poursuivant les tractations, d’autres ne le voient pas de cet œil, attirant l’attention sur la durée de l’accord que le gouvernement veut étaler sur trois ans.   Le gouvernement est aussi épinglé quant à la gestion des négociations et du timing. En témoigne le bilan de la Commission du secteur privé qui est visiblement sortie bredouille de ce round du dialogue social. Difficile d’accorder les violons sur la législation de la discorde. Il s’agit notamment de la réforme du Code de travail qu’exige la CGEM, mais qui est redoutée par les syndicalistes. Le patronat aspire à une flexibilité du marché du travail. Les syndicalistes se disent conscients des difficultés que vivent les entreprises, mais demandent à régler les véritables problématiques comme celle du secteur informel que l’État doit accompagner afin qu’il puisse basculer dans l’économie formelle. Les syndicats sont pour les incitations fiscales au profit des entreprises, mais à condition de les indexer sur l’emploi et de les lier au respect de la législation de travail, dont le SMIG et les déclarations sociales, comme le souligne Khalid Alami Houir, membre du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail Aucun accord concret sur la législation du travail n’a été conclu, bien que le ton du communiqué final officiel du ministère du Travail et de l’insertion professionnelle soit positif. Pourtant, le gouvernement doit saisir l’occasion du dialogue social pour rapprocher les points de vue sur les dossiers qui constituent encore la pomme de discorde. Outre la flexibilité du marché du travail, la réflexion doit être engagée sur le projet de loi organique sur le droit de grève, bloqué dans les tiroirs de la Chambre des représentants depuis plus d’un an et demi. Il s’avère difficile de le programmer à l’examen en commission au sein de l’institution législative alors que les partenaires sociaux sont aux aguets, espérant des discussions approfondies avec le gouvernement et le patronat sur nombre points qu’ils considèrent comme restrictifs.                                     

Grèves en série ?         

On s’attend à ce que les syndicats pèsent de tout leur poids pour garantir «la souplesse» dans l’observation des grèves. Ils tenteront sans aucun doute de supprimer la mesure ayant trait aux prélèvements sur le salaire des grévistes. Un autre texte ne passera pas comme une lettre à la poste: celui ayant trait à l’organisation des syndicats, qui tarde à être mis dans le circuit législatif depuis le gouvernement de Abbas El Fassi. Le projet figure à l’ordre du jour du dialogue social, mais il n’a pas encore été discuté. Le dossier est épineux et risque de faire l’objet d’un bras de fer serré avec certaines centrales syndicales qui le rejettent en bloc. En tout cas, l’Exécutif pourrait tirer son épingle du jeu en misant sur la divergence des points de vue entre les syndicalistes sur cette question. En effet, certains syndicats ne sont pas contre l’idée de la réglementation de l’échiquier syndical, à l’instar des partis politiques, d’autant plus que la mouture initiale a été allégée par le gouvernement de Benkirane. En effet, deux dispositions faisant l’objet d’une discorde ont été supprimées. Il s’agit en premier lieu de la limitation d’âge pour les chefs de file des syndicats, qui figurait sur l’ancienne mouture. Le gouvernement estimait qu’un dirigeant syndicaliste ne doit pas être un retraité mais un salarié en fonction. Le deuxième point est relatif au contrôle, par la Cour des comptes, des finances des syndicats, qui a été limité aux subventions publiques.  



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