Maroc

Employabilité des jeunes : une évaluation systématique s’impose

L’étude économique de l’OCDE sur le Maroc met en lumière les défis majeurs auxquels le pays fait face en matière d’employabilité des jeunes, de formalisation de l’emploi et de participation des femmes au marché du travail. Malgré des réformes sociales et économiques en cours, le Maroc peine à tirer profit de son potentiel démographique, avec un chômage élevé des jeunes et une proportion importante de NEET. L’OCDE recommande une série de mesures pour améliorer la situation, dans la perspective de rendre l’emploi formel plus attractif, réduire l’informalité, et soutenir une croissance inclusive et durable.

L’étude économique de l’OCDE sur le Maroc met en lumière les défis majeurs auxquels le pays fait face en matière d’employabilité des jeunes, de formalisation de l’emploi et de participation des femmes au marché du travail.

Malgré des réformes sociales et économiques en cours, le Maroc peine à tirer profit de son potentiel démographique, avec un chômage élevé des jeunes et une proportion importante de NEET (jeunes ni en emploi, ni en éducation, ni en formation).

L’OCDE recommande une série de mesures pour améliorer la situation, notamment par la simplification des contrats de travail, l’adaptation des politiques fiscales et sociales, et le renforcement des politiques actives du marché du travail. L’objectif : rendre l’emploi formel plus attractif, réduire l’informalité et soutenir une croissance inclusive et durable.

Défis majeurs
Le Maroc aura beaucoup à gagner, notamment en termes de productivité, en améliorant l’employabilité des jeunes. Un constat dévoilé par l’étude économique sur le Maroc menée par l’OCDE. L’étude, qui pointe les défis majeurs auxquels le pays est confronté, propose également des recommandations, lesquelles ont d’ailleurs été écoutées d’une oreille attentive par le gouvernement.

Et parmi celles qui ont accaparé les attentions figure le chômage des jeunes. Un phénomène qui s’accentue en dépit d’un atout majeur qui est de disposer d’une population jeune et croissante. Autre point culminant, le nombre d’emplois informels.

Dans son analyse, l’étude souligne que la part anormalement élevée des jeunes qui ne travaillent pas, ne suivent pas d’études ou de formation (NEET) reflète en partie des résultats scolaires médiocres qui pourraient être améliorés en renforçant le système scolaire, notamment en évitant les redoublements excessifs et en améliorant les méthodes d’enseignement, comme le prévoient les réformes en cours.

La participation des femmes sur le marché du travail formel pourrait être améliorée en étendant les aides à la garde d’enfants, en renforçant l’inclusion financière et en réduisant la discrimination ainsi qu’en s’attaquant aux stéréotypes de genre. En effet, une meilleure utilisation de la population en âge de travailler soutiendrait la croissance et augmenterait le niveau de vie.

Pour l’OCDE, la réforme devrait être pleinement mise en œuvre et d’autres mesures devraient être prises pour rendre le travail dans l’économie formelle plus attrayant, notamment en réduisant les cotisations sociales pour les travailleurs formels à moindre revenu, en adaptant la rigueur de la réglementation du marché du travail, en tenant compte de l’impact du salaire minimum sur la formalisation, et en renforçant le contrôle des impôts et des cotisations sociales.

Certes au niveau des performances sur le marché du travail, le Maroc se place à un niveau inférieur par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE, mais cette donne est courante dans d’autres pays de la région à un revenu similaire. Alors que l’emploi informel est plus élevé que d’autres pays de la région MENA, peu importe le niveau de revenu. Même constat pour la participation des femmes au marché du travail qui demeure faible, malgré les progrès réalisés dans le niveau d’éducation des femmes à tous les niveaux.

Trop de mesures tue les mesures !
Pour les NEET, le taux de chômage élevé de cette catégorie reflète les difficultés rencontrées par de nombreux jeunes lors de la transition de l’école vers le monde du travail. À court terme, la politique la plus directe pour faciliter cette transition serait de renforcer les politiques actives du marché du travail et de les cibler spécifiquement sur les jeunes.

À moyen terme, réduire le chômage des jeunes nécessite d’améliorer le système scolaire afin de s’assurer que les jeunes acquièrent des compétences pertinentes. En somme, les politiques actives du marché du travail doivent être améliorées.

Certes, le gouvernement a longtemps déployé des efforts pour faire face au problème du chômage des jeunes et améliorer la vie des jeunes Marocains en adoptant différentes approches telles que la mise en place d’un programme de service militaire, mais une option alternative de service social pourrait constituer un complément utile. Cependant, ce programme doit être rigoureusement évalué pour s’assurer qu’il n’est maintenu que si les résultats à long terme sur le marché du travail s’améliorent.

Dans le même sillage, de nombreuses politiques actives du marché du travail ont été mises en œuvre, dont certaines sont axées sur les jeunes. Cependant, l’approche a été quelque peu fragmentée, avec un nombre excessif de mesures qui se chevauchent. Il serait utile de consolider ce grand nombre de mesures sur la base d’une évaluation systématique et approfondie de leur efficacité.

Pour rendre le processus de mise en relation entre les offres d’emploi et les demandeurs plus efficace, il serait judicieux de veiller à ce que davantage de chômeurs soient inscrits auprès de l’ANAPEC. Une façon d’y parvenir serait d’enregistrer automatiquement ceux qui obtiennent une couverture d’assurance maladie dans le cadre de la récente réforme sociale et qui sont en capacité de travailler.

De plus, les demandeurs d’emploi devraient être tenus d’accepter tout emploi pour lequel ils sont qualifiés afin de réduire les périodes de chômage excessivement longues.

Stimuler la formalisation
Cependant, il est possible d’améliorer les institutions marocaines du marché du travail et remédier aux faiblesses de longue date des politiques et des compétences afin d’obtenir de meilleurs résultats, en s’appuyant sur les réformes passées et en cours.

Ainsi, afin de réduire l’informalité, il s’avère crucial de réduire le coût d’entrée dans le secteur formel qui restent dissuasifs. Réduire les coûts de participation au secteur formel, en particulier pour les entreprises et les travailleurs à la limite de la formalité, peut être une option intéressante pour encourager la formalisation. Cela peut inclure une réduction de l’impôt sur les sociétés pour les PME, car des recherches ont montré que la réduction de la charge fiscale pour les petits entrepreneurs a un effet important sur les taux de formalisation.

De plus, les cotisations sociales obligatoires élevées, surtout pour les travailleurs à bas salaires, sont considérées comme un obstacle majeur à l’expansion de l’emploi formel. S’agissant de la réforme sociale, malgré la réforme, il existe un risque que les travailleurs restent dans l’économie informelle, que ce soit en termes d’emploi ou de déclaration de l’intégralité de leurs revenus, tout en cotisant et en étant couverts par l’assurance sociale. De plus, le score qui détermine l’éligibilité à l’aide en espèces pénalise les ménages couverts par la sécurité sociale, ce qui pourrait entraîner une perte marginale importante pour un ménage en cas de formalisation.

Cette caractéristique de la formule de calcul du score devrait être supprimée. Par ailleurs, le rapport de l’OCDE fait ressortir que le code du travail marocain exige des contrats écrits complexes, ce qui conduit une part importante des emplois à être gérés par des contrats oraux de courte durée ou sans aucun contrat de travail formel. Les autorités devraient envisager d’introduire un contrat écrit standard simplifié.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO

 


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