Maroc

Emploi. Un chantier titanesque

Au cours des deux dernières décennies, le Maroc a réalisé des progrès significatifs dans les principaux secteurs de l’économie nationale. Ces avancées majeures ont permis la création de centaines de milliers d’emplois. Mais les défis demeurent encore grands notamment en ce qui concerne l’emploi des jeunes. 

Les chiffres sont parlants. Le taux de chômage est passé de 11,8% à 12,4% pour le deuxième semestre de l’année en cours. Selon le Haut-commissariat au plan, dans une récente note rendue publique à l’occasion de la Journée de la jeunesse, le chômage des jeunes a augmenté de 2,9 points de pourcentage passant de 20,0% en 2000 à 22,9% en 2022, avec au passage un taux de chômage de 14,8% seulement en 2014.

Le chômage des jeunes touche davantage les citadins, les femmes et les diplômés. En effet, en 2022, près d’une femme active âgée de 15-34 ans sur trois (32,7%) est en situation de chômage contre 19,8% pour les hommes.

Selon le milieu de résidence, le taux de chômage des citadins s’élève à 29,9% contre 10,7% parmi les ruraux. Selon le diplôme, le taux de chômage des jeunes ayant un diplôme supérieur (40,3%) est près du double que celui des jeunes ayant un diplôme de niveau moyen (20,7%) et plus de cinq fois que celui des jeunes sans diplôme (7,9%).

Le HCP a également observé un autre phénomène à savoir qu’il y a une baisse continue des indicateurs d’activité et d’emploi des jeunes durant les deux dernières décennies et pas que pour les raisons qu’on pourrait attribuer à cette contre-performance.

Recul de la part des jeunes dans le marché de l’emploi

En effet, par rapport à l’insertion dans la vie active, la part des jeunes dans le marché de travail a régressé durant cette période, en raison notamment de leur forte rétention dans le système scolaire. En effet, le taux d’activité des jeunes âgés de 15-34 ans est passé de 53,5% en 2000 à 41,2% en 2022.

En ce qui concerne le taux d’emploi, il est passé de 42,8% à 31,8% durant la même période. Mais à côté de ces résultats peu reluisants, il y a une nette amélioration de l’emploi des jeunes durant les deux dernières décennies, nuance l’institution nationale en charge de la production statistique, de planification, de prospective, d’analyse et de prévision.

Si aujourd’hui, un jeune actif occupé sur quatre (24,7%) exerce un emploi formel, en 2000, 6,8% des jeunes actifs occupés âgés de 15 à 34 ans disposaient d’une assurance maladie liée à l’emploi, soit près du quart seulement du niveau observé en 2022. L’exercice d’un emploi formel est plus répandu parmi les jeunes femmes (38,2%) que chez les hommes (21,1%) et parmi les citadins (36,2%) que chez les ruraux (8,9%).

Aujourd’hui, tout le monde est conscient de la nécessité d’une meilleure insertion sur le marché de l’emploi de la jeunesse marocaine. Une jeunesse au potentiel immense, comme le rappelle souvent le Roi. « De fait, chaque fois que la jeunesse marocaine a eu les moyens de donner la pleine mesure de son sérieux et de son patriotisme, elle a fasciné le monde par des performances d’un calibre inédit, à l’instar de l’exploit accompli par la Sélection nationale à la dernière Coupe du monde de football », relevait le Roi Mohammed VI fin juillet, à l’occasion de la Fête du Trône.

Une préoccupation royale constante

En réalité, ce n’est pas la première fois que la jeunesse est au centre d’une prise de parole publique du Roi Mohammed VI. La jeunesse a toujours été au centre des préoccupations royales. Déjà en 2018, le Souverain insistait sur la nécessité d’accompagner les initiatives des jeunes visant l’auto-emploi et la création d’entreprises.

Aujourd’hui, plusieurs initiatives ont vu le jour pour la promotion de l’auto-entrepreneuriat des jeunes qui constitue un véritable levier stratégique du développement économique et de création d’emplois. De l’aveu du Conseil économique, social et environnemental (CESE), les différents programmes, mesures et initiatives qui ont tenté de cibler cette catégorie ont permis d’améliorer la situation de plusieurs jeunes marocains en leur ouvrant de nouvelles perspectives.

Toutefois, nuance l’institution constitutionnelle indépendante, ces programmes « demeurent, à l’épreuve, peu impactants et de faible portée ». Le CESE explique avoir relevé, entre 2016 et 2021, qu’en l’absence d’une politique spécifique ciblant la jeunesse, la juxtaposition de programmes insuffisamment adaptés n’a pas permis de répondre efficacement aux besoins et attentes différenciés de cette catégorie.

De surcroît, selon toujours la même source, les programmes à caractère transversal ne comportent pas d’indicateurs spécifiques permettant de mesurer leur impact sur la vie politique, économique, sociale et culturelle des jeunes.

Les recommandations du CESE

À ce propos, le CESE considère que le Maroc ne pourra pas atteindre le nouveau palier de développement escompté s’il n’œuvre pas à la qualification, la valorisation, et l’implication de sa jeunesse. L’institution prône ainsi l’adoption et la mise en œuvre d’une politique nationale publique destinée à la jeunesse intégrée, articulée, chiffrée et appuyée sur des outils de suivi/évaluation.

À cet égard, le Conseil recommande la déclinaison de la politique intégrée de la jeunesse en programmes sectoriels dotés des moyens nécessaires, adossés à des indicateurs pertinents et précis, régulièrement suivis et évalués. Il est également recommandé d’intégrer dans lesdits programmes les besoins et attentes des différentes catégories de jeunes (jeunes actifs occupés, étudiants, jeunes femmes au foyer, jeunes NEET, jeunes en situation de handicap, etc.), d’instituer, auprès du Chef du gouvernement, un organe de pilotage de haut niveau dédié aux jeunes, qui opérerait comme une plateforme de gouvernance stratégique, de concertation et de suivi/évaluation des programmes destinés à cette catégorie.

Selon le CESE, il est également crucial de renforcer la participation des jeunes dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques et programmes publics, notamment à travers les instances représentatives et les mécanismes de démocratie participative prévus par la Constitution et la législation en vigueur, ainsi que d’accélérer la mise en place du Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative en tant qu’organisme participatif et indépendant, en mesure de porter la voix des jeunes.


Sa Majesté le Roi Mohammed VI

«Le sérieux de la jeunesse marocaine s’exprime aussi dans les domaines nécessitant un génie créateur et un esprit novateur : deux atouts qu’elle possède en puissance dans diverses matières. Aussi longtemps que le sérieux est le moteur de nos actions, nous réussirons à renverser les difficultés et à relever les défis.»

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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