Maroc

Emploi : la productivité a bondi de 40% à Casablanca

Grâce au rapport de la Banque mondiale sur la première phase d’un programme d’études sur l’emploi, on a désormais une meilleure idée sur l’évolution de la productivité du travail dans le Royaume. Entre 2010 et 2020, c’est la hausse de ce ratio qui a, par exemple, entraîné la baisse de l’emploi dans l’agriculture. Sur la même période, la croissance de ce ratio a atteint 40% à Casablanca, contre 65% de hausse de l’emploi à Tanger avec peu d’effet sur la productivité. Les détails.

Le Maroc cherche à mettre en place un modèle de croissance économique basé sur l’emploi. Cela veut dire qu’il doit s’intéresser à pratiquement tous les facteurs liés à l’emploi, dont la productivité du travail. Anticipant sur ce besoin, la banque s’est donc intéressée à la question dans son rapport portant sur la première phase du programme d’études sur l’emploi qu’elle mène au profit du Royaume, parce que la productivité du travail est un vrai indicateur d’attractivité et de bonne santé économique.

En effet, si la productivité progresse correctement dans un pays, sa croissance va aussi augmenter. Et comme la hausse de la productivité provient du progrès technique, pour qu’elle augmente, il faut qu’il y ait des innovations. Les innovations conduisent donc à une hausse de la productivité, qui, elle, conduit à une progression des salaires.

Ainsi, les citoyens voient leur pouvoir d’achat s’améliorer, ce qui favorise l’augmentation de la demande. Et quand la demande augmente, l’offre augmente également. Il y a donc une hausse d’emplois. Plus généralement, les innovations conduisent au développement de nouveaux marchés, donc de nouveaux emplois se libèrent sur le marché du travail. On peut également mentionner l’effet de la tertiarisation, qui se caractérise par le passage de la population active, sur le très long terme, du secteur primaire au secteur secondaire, puis au secteur tertiaire.

On parle alors de redéploiement. Au Maroc, en observant le mouvement de redéploiement, la Banque mondiale a remarqué que le déclin de l’emploi agricole est corrélé à une forte augmentation de la productivité. Grâce au progrès technique, la productivité agricole par habitant a au moins doublé dans toutes les régions, à l’exception de Tanger-Tétouan et du Grand Casablanca. Malheureusement, le redéploiement de l’emploi agricole vers l’industrie n’a pas été une réussite.

Légère hausse de la productivité dans l’industrie
En effet, dans l’industrie, la productivité a légèrement progressé, tandis que la croissance de l’emploi a été différente selon les régions. Il est important de noter que l’augmentation substantielle de l’emploi de plus de 65% depuis 2000 à Tanger est liée à une croissance relativement modeste de la productivité, tandis que Casablanca, qui accueille le plus grand nombre de travailleurs industriels (400.000), n’a connu qu’une croissance minime de l’emploi industriel, mais une hausse de la productivité du secteur d’environ 40%.

Dans le bâtiment, l’emploi a augmenté de manière significative, mais la productivité a stagné, voire diminué, dans la plupart des régions. En raison de la demande croissante de services d’hébergement (hôtels, centres de villégiature, centres commerciaux, logements pour touristes et travailleurs), l’emploi à Marrakech a connu une explosion de plus de 160% au cours des deux dernières décennies, alors que la croissance de la productivité est restée légèrement négative. Dans l’ensemble, le secteur du bâtiment au Maroc semble être à forte intensité de main-d’œuvre, l’emploi augmentant, mais la productivité n’enregistrant que des hausses limitées. Dans le secteur des services, l’emploi et la productivité se sont tous deux accrus au cours de la dernière décennie, Marrakech ayant connu la croissance la plus rapide en termes d’emploi dans le secteur des services, et Rabat-Salé-Kénitra ayant connu la plus forte croissance de la productivité.

Rabat: des services à haute valeur ajoutée en locomotive
Par région, à Casablanca, l’industrie manufacturière est devenue à forte intensité de capital tandis que les services se sont surtout développés dans des activités à forte intensité de main-d’œuvre, mais à faible valeur ajoutée. Au lendemain de la crise financière de 2008, le secteur manufacturier a perdu environ 50.000 emplois, ce qui a été associé à une hausse de la productivité du travail. En effet, après avoir soustrait la réduction de l’emploi et les transferts intersectoriels, la variation de la production par travailleur représente 83% de la croissance totale de la valeur ajoutée. À Tanger, la productivité montre une contribution plus équilibrée de chaque secteur. La croissance a été plus soutenue qu’à Casablanca, avec 14% pour Tanger contre 6% pour Casablanca, l’industrie manufacturière et les services ayant contribué pour environ 30%.

De même, l’industrie manufacturière a augmenté sur le plan de la production par travailleur et de taille. Partie d’un niveau bien inférieur à celui de Casablanca, la croissance de Tanger a été principalement tirée par le secteur manufacturier et par l’augmentation des emplois dans le secteur des services, accompagnée d’une modeste augmentation de la productivité. À Rabat, le secteur économique s’articule autour des services à haute valeur ajoutée et de l’administration publique. La croissance impressionnante enregistrée par cette région au cours de la dernière décennie s’explique presque entièrement par les performances de ces deux secteurs. La croissance du secteur public représente 42% de la croissance régionale totale, qui a dû être obtenue par une augmentation de la production par travailleur puisque l’emploi dans le secteur public a diminué.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO


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