Électromobilité : l’ONEE prépare le terrain
En vue de la transformation vers la mobilité électrique, l’ONEE réfléchit à la mise en place d’un plan directeur national dédié. Un chantier minutieux sera incessamment lancé par l’office. Indiscrétions.
Le balisage est installé pour le déploiement d’un plan directeur national pour la mobilité électrique. Le sujet figure parmi les dossiers en cours de préparation au sein de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE). Une étude dans ce sens devrait même être commanditée en externe par l’office, pour élaborer cette feuille de route. Et il ne s’agira pas de tâtonner.
Selon les exigences de l’ONEE, l’étude prendra près d’une année avant d’être bouclée, apprend-on. Notons qu’il s’agit de prendre en compte tous les acteurs concernés par la mobilité. L’idée est de tracer des mesures, établies sur des moyens concrets, permettant de réaliser les objectifs stratégiques du pays en matière de mobilité électrique. Seront notamment évoqués, dans le cadre de ce projet, le volet réglementaire lié à la tarification, la commercialisation, les normes, l’état des lieux des fonds et des financements dédiés, mais aussi le pan couvrant les mesures incitatives et les subventions. Indéniablement, le décollage du marché de l’électromobilité, de par le monde, a été conditionné par les efforts publics pour la promotion de ce concept, mais aussi la qualité de l’infrastructure, et bien d’autres critères. Il est par ailleurs important de relever que pour réaliser un plan directeur pour la mobilité électrique, il faudra inévitablement quantifier la demande additionnelle en matière d’énergie électrique induite par l’introduction des véhicules électriques.
En effet, devant la montée en gamme de ce segment de moyens de transport, l’ONEE se doit de garantir efficacement l’équilibre entre l’offre et la demande du système électrique. L’enjeu est également de pouvoir d’ores et déjà prévoir les adaptations qui s’imposeront, à terme, en matière de développement des capacités de production et des réseaux électriques, afin de satisfaire in fine la demande nationale. L’ONEE entend bien faire en sorte que cette équation prenne en compte à la fois le coût, la fiabilité et la qualité de service. Notons que le benchmark peut s’avérer édifiant à ce titre, d’autres pays à l’image de la France, ayant une bonne longueur d’avance sur le Maroc en ce qui concerne la mobilité électrique. Toutefois, la mise en place du plan directeur envisagé appellera l’entrée en jeu d’autres institutions. La feuille de route de l’électromobilité a, en effet, la particularité d’être transversale et à portée nationale. Il restera d’ailleurs à conceptualiser la gouvernance de ce dossier, pour synchroniser les efforts des différentes parties prenantes et guider de manière fluide la mue vers la mobilité électrique.
Tout un mécanisme !
L’impact de l’intégration des véhicules électriques au Maroc est l’autre aspect crucial à étudier pour préparer la feuille de route de l’électromobilité. La première question à résoudre sera, en effet, celle des éventuels impacts de l’introduction de la recharge de ces véhicules sur la charge nationale et sur la capacité du réseau de transport et de distribution électrique. Plusieurs scenarii référence seront étudiés dans ce cadre, apprend-on. L’autre volet important, concerne l’aspect environnemental, dans la mesure où l’apport des véhicules électriques en matière d’assainissement de l’air est déjà prouvé. Néanmoins, plus de 20% de la production électrique nationale provient des énergies renouvelables. Or, quand ces véhicules électriques sont alimentés en énergie électrique d’origine fossile, ils engendrent de la pollution provenant des émissions de la centrale d’énergie conventionnelle. C’est pourquoi, au sein de l’ONEE, l’on insiste sur le fait que la conversion d’une flotte thermique en flotte électrique n’est efficace, d’un point de vue environnemental, que si les véhicules en question sont alimentés par des sources d’énergie d’origine renouvelable. Autre point clé, celui de l’infrastructure énergétique. L’orientation vers la mobilité électrique supposera en effet certainement de penser à des modèles commerciaux de gestion et de développement des points de recharge. Citons également le point relatif aux mécanismes de financement, et pour le secteur public et pour le secteur privé, qui devra être élucidé.
Sami Nemli / Les Inspirations Éco