Maroc

El Othmani reçoit les chefs du RNI et de l’USFP cette semaine

Ce sera probablement jeudi prochain que Saâd-Eddine El Othmani recevra chez lui Akhannouch et Lachgar pour débloquer la situation. Benkirane continue d’impacter la cohésion gouvernementale même en dehors des cercles de pouvoir.

Abdelilah Benkirane serait-il en train d’affaiblir son successeur à la tête du parti et du gouvernement sans le vouloir ? L’ex-chef de gouvernement n’a pas ménagé deux grands calibres au sein de la majorité gouvernementale lors de son speech au sixième Congrès de la Chabiba du PJD, le 3 février. Au moment où son camarade et actuel chef de l’Exécutif essaie de cimenter sa nouvelle équipe, ce genre de sortie anachronique, car l’on n’en voit pas l’opportunité ni le mobile, joue en sa défaveur. Résultat : les ministres RNI et USFP, à l’exception de quelques secrétaires d’État, auraient boycotté le précédent Conseil de gouvernement. Idem pour le dernier déplacement des membres du gouvernement dans l’Oriental pour désamorcer la poudrière de Jerada. Un boycott qui arrive dans un contexte des plus difficiles pour l’équipe El Othmani. Cette quatrième rencontre régionale, dédiée aux programmes de développement de l’Oriental, ne tolère aucun désistement encore moins un chassé-croisé au sein même du gouvernement.

Rappelons que parmi les 40 projets retenus pour sortir la région de son marasme, l’agriculture s’avère une alternative de premier plan aux activités traditionnelles aux côtés des nouvelles opportunités minières ayant fait l’objet d’une étude. Pour recoller les morceaux, l’on apprend de source sûre que Saâd-Eddine El Othmani invitera les chefs des deux partis (RNI, USFP) chez lui, probablement jeudi prochain. Une rencontre qui devra clarifier la position du PJD en tant que parti par rapports à la sortie tonitruante de Benkirane.

Ce sera aussi une occasion pour El Othmani d’affirmer sa position politique en tant que secrétaire général du PJD et l’homme qui tient désormais le gouvernail. Certes, il est difficile pour lui de se démarquer face à une bête politique de la trempe de Benkirane, mais il peut faire valoir son rang pour faire avancer la caravane. S’ajoute à cela le fait que les ministres RNI et USFP n’en exigent pas moins d’excuses officielles de la part du parti au pouvoir. Mais il y a un autre aspect de cette affaire qui prend l’enveloppe d’une crise. Comment des diatribes, certes condamnables, prononcés par un homme politique dans un contexte partisan peuvent-elles avoir un tel impact sur la cohésion gouvernementale ? Benkirane qui n’avait jamais avalé la pilule de l’entrée de l’USFP au gouvernement n’a fait que ressasser ce qu’il a déjà exprimé lorsqu’il était chef de l’Exécutif. Quant à ses insinuations au ministre de l’Agriculture à propos du «danger pour l’État de la collusion entre l’argent et le pouvoir», elles trouvent leur contre-exemple lorsque le même homme ne tarissait pas d’éloges sur Aziz Akhannouch. N’empêche qu’il continue de peser sur les événements même en dehors des cercles du pouvoir. Il faut ajouter que Benkirane n’a pas encore jeté l’éponge. Le fait qu’il ait refusé l’hommage que les jeunes du parti voulaient lui témoigner est la preuve que l’homme ne veut pas prendre sa retraite. Il l’a d’ailleurs explicitement annoncé au début de son intervention au Congrès de la jeunesse: «Si les Marocains veulent que je revienne, je le ferai». C’est en quelque sorte une campagne avant l’heure qu’il fait auprès des jeunes PJDistes pour les législatives de 2021. Dans ce magma, El Othmani se trouve entre le marteau du respect, qu’il doit montrer pour son prédécesseur, et l’enclume de ses engagements gouvernementaux. C’est peut-être le vrai premier examen de la capacité d’El Othmani en tant qu’homme de consensus de trouver une issue à cette crise qui prend insidieusement place au sein de sa majorité. 



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