Efficacité énergétique : accélération du transfert de compétences!
À l’heure où la sobriété énergétique devient plus que jamais un facteur de compétitivité pour les industriels, le département de Leila Benali accélère la cadence de promotion et d’incitation à l’efficacité énergétique comme levier-clé pour hâter la transition énergétique du pays. Zoom sur le projet AEEIM.
Après avoir publié, en 2020, la Stratégie nationale de l’efficacité énergétique (SNEE), qui fixe un objectif global d’économie d’énergie de 20% à l’horizon 2030, le Maroc veut accélérer la cadence d’implémentation des mesures d’efficacité énergétique dans son tissu industriel.
Pour ce faire, le financement du projet «Accélérateur de l’efficacité énergétique dans l’industrie au Maroc» (AEEIM) par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement (BMZ) est le bienvenu pour amorcer la décarbonation industrielle en adoptant les approches d’efficacité énergétique dans l’industrie.
C’est dans ce contexte que pas moins de 45 entreprises industrielles vont être formées, les jours qui viennent, à la mise en place d’un Système de management de l’énergie (EnMS) selon la norme ISO 50001. Soulignons qu’une édition similaire a été organisée en 2019. Après leur sélection, les opérateurs vont être formés à l’optimisation énergétique de leurs systèmes motorisés électriques (MSO) et de leurs systèmes thermiques de production de vapeur (SSO). Mieux, le tissu productif va être accompagné dans l’adoption des mesures d’efficacité énergétique à faible coût, à travers, notamment, la mise en place d’un système de suivi des indicateurs de performance énergétique.
Dans la même dynamique, jusqu’à 150 prestataires de services en efficacité énergétique vont être formés (consultants, praticiens, techniciens, fournisseurs et prestataires de services énergétiques) sur des thématiques-clés de l’efficacité énergétique dans l’industrie. Autant d’objectifs ambitieux qui vont être mis en œuvre à travers le projet d’appui à l’efficacité énergétique dénommé «Accélérateur de l’efficacité énergétique dans l’industrie au Maroc (AEEIM)», porté par l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE) et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Mais pas que : le projet va produire au moins 45 études de cas mettant en évidence le retour d’expérience, les économies réalisées, les coûts et les avantages de la mise en œuvre de projets d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables par les industriels au Maroc. Et enfin, assurer le transfert de connaissances aux institutions nationales de formation à travers l’intégration des éléments clefs de ce projet dans leurs programmes et cursus de formation. Il faut dire que, depuis 2009, le Maroc a entamé sa transition énergétique, basée essentiellement sur la montée en puissance des énergies renouvelables, ainsi que sur le développement de l’efficacité énergétique comme pilier important de la stratégie énergétique nationale.
À cet effet, pour accélérer la mise en œuvre des mesures relatives à l’efficacité énergétique, le ministère de la Transition énergétique et du développement durable (MTEDD) poursuit ses efforts de promotion et d’incitation à l’efficacité énergétique dans les différents secteurs énergivores. Ainsi, le MTEDD, à travers le Projet d’appui à l’efficacité énergétique au Maroc (PEEM) et en partenariat avec le ministère de l’Industrie et du commerce (MIC), appuie le projet «Accélérateur de l’efficacité énergétique dans l’industrie au Maroc» (AEEIM). Dans ce cadre, les entreprises industrielles et les prestataires de services intéressés sont invités à participer à ce programme et à manifester leur intérêt au plus tard le 29 janvier 2023 prochain.
Des milliards de dirhams d’économie d’importation de combustibles fossiles en ligne de mire
Le projet AEEIM vise l’adoption des technologies à faible émission de carbone et des meilleures pratiques d’efficacité énergétique dans le secteur industriel marocain, dans l’objectif de contribuer à la réduction de la dépendance énergétique du Maroc aux importations des combustibles fossiles. Il faut dire que les enjeux sont colossaux.
Selon les dernières statistiques de l’Office des changes, la facture énergétique du Royaume a plus que doublé se situant à 141,550 milliards de dirhams (MMDH) à fin novembre 2022.
Cette évolution est tributaire de l’accroissement des achats de l’ensemble des produits énergétiques, essentiellement, ceux du gas-oil et fuel-oil (+38,369 MMDH) portés par la hausse des prix qui ont plus que doublé (10.311DH/T contre 5.093DH/T), et dans une moindre mesure par celle des quantités (+9,6%). Ainsi, le projet AEEIM s’appuie sur plus de trois décennies d’expertise et des expériences uniques dans le domaine du développement industriel, mises en place par l’ONUDI.
35% de places réservées aux femmes
Comme indiqué plus haut, les prestataires de services auxquels fait référence ce projet sont les consultants en énergie, les fournisseurs des produits et solutions énergétiques, praticiens, certificateurs, BET et indépendants dans le secteur de l’industrie.
Dans le cadre d’une approche genre visant à valoriser la participation des femmes, 35% des places disponibles leur seront réservées. Contacté par «Les Inspirations Éco», une source chez l’AMEE, qui jouera un rôle stratégique dans la bonne tenue de ce projet, détaille les conditions d’admission à la formation de mise en place de Système de management de l’énergie (EnMS) : «il faut avoir un diplôme de niveau bac plus 5, avoir 5 ans d’expérience dans le secteur lié à la thématique de la formation, avoir déjà réalisé au moins un diagnostic ou audit énergétique pendant les trois dernières années (attestation de référence à l’appui). Les candidats ayant participé à l’édition de l’AEEIM de 2019 ne sont pas éligibles à cette formation».
Par ailleurs, pour les candidats, faire partie d’un BET agréé pour l’Audit énergétique obligatoire selon le décret 2.17.746 (déclaration de CNSS à l’appui) est un atout. Et bien évidemment, il est préférable d’avoir des notions de base sur les systèmes de management de l’énergie.
Pour ce qui est des formations en optimisation énergétique des systèmes motorisés électriques (MSO) et des systèmes thermiques de production de vapeur (SSO), les candidats devront avoir au moins un diplôme de niveau Bac+2 (ou équivalent), et avoir deux ans d’expérience dans le secteur lié aux thématiques de la formation. Pour les indépendants, il faudra avoir un statut juridique valide.
Secteur industriel : atteindre 22% d’économie d’énergie d’ici 2030
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO