Echanges mondiaux : comment l’économie marocaine peut rebondir
L’économie marocaine peut rebondir en tirant profit de la recomposition de la carte mondiale des échanges. C’est ce qu’a laissé entendre Moulay Hafid Elalamy lors de son dernier passage à la chambre des représentants. Le ministre affiche son optimisme : le royaume peut bénéficier de la volonté des partenaires étrangers de diversifier leur partenariat international.
Le Maroc est appelé à transformer les défis posés par le Covid-19 en opportunités. Le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy a affiché, encore une fois, son optimisme devant les députés qui l’ont interpellé, lundi dernier en séance hebdomadaire des questions orales. Il estime que l’économie marocaine sera touchée par les aléas de la pandémie à l’instar de tous les pays du monde, mais ces derniers mois ont démontré que plusieurs occasions s’offraient au Maroc.
A cause de la crise déclenchée par le coronavirus, nombre de pays entendent diversifier leurs partenariats pour ne pas dépendre de la Chine. À ce titre, le Maroc peut bien se positionner sur plusieurs segments et proposer une offre concurrentielle, selon le responsable gouvernemental, d’autant plus que le Smig en Chine est passé de 100 dollars à 700 dollars. Et l’on s’attend à ce qu’il atteigne 1500 dollars, a-t-il tenu à préciser. Le coût de la main d’œuvre constitue un atout important pour le développement de la compétitivité du Maroc. Toutefois cet avantage, à lui seul, n’est pas suffisant pour grignoter des parts de marché à la Chine. De grands efforts restent à déployer pour atteindre les objectifs escomptés. Le ministre a cité, entre autres, la taxe carbone que l’Europe compte mettre en place. C’est un atout concurrentiel de taille pour le Maroc qui mise sur les énergies renouvelables depuis des années. Rappelons à cet égard que plusieurs secteurs sont retenus par le plan d’investissement vert du Maroc pour permettre la transition vers une croissance verte et promouvoir l’emploi. Le royaume entend se positionner comme une alternative compétitive pour les partenaires internationaux. Rien ne sera laissé au hasard.
Depuis quelques mois, une équipe du ministère de Moulay Hafid Elalamy se penche sur le dossier de l’après-crise. Ce qui est certain, c’est que le Maroc est sur les bons rails, selon le ministre de l’Industrie. À titre d’exemple, au niveau de l’industrie automobile, de grands efforts sont déployés pour que notre pays soit plus compétitif que la Chine et l’Inde qui le devancent. Soulignons à cet égard que l’automobile est, depuis quatre ans, le premier secteur exportateur du Maroc. Le royaume table sur un chiffre d’affaires à l’export de l’ordre de 100 milliards de DH dès 2021. Au niveau du textile, l’avenir semble prometteur après de longues années marquées par d’énormes difficultés. Aujourd’hui, le secteur,- dont de nombreuses entreprises se sont lancées dans la fabrication de masques médicaux pour répondre aux besoins nationaux-, a une bonne visibilité au niveau des carnets de commande.
Par ailleurs, le Maroc a une très bonne carte à jouer avec la dimension africaine, comme le souligne aux Inspirations ÉCO Marie Alexandra Veilleux-Laborie, directrice de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) au Maroc. La perturbation des flux commerciaux et des chaines de valeurs va certainement mener à une recomposition de la carte mondiale des échanges au profit et au détriment des uns et des autres. À ce titre, Marie Alexandra Veilleux-Laborie estime que le Maroc parait très bien placé pour tirer avantage de cette nouvelle recomposition.
Dans ce contexte, le continent africain regorge de potentialités ; et le Maroc peut compter davantage sur le développement du partenariat Sud-Sud qui peut être bénéfique pour toutes les parties. D’ailleurs, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) appelle à saisir les opportunités de partenariat intra-africain pour pouvoir rebondir. La CEA estime que « cette crise pourrait être une opportunité pour le continent de tirer parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA)».Selon cet organisme, le marché intra-africain pourrait contribuer à atténuer certains des effets négatifs du Covid-19 en limitant la dépendance vis-à-vis des partenaires extérieurs, en particulier dans le domaine des produits pharmaceutiques et des denrées alimentaires de base. La commission économique pour l’Afrique insiste sur l’urgence de la mise en œuvre de la ZLECA en exhortant les pays africains qui exportent des médicaments à donner la priorité à la vente sur le marché continental. Si les recommandations de la CEA venaient à être mises en œuvre, cela représenterait une aubaine pour le Maroc qui vise à développer son industrie dont l’industrie pharmaceutique. Le royaume pourrait aussi s’atteler au développement du partenariat tripartite orienté vers l’Afrique.
Dans ce cadre, la Chine ne peut être appréhendée uniquement sous l’angle de la concurrence, mais eldoit aussi être considérée comme un partenaire clé. La Chine est en effet déjà le premier partenaire économique de l’Afrique. Et dans le cadre du partenariat tripartite, le Maroc a des atouts considérables à exploiter (une connaissance solide du continent, un positionnement géographique privilégié, une sécurité financière reconnue…).
Un partenariat diversifié
Le Maroc a tissé au fil des dernières années des liens de coopération tant avec les pays avancés que les pays émergents et en développement. Cela lui offre des opportunités importantes pour diversifier ses débouchés extérieurs. La position privilégiée de l’Europe dans le partenariat du Maroc apparait au niveau des échanges économiques et aussi de l’importance des transferts des MRE. En matière de coopération financière, le Maroc figure en tête des pays bénéficiaires de l’aide financière de l’UE dans la région MENA. Au niveau du continent africain, on note une augmentation régulière des échanges commerciaux entre les deux parties. Le Maroc pourra, ainsi, tirer profit de la diversification de ses partenariats pour mieux se positionner sur le marché international après la crise du Covid-19.
Jihane Gattioui
Les Inspirations ÉCO