Doukkala : les pluies ravivent l’espoir d’une bonne campagne betteravière

Longtemps éprouvée par le manque d’eau, la région de Doukkala voit enfin poindre des signes encourageants. Grâce aux précipitations abondantes enregistrées en février et mars, la filière de la betterave sucrière entrevoit une campagne prometteuse. Une embellie qui s’accompagne d’un soutien accru des autorités agricoles et d’un regain d’engagement des producteurs, déterminés à relancer une culture stratégique pour l’économie locale.
Après plusieurs campagnes difficiles marquées par un déficit hydrique persistant, la région de Doukkala, et plus particulièrement la province de Sidi Bennour, retrouve un certain optimisme. Les récentes précipitations enregistrées en février et mars derniers ont été accueillies comme une véritable bouffée d’oxygène par les agriculteurs.
Dans ce territoire historiquement tourné vers la culture de la betterave sucrière, les conditions climatiques ont enfin offert une perspective favorable pour l’actuelle campagne agricole. Ahmed Aamajou, ingénieur à l’Office régional de mise en valeur agricole de Doukkala (ORMVAD), souligne que ces pluies arrivent après une succession d’années de sécheresse ayant perturbé l’irrigation dans la zone Doukkala-Abda.
Grâce à cette amélioration, la commission technique régionale, réunissant l’ORMVAD, l’association des producteurs de betterave et l’usine sucrière, a pu adapter sa stratégie. L’objectif est de relancer la dynamique de la filière sucrière en rehaussant la superficie plantée et en bonifiant les incitations.
Une dynamique relancée et des incitations renforcées
Ainsi, la superficie consacrée à la culture betteravière a été portée à 8.425 hectares pour la campagne en cours, contre 6.600 hectares précédemment, soit une progression de 28 %. Par ailleurs, le prix d’achat de la tonne de betterave a été revalorisé de 80 dirhams, atteignant désormais 630 dirhams.
Ces mesures traduisent une volonté de consolider l’attractivité de cette culture, qui joue un rôle stratégique pour les revenus des exploitants locaux. Abdelkader Kandil, président de la Fédération nationale des associations des producteurs de plantes sucrières et de l’Association des producteurs de betterave de Doukkala-Abda, confirme l’élan positif.
Selon lui, la combinaison entre les pluies bienfaitrices et les incitations économiques laisse entrevoir une bonne récolte. Mieux encore, les perspectives sont prometteuses : une programmation de 15.000 hectares est déjà envisagée pour la prochaine campagne.
Un enjeu socio-économique majeur pour la région
Au-delà de la récolte, la culture de la betterave sucrière s’impose comme un pilier du développement régional. Elle permet non seulement d’assurer un revenu stable aux agriculteurs, mais aussi de fournir des feuilles fourragères précieuses pour l’alimentation animale.
Des agriculteurs comme Youssef El Baghli, de la commune de Lgharbia, témoignent d’un regain d’enthousiasme, saluant l’impact direct des récentes pluies sur leurs terres. Selon l’ORMVAD, l’ensemble des surfaces plantées en betterave repose sur l’irrigation à partir des puits.
Dans ce contexte, les 166 mm de précipitations enregistrées cette saison – en hausse de 7 % par rapport à la précédente – apportent un répit bienvenu. Les mois de février et mars concentrent à eux seuls 70 % de cette pluviométrie, ce qui souligne leur rôle décisif.
En tant que bassin sucrier de premier plan, Doukkala confirme cette année encore son potentiel. Si la météo se maintient, la campagne betteravière 2024-2025 pourrait bien marquer un tournant dans la redynamisation de la filière et la résilience de l’agriculture irriguée dans la région.
S.N. avec Agences / Les Inspirations ÉCO