Quel avenir pour les “Masters-covid ?”
Comme chaque année, la problématique du choix de la meilleure université se pose aux étudiants désireux d’entreprendre des études supérieures : quel diplôme, pour quels débouchés ? Questions lancinantes qui se posent avec acuité, à la veille de la rentrée universitaire 2021-2022, alors que la situation du marché du travail, grandement affecté par la Covid-19, ne cesse de se dégrader.
La rentrée universitaire, initialement prévue pour le 13 septembre, aura finalement lieu le 1er octobre. Un report imputable à la crise sanitaire qui se poursuit et à la difficulté de prédire l’évolution d’une pandémie caractérisée par l’apparition et la propagation de nouveaux variants de la Covid-19, plus contagieux et touchant toutes les catégories d’âges. Le ministère de tutelle invoque, par ailleurs, la forte disparité de la situation épidémiologique prévalant entre les différentes régions du royaume, pour justifier ce report visant à garantir une rentrée universitaire en toute sécurité. Pour ce faire, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique entend mettre en place un protocole sanitaire relatif aux mesures de prévention de la Covid-19 tenant compte des particularités régionales. À cela s’ajoute la campagne de sensibilisation des étudiants à l’importance de la vaccination et la multiplication des centres de vaccination en vue d’atteindre l’immunité collective en milieu universitaire.
L’actualité de la prochaine rentrée réside, également, dans le lancement du système bachelor. Déployée selon une approche progressive, cette formule, qui sera lancée avec une cinquantaine de filières, devrait être généralisée dès la rentrée 2022-2023. Il est à noter qu’un certain nombre de parcours ont déjà été accrédités, dans le cadre de ce système, dès 2021-2022. Ce qui porte le nombre total de filières du bachelor accréditées à 93, dans les établissements d’enseignement supérieur public, et à 69, dans ceux relevant du privé. Fruit d’un benchmark du système pédagogique anglo-saxon, lequel propose un univers plus inductif, axé sur la pédagogie numérique, la formation des formateurs, les langues étrangères et les soft skills, le nouveau concept vise, en premier lieu, à améliorer le rendement de l’université, en augmentant le taux de diplomation. Quand on sait qu’avec le système licence-master-doctorat (LMD), la moitié des inscrits (47,2%) quitte le navire sans le moindre diplôme, et que 16,5% des étudiants abandonnent dès la première année de licence, le passage du système modulaire à celui de crédits est considéré comme une grande avancée. Finie la longue durée moyenne de 4,5 à 5 ans pour l’obtention de la licence. Ceci représente un gain financier important puisque l’allongement de la durée, dû au redoublement et à l’interruption temporaire des études, coûte annuellement 3,7 MMDH aux universités, notamment en matière de frais de gestion. Comme tous les ans, la rentrée universitaire soulève beaucoup de questionnements. Les étudiants, désireux d’entreprendre des études de master, d’ingéniorat et de doctorat, se posent la lancinante question du choix de la meilleure université : quel diplôme et quels débouchés ? Et ce, dans un contexte où l’embauche reste frileuse à cause de la Covid-19. Une triste réalité qui pousse de nombreux étudiants vers un Bac+5. En effet, dans ce contexte de ralentissement brutal de l’économie, le bac+4 ne suffit plus. De plus en plus d’entreprises hésitent à recruter, et lorsqu’elles le font, elles doivent d’abord s’assurer de la qualité professionnelle des candidats. Un master, gage d’une spécialisation, de l’approfondissement d’un certain nombre de compétences et de l’acquisition d’une expertise avérée est un atout considérable. Diplôme complet, qui prépare les étudiants à approfondir leurs connaissances dans un domaine spécifique, et à bien entamer une carrière, le Bac+5 offre de réelles opportunités professionnelles. En effet, sur un marché national et mondial hautement concurrentiel, un master permet de se démarquer des autres candidats à l’emploi. Il faut noter que le nombre de professions qui requièrent un Bac+5 a considérablement augmenté, ces dernières années. De nombreux domaines, tels que l’administration de l’enseignement supérieur, les affaires publiques et les services sociaux, voire le digital, exigent un niveau de compétence approfondi. S’il existe peu de données à ce sujet, un Bac+5 offre, sans aucun doute, plus de sécurité d’emploi et une rémunération plus avantageuse. C’est encore plus vrai dans ce contexte de crise. Si un master peut coûter cher, il n’en demeure pas moins un excellent investissement.
En effet, le salaire annuel moyen des titulaires d’un master est, évidemment, supérieur à celui des détenteurs d’un bac-4. En plus d’une meilleure rémunération, un master en poche vous donne la possibilité de tisser un bon réseau car, dans le cadre de vos études, vous êtes en contact direct avec des personnes différentes du monde des affaires et de la recherche, de membres du corps professoral, de conférenciers invités, d’experts en affaires, pour ne citer que ceux-là. Dans le cas où vous auriez déjà un emploi, une meilleure maîtrise de votre domaine donnera un véritable coup de pouce à votre carrière. Et quoi de mieux qu’un Bac+5 pour vous aider à postuler à des postes avancés, à prétendre à une augmentation de salaire et à faire de vous un atout précieux pour votre entreprise ? Néanmoins, le master ou plus globalement le diplôme, ne garantit pas forcément l’obtention d’un emploi ou une évolution professionnelle.
D’ailleurs, une étude du Haut commissariat au plan, publiée en février 2020, montrait que les diplômés, particulièrement ceux des facultés, sont les plus touchés par le chômage au Maroc (23,6%). Sont concernés aussi les techniciens et cadres moyens (23,9%) et les titulaires de certificats en spécialisation professionnelle (20,9%). Résultat, l’enjeu principal pour toutes les universités est, aujourd’hui, d’offrir les diplômes les plus sollicités sur le marché du travail, d’où une rude concurrence entre les établissements concernés, qui rivalisent d’offres innovantes pour séduire des étudiants de plus en plus exigeants en termes de qualité et de prix. Quelles nouveautés pour les étudiants du Maroc, pour cette rentrée universitaire 2021-2022 ? La bataille du Bac+5 aura-t-elle lieu? Réponses dans ce dossier spécial enseignement.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO Docs