Maroc

Diesel russe : les experts réfutent les soupçons de fraude

Les produits pétroliers russes continuent d’être scrutés de très près. Après l’embargo imposé à la Russie, il se murmure que des importateurs marocains saisissent cette opportunité en achetant du carburant russe moins cher et le commercialisent en modifiant son origine. Des allégations erronées, selon des experts. 

La rumeur sur le diesel russe, acheté à prix cassé par le Maroc, s’est propagée telle une traînée de poudre. Depuis qu’un député du parti de l’opposition, l’USFP, a clairement posé la question au ministère de l’Économie et des finances concernant les mesures de contrôle des importations, notamment pour les produits pétroliers, la nouvelle a défrayé la chronique.

L’accent a été mis, à cet égard, sur les bénéfices engrangés par les importateurs qui commercialiseraient ce diesel comme s’il provenait des pays du Golfe ou des États-Unis. Cette «information», relayée dans tous les médias, a suscité la réaction des professionnels du secteur. Ainsi, Mostafa Labrak, expert pétrolier, réfute ces allégations. «Ces données sont complètement erronées.

Actuellement, le prix du gasoil sur le marché international se traite autour de 820 dollars par tonne et quand il est proposé à partir de la Russie, les remises peuvent aller jusqu’à 30 ou 40 $/tonne. Une moyenne de 780 $/tonne», renseigne-t-il. Et d’ajouter que le fret depuis la Russie est extrêmement cher car les armateurs refusent de charger dans les zones de guerre. Même les assureurs ont relevé leurs tarifs compte tenu des risques accrus dans cette zone de conflit.

De plus, le département du Trésor américain vient de publier une circulaire à l’intention des pays du G7 et de l’Union Européenne, laquelle fixe un seuil pour les achats des produits pétroliers, soit 60 $ le baril à l’état brut et 750 $/tonne pour les produits raffinés en provenance de Russie. L’expert pétrolier insiste sur le fait que les importations russes ne sont pas interdites mais les Etats-Unis, s’ils ont fixé ce seuil, restent intéressés à ce que les volumes continuent à être vendus à partir de la Russie. Et ce, pour éviter une augmentation trop forte des prix sur le marché international du fait d’un déficit d’offre occasionné par ces sanctions.

Toutefois, le Maroc qui reste neutre par rapport à ce conflit, n’impose aucun embargo. Labrak explique qu’en revanche, les banques marocaines, qui ont des correspondants essentiellement européens, ont beaucoup de mal à procéder à l’ouverture de lettres de crédit ou à payer les approvisionnements à partir de la Russie, compte tenu des restrictions européennes.

Par ailleurs, les médias américains, notamment le Wall street journal, a apporté un éclairage sur les régions qui ont pu bénéficier de cet embargo depuis son entrée en vigueur le 5 février dernier. Et il s’avère que les pays de l’Afrique du nord s’arrachent le diesel russe et d’autres produits pétroliers. Ce qui suscite la crainte de l’Europe et des USA que l’embargo soit contourné. Toujours selon le média américain, des analystes soupçonnent que certaines cargaisons russes soient réexportées vers l’Europe. Quant au Maroc, il n’est pas écarté de la liste des pays objet de soupçons. Néanmoins, d’autres craintes se manifestent à l’échelle internationale, car la presse financière a précisé que la Russie réduira sa production de 25%, dès le mois de mars, dans l’objectif de faire grimper les cours de son pétrole.

Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO


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