Maroc

25 ans de règne. Dessalement de l’eau de mer : le Maroc peaufine sa capacité de production

Face aux effets accélérés du changement climatique et à la nécessité de sécuriser l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation, le Maroc a opté pour une politique de dessalement ambitieuse, telle que prônée par le Roi Mohammed VI. L’ambition affichée par le Royaume est de mobiliser 1,3 milliard de m3/an d’ici 2030. Plusieurs projets de grande envergure en mode PPP sont actuellement déjà opérationnels alors que d’autres sont en cours de lancement.

Ce n’est un secret pour personne :  le Maroc est un pays aride en termes de ressources disponibles renouvelables. Le ratio des ressources en eau par habitant et par année est actuellement de 606 m3/hab/an, une dotation inférieure à 1.000 m3/hab/an, reconnue comme seuil du stress hydrique. En remontant le temps, ladite dotation est passée de 2.560 m3/hab/an en 1960 à 731 en 2005 pour se situer à 645 en 2015 et 606 actuellement.

Compte tenu de cette évolution, force est de constater que la sécurisation des ressources hydriques demeure un défi qui a toujours imposé au Royaume une gouvernance rigoureuse face à une situation hydrique difficile en raison de la pression qu’exercent actuellement les effets accélérés des changements climatiques, notamment la hausse vertigineuse du thermomètre, la succession des années de sécheresse, l’absence de précipitations, un déficit chronique des retenues des barrages et une baisse du niveau des nappes phréatiques.

Dans ce sens, si la réponse au changement climatique passe par l’adoption d’une combinaison de solutions couvrant la mobilisation des eaux conventionnelles et non conventionnelles, le Maroc a opté pour les Partenariats public-privé (PPP) afin de concrétiser cette ambition surtout pour la réalisation des stations de dessalement. Rappelons que la politique de construction de barrages a été initiée par feu le Roi Hassan II. Elle a été poursuivie durant les 25 années de règne du Roi Mohammed VI, tout en faisant appel à d’autres ressources non conventionnelles. Grâce à un patrimoine de 153 barrages existants, le Maroc dispose actuellement d’une capacité totale de stockage de 23 milliards de m3, l’objectif étant de la porter à 25 milliards.

Un nouveau modèle en matière de dessalement de l’eau de mer

À l’instar de la politique visionnaire du Roi Hassan II, en matière de développement des barrages, le Maroc est en train d’asseoir aussi un nouveau modèle en matière de dessalement de l’eau de mer, et ce, grâce à la politique de dessalement prônée par le Roi Mohammed VI. Au cœur du processus de dessalement, l’osmose inverse joue un rôle crucial en tant que technologie de production la plus utilisée pour le dessalement de l’eau saumâtre.

Dans ce sens, l’ambition affichée par le Royaume est de mobiliser 1,3 milliard de m3/an d’ici 2030 en vue d’assurer la sécurité hydrique du pays, notamment en matière d’eau potable et d’irrigation agricole. c’est l’unité mutualisée de dessalement de l’eau de mer, destinée à l’approvisionnent de l’eau de mer et à l’irrigation au niveau de la province de Chtouta Ait Baha, aux environs d’Agadir, qui a ouvert le bal au développement de cette nouvelle génération de stations. Son coût global est de 4,48 MMDH, dont 2,35 MMDH pour l’eau d’irrigation et 2,05 MMDH pour l’eau potable.

En parallèle, plusieurs unités de déminéralisation ont été lancés. La capacité contractuelle de l’unité mutualisée de dessalement de l’eau de mer, mise en service le 30 juin 2022, passera à 400.000 m3/j (200.000 m3/j pour l’eau potable et 200.000 m3/j pour l’irrigation). Cette unité est destinée à la production d’eau potable par dessalement et à l’irrigation du Grand Agadir, au niveau de la province de Chtouta Ait Baha. La capacité actuelle de production de l’usine de dessalement mutualisée de l’eau de mer est de 275.000 m3/j pour la province de Chtouka (dont 150.000 m3/j pour l’eau potable et 125.000 m3/j pour l’irrigation). L’ONEE et le ministère de l’Agriculture ont décidé d’avancer la date d’extension de la capacité actuelle avec une mise en service prévue en 2026.

Dans ce sens, la capacité extensible à 400.000 m3/j est une nécessité compte tenu de la saturation de l’offre en ressources en eau conventionnelles provenant des barrages et de la nappe phréatique dans la région, ce qui permettra l’approvisionnement de plusieurs centres urbains.

Safi et El Jadida : la capacité en hausse à partir de 2026
Cette mise en service a été suivie par celle de la station de dessalement de Jorf Lasfar dans le cadre du «Programme Eau» initié par le groupe OCP à travers sa filiale OCP Green Water. Opérationnelle depuis août 2023, cette station fournit une production d’eau potable en 2023 de l’ordre de 10 millions de m3 d’eau dessalée en faveur de la ville de Safi et de 30 millions m³ pour El Jadida.

La production prévue atteindra, au cours des années 2024 et 2025, l’équivalent de 15 millions m³ par an pour Safi et 32 millions m³ par an pour El Jadida. À partir de 2026, ce volume atteindra 30 millions m³ par an pour Safi et 45 millions m³ pour El Jadida alors que la capacité totale extensible à l’horizon 2027 concerne les sites de production, l’alimentation en eau potable des villes et la production de l’eau destinée à l’irrigation agricole.

Ce portefeuille sera complété par d’autres unités plus grandes. Parmi elles, le méga projet de la station de dessalement d’eau de mer de Casablanca d’une capacité de 200 millions de m3 par an (Mm³/an) extensible à 300 Mm³/an en faveur d’une population estimée de quelque 7 millions d’habitants.

En effet, cette station sera réalisée selon deux phases. La phase I porte sur 548.000 m3/j, soit 200 Mm³/an à mettre en service en juin 2026 alors que la phase II, qui prévoit 274.000 m3/j (100 Mm³/an) sera mise en service à partir de 2030.

Le projet consiste à concevoir, financer, réaliser et exploiter, pendant une durée de 30 ans, une station de dessalement d’eau de mer, ayant une capacité de 548.000 m³ par jour extensible à 822.000 m³ par jour d’eau traitée, y compris les travaux maritimes de prise d’eau de mer et de rejet ainsi que son alimentation électrique, essentiellement par de l’énergie renouvelable. L’aire concernée par le projet est répartie en trois zones géographiques, à savoir le Grand Casablanca, la zone de Berrechid-Settat et El Jadida-Azemmour.

2,3 MMDH pour l’installation de 203 stations monoblocs de dessalement
Par ailleurs, d’autres projets de stations de dessalement sont actuellement en phase de développement, notamment une grande station de dessalement de l’eau de mer à Nador, en faveur de la région de l’Oriental. La capacité à terme de cette future station est de 250 millions m3 (Mm3)/an dont 140 Mm3destinés à l’eau potable et 110 Mm3 à l’irrigation de près de 30.000 ha.

Ce projet de partenariat public-privé s’inscrit dans le cadre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027. À cela s’ajoute le mégaprojet, en cours d’exécution, relatif à la mise en place de la station de dessalement d’eau de mer de Dakhla avec la mobilisation d’un volume de 37 Mm3 d’eau d’irrigation et potable à l’horizon 2030. D’un coût global de  2 MMDH, cette station entrera en production avant fin 2025. D’autres stations sont lancées, en plus de celle d’Essaouira, notamment à Tiznit-Sidi Ifni, pour l’alimentation des zones de Guelmim et Tiznit.

La rédaction / Les Inspirations ÉCO

 


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