Maroc

Démarrage du crowdfunding : l’année 2023 devrait être la bonne

La Banque centrale échange avec les représentants des plateformes ayant sollicité l’agrément, indispensable pour le démarrage de leurs activités. L’optimiste prévaut au sein des acteurs, conscients du caractère crucial de la phase de démarrage de l’activité du financement collaboratif au Maroc. 

L’année 2022 n’a pas été de tout repos sur le plan économique et financier à l’échelle nationale. L’économie internationale a été fortement chahutée par les implications fâcheuses de la guerre en Ukraine, laquelle a fait le lit de la hausse généralisée des prix. La donne inflationniste qui, visiblement, est en train de s’installer dans le temps, a suscité plusieurs réactions vigoureuses de la part des Banques centrales de par le monde. Nombreux sont les Instituts d’émission dont Bank Al-Maghrib (BAM) qui ont resserré leurs politiques monétaires afin de contenir les pressions inflationnistes, néfastes, entre autres, pour l’épargne et le pouvoir d’achat des consommateurs. Au Maroc, le tour de vis monétaire, susceptible de s’intensifier (si la hausse des prix ne s’estompe pas), risque à terme de renchérir le coût des crédits bancaires. Ce qui pourrait corser davantage l’accès des porteurs de projets au financement.

Dans ce contexte en proie à plusieurs incertitudes liées au renchérissement du coût des crédits bancaires, l’année 2023 apporte quelques bonnes nouvelles, notamment pour les porteurs de projet au Maroc. À en croire Sarah Jaidi, co-fondatrice de la plateforme de collecte Kiwi, le démarrage de l’activité du crowdfunding, également connue sous l’appellation de financement collaboratif, devrait être effectif au cours de l’année 2023.

Pour rappel, l’une des étapes-clefs de l’implémentation de ce mode alternatif de financement, après la promulgation de la loi n° 15-18 relative au financement collaboratif, a été la publication par BAM de neuf circulaires, censées encadrer au mieux le crowdfunding. Notre source, qui porte la plateforme de crowdfunding de catégorie don (en cours de construction), et dont le lancement de l’activité est sous réserve de l’obtention d’un agrément de Bank Al-Maghrib, est formelle : «La Banque centrale échange avec les représentants des plateformes ayant sollicité l’agrément, indispensable pour le démarrage de leurs activités».

L’optimisme est de mise
Le démarrage d’une activité suscite très souvent des inquiétudes ou des questionnements légitimes, relatifs au succès ou à la réussite. Le financement collaboratif ne déroge pas à cette logique. «Le Maroc est propice à l’essor du crowdfunding qui comprend deux volets, à savoir les dons et les prêts», confie notre interlocutrice. Et d’expliquer : «Les différentes plateformes de dons auront la simple tâche de digitaliser et structurer des pratiques mues par la générosité et bien ancrées dans la culture marocaine». La grande sensibilité de la diaspora marocaine pour les projets porteurs de sens, développés au Maroc, milite également en faveur des futures plateformes de dons. Ces dernières auront tout intérêt à s’arroger les faveurs des Marocains du monde (MDM), pourvoyeurs de devises à l’économie nationale.

D’ailleurs, selon les chiffres officiels de l’Office des changes, les transferts des MRE – au titre des onze premiers mois de 2022 – ont atteint 99,5 milliards de dirhams (MMDH). Au-delà de ces précisions, force est d’admettre que la démocratisation du crowdfunding au Maroc nécessite, entre autres, la sensibilisation des entités et des personnes cibles, pas toujours bien informées de l’existence des mécanismes de financement adaptés à leurs projets.

Quid de la pérennité du business model ?
L’un des sujets cruciaux du crowdfunding au Maroc a trait à la pérennité du business model des plateformes, lesquelles devront faire face à plusieurs charges fixes (salaires, frais de conformité, commissions, …). Or, contrairement aux plateformes de prêts, celles spécialisées dans les dons ont un business model hybride, avec en toile de fond un but lucratif et un objectif non lucratif. «Tout l’enjeu pour les plateformes sera d’arriver (par le truchement de la négociation et de la concertation) avec les différentes parties concernées, à limiter les frais de fonctionnement», soutient notre source.

Il importe tout même de préciser que les plateformes de prêts au fonctionnement plus complexe, pourraient avoir l’opportunité, comme cela se fait sous d’autres cieux, d’explorer d’autres créneaux générateurs de revenus. Un moyen de consolider le business model de ces plateformes qui seront d’une grande utilité pour les porteurs de projets innovants, de plus en plus légion au Maroc.

Par ailleurs, notons que dans le cadre de l’encadrement juridique de ce mode de financement alternatif, trois arrêtés émanant du ministère de l’Économie et des finances ont vu le jour en décembre 2022. Ces instruments sont de nature à étayer l’arsenal juridique, déjà étoffé, du financement collaboratif, un levier auquel BAM accorde une grande importance.

Au final, le crowdfunding, qui sera sans doute opérationnel au cours de l’année, ne révolutionnera pas l’écosystème du financement des porteurs de projets au Maroc. Toujours est-il que le financement collaboratif contribuera à la diversification des moyens de financement des projets, portés par différentes personnes et entités poursuivant divers objectifs.

Diao Maomar / Les Inspirations ÉCO


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