Maroc

Défaillances d’entreprises au Maroc: 2020, une année record !

6.612 est le nombre de défaillances d’entreprises enregistrées en 2020. Il s’agit de la plus forte baisse enregistrée au cours des dernières années. Les explications d’Inforisk…

2020, une année pas comme les autres ! Elle a été charnière et délicate pour le gouvernement marocain, les institutions publiques, mais aussi les opérateurs privés. Pour le tissu économique, constitué essentiellement de petites et moyennes entreprises, la survie à la crise a été très difficile à gérer. Pas moins de 6.612 structures ont été déclarées comme défaillantes en 2020, soit une baisse de 22 % par rapport au bilan de l’année 2019. C’est, en tout cas, ce qui ressort des données de la plus récente étude du cabinet inforisk, sur la nature des défaillances des entreprises marocaines au terme de l’année 2020.

2020, une année «exceptionnelle»
C’était prévisible, l’exercice 2020 a été marqué par un ralentissement généralisé de la croissance mondiale à cause de la pandémie. Le Maroc n’est pas en reste puisque son taux de croissance a accusé une chute brutale pour se situer aux alentours de 7 % (HCP, FMI, Banque mondiale…). Ce ralentissement fulgurant est également valable pour les IDE et le commerce international. Ceci explique, entre autres, les chiffres portant sur les défaill nces des entreprises, observés au niveau national par Inforisk. Il s’agit de « la plus forte baisse constatée depuis que nous mesurons cet indicateur. Ce taux nous ramène au niveau des défaillances de 2015 », annonce le cabinet. Quelles sont les raisons de cette régression ? En premier lieu, l’enquête d’Inforisk relève un arrêt quasi-continu de l’activité des tribunaux de commerce de mars à septembre dernier, entre le confinement généralisé et les vacances judiciaires. Inforisk explique dans ce sens qu’à partir de septembre, il y a e u une reprise plus ou moins normale de l’activité judiciaire, néanmoins perturbée par l’évolution sanitaire. Ceci, pour expliquer le fait que le stock de dossiers à rattraper par les tribunaux est et sera encore très important.

Des aides, mais encore ?
Ce point ne représente pas la seule explication aux défaillances enregistrées. L’enquête d’Inforisk alerte également sur les entreprises qui ont été prises so us l’aile de l’Etat à travers les aides octroyés en 2020 pour faire face à la pandémie. À rappeler dans ce sens que ces mesures exceptionnelles de l’Etat on permis aux entreprises de bénéficier du Fonds de solidarité (35 MM DH). Ces mesures ont pris la forme de prêts garantis par l’Etat via Damane Oxygène puis Damane Relance et TPE (70 MMDH distribués aux entreprises), reports de crédits, reports de paiements fiscaux, indemnités CNSS, chômage partiel… «Toutes ces mesures ont maintenu sous perfusion des milliers d’entreprises, dont certaines qui n’auraient pas survécu sans les aides de l’Etat», explique-t-on auprès du spécialiste de l’information financière. Les symptômes de la crise sur les entreprises, ont néanmoins été bien palpables : arrêt temporaire d’activit é, réduction du te mps de travail, licenciement et réduction des effectifs. En effet, les entreprises se sont adaptées comme elles l’ont pu, mais était-ce suffisant ?

2021, encore plus dure !
Inforisk craint le pire pour l’exercice 2021, avec l’arrêt des aides de l’Etat, notamment Damane Relance/TPE. Il va donc falloir commencer à rembourser les dettes contractées en 2020 ou les reports d’échéances… Les entreprises se retrouveront inévitablement dos au mur. De plus, Inforisk estime que les indicateurs d’activité ne se sont pas encore rétablis, «avec une baisse de 30 % en moyenne de l’activité des entreprises en 2020, une reprise partielle attendue en 2021 (conditionnée par la rapidité de la campagne de vaccination), qui n’effacera pas néanmoins les pertes de 2020 », affirme-t- on au sein d’Inforisk. Ceci, sans oublier le fait que les délais de paiement n’ont fait que s’allonger pendant la crise de 2020. Pour couronner le tout, et comme le montre la dernière étude du HCP, la moitié des entreprises marocaines n’ont pas de matelas de trésorerie. Pour le spécialiste de l’information légale; «en 2021, la chute sera plus dure ! Le premier semestre risque d’être particulièrement difficile, avec un effet ‘rattrapage’ rapide».

Les défaillances sous la loupe
En attendant de mesurer l’impact de la dégringolade de l’économie nationale sur l’ensemble des entreprises marocaines au premier semestre de l’année en cours, Inforisk s’est atelé à étudier les défaillances des entreprises en 2020 de plus près… Ainsi, l’opérateur a fourni d’autres détails édifiants dans les conclusions de son enquête. Est notamment constaté un faible recours à l’utilisation de la procédure de sauvegarde par les entreprises, celles-ci étant encore faiblement averties des mesures préventives existantes. Résultat : «Elles meurent avant d’avoir eu le temps de consulter un ‘médecin’», explique l’étude d’Inforisk. Seulement 22 procédures de sauvegarde d’entreprise (0,4 %) ont été établies au Maroc en 2020, contre un taux de 99,4 % de liquidations judiciaires sur la même année. Toutefois, et sur cette même période, le ratio «création/défaillance» s’est amélioré, car 1 entreprise créée permettait de couvrir presque 7 entreprises défaillantes contre 5 en 2019. Inforisk explique que « ce taux de couverture positif leur permet de revenir aux chiffres de 2013, alors qu’il était en dégradation constante depuis 10 ans ». Pour ce qui est de la répartition géographique, il ressort que l’axe Casablanca-Tanger est impliqué dans 47 % des défaillances. Par ailleurs, le top 5 des secteurs défaillants est campé par le commerce, l’immobilier, les BTP, le transport et les industries manufacturières.

Profil de l’entreprise défaillante.
Selon Inforisk, 98,9 % des entreprises défaillantes sont des TPE (Toute petite entreprises), 0,8 % sont des PME (Petites et moyennes entreprises), et 0,3% des GE (Grandes entreprises). L’ancienneté mo yenne de l’entreprise défaillante et de 4,9 années, son capital social médian est de 100.000 DH. Par ailleurs, 767 MDH est la somme cumulée de la masse salariale des sociétés défaillantes en 2020, avec un pourcentage de 19 % de cette masse salariale rapportée au chiffre d’affaires.

Sanae Raqui / Les Inspirations Éco


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