Croissance des provinces du Sud: des scores très prometteurs
En dépit de l’impact de la Covid-19 sur l’économie des provinces du Sud, les indicateurs des trois régions restent satisfaisants. D’autres efforts seront déployés en vue de réduire les inégalités spatiales.
La consolidation des acquis du Modèle de développement des provinces du Sud se base sur une série d’indicateurs qui traduisent une forte dynamique de ces territoires. Les trois pôles constituant cette région se sont accaparées, jusqu’à présent, 97% des investissements tracés dans le cadre du programme d’approvisionnement en eau potable des populations rurales, sans oublier les actions entreprises en matière d’électrification, de constructions des routes rurales et de lutte contre le désenclavement. Au niveau statistique, et malgré leur faible contribution au PIB régional, les deux régions Laâyoune-Sakia el Hamra et Dakhla-Oued Eddahab enregistrent un taux de croissance nettement supérieur à la moyenne nationale, avec respectivement 10,9% et 10,5%. De même, les trois régions du Sud ont un PIB nominal par habitant également supérieur à la moyenne nationale. Dakhla vient en tête du classement avec une moyenne de l’ordre de 52.301 DH/habitant, suivie de Laâyoune qui enregistre une moyenne de 27.442 DH/habitant et Guelmim qui a un seuil de 25.136 DH/habitant. Pour l’indicateur crucial relatif à la dynamique des territoires, les données montrent que la région de Laâyoune a connu, en 2019, la croissance la plus soutenue du PIB par habitant avec un taux annuel de 8,4%. L’évolution reste aussi remarquable pour la région de Guelmim, avec un taux de 4%. En revanche, le taux de chômage élevé reste parmi les problématiques à résoudre pour la mise en œuvre du modèle de développement. En effet, les régions du Sud connaissent le taux régional le plus élevé, avec 16,3%, et forment avec la région de l’Oriental les quatre régions les plus touchées par la baisse des activités économiques.
L’impact de la Covid19 et de la sécheresse
Les trois régions précitées devront affronter une année 2020 particulièrement difficile, caractérisée également par une année agricole sèche. L’économie des provinces du Sud se trouve donc fortement fragilisée par la baisse du PIB national durant cette année, mais aussi par la crise que traversent actuellement plusieurs secteurs. C’est pour dire que le Modèle de développement des provinces sahariennes devra faire l’objet d’une réorientation des priorités en matière des dépenses, en vue de dégager les marges nécessaires au financement des projets d’investissement dont les études ont été déjà finalisées et qui auront un impact avéré sur l’emploi et le tissu productif. Les programmes urgents qui seront lancés au cours de l’année 2021 s’articulent autour de l’instauration de la couverture sociale et l’opérationnalisation du pacte de relance économique et d’emploi, ainsi que d’assister les entreprises touchées par la crise et les ménages vulnérables. La principale préoccupation réside dans l’amortissement du choc induit par la crise sanitaire et d’atténuer l’impact économique et social sur les provinces du Sud. Il est à rappeler qu’en 2019, ce sont 12 projets qui s’inscrivent dans le cadre du rattrapage des déficits en infrastructures et services de base, dont 10 à Guelmim-Oued Noun. En 2020, 21 projets ont été mis sur les rails grâce au financement assuré par l’INDH, pour un coût de 15 MDH.
Les objectifs de 2021
Plusieurs priorités sont tracées pour la 6e année de l’application du programme de développement des provinces du Sud. Par ordre d’importance, il s’agit du renforcement des infrastructures et des moyens de transport, l’encouragement de l’investissement privé ainsi que l’appui aux opérateurs économiques au sein des 3 régions. En ligne de mire, également, la préservation du patrimoine immatériel ainsi que la valorisation des ressources naturelles. Jusqu’à présent, et sur les 700 projets initialement programmés, 158 projets ont été achevés pour un coût global de 11,6 MMDH, alors que 318 projets sont en stade avancé, et totalisent une dotation qui dépasse 40 MMDH. Les données du département des Finances précisent aussi que jusqu’au mois de mars 2020, le total des crédits engagés sur les 85 MMDH, qui forment le budget global du programme, a atteint 35,6 MMDH, soit un taux d’engagement de 42%. Ces investissements ont permis d’achever plusieurs projets destinés à améliorer la connectivité des régions du Sud avec le reste des régions, sans oublier le renforcement de l’offre énergétique. Pour 2021, d’importants efforts budgétaires seront déployés, avec la mise en œuvre de 267 projets répartis sur les trois régions pour une enveloppe budgétaire de 33 MMDH. La liste des projets indique qu’il s’agit notamment des projets portant sur la construction du Port atlantique de Dakhla, le dessalement et l’adduction d’eau pour l’irrigation de 5.000 hectares au nord de Dakhla, et des nouveaux parcs éoliens qui devront coûter plus de 5,4 MMDH.
Une économie peu diversifiée
Les performances économiques des trois régions du Sud sont portées par les secteurs primaires et la dépense publique. En effet, l’économie des régions sahariennes est très dépendante de l’État, alors même que le PIB par habitant est supérieur de 41% environ à la moyenne nationale. Les salaires représentent la principale source de revenus (53% du total des revenus), le reste se répartissant entre les profits (26%), les aides directes et indirectes (19%) et les transferts (1%). L’État contribue au PIB des provinces du Sud à plus de 54%, dont 43% en direct (33% pour l’État et 10% pour les entreprises publiques) et 11% en indirect (PIB induit par l’investissement public). Les revenus totaux générés proviennent à hauteur de 80% des différents secteurs (y compris le secteur public), 16% qui sont issus des aides directes et indirectes ; le reste étant issu des transferts entrants. Il faut dire aussi que les provinces du Sud concentrent près de la moitié du budget national alloué aux aides sociales, ce qui n’arrive pas à diversifier l’économie régionale qui reste vulnérable, car elle s’articule essentiellement autour de la pêche et de la transformation des produits de la mer, du secteur des phosphates et, dans une moindre mesure, de ceux du BTP et des services marchands.
Younes Bennajah / Les Inspirations éco Docs