Maroc

Création d’entreprises : un record … quelque peu trompeur en 2021!

Selon le cabinet Inforisk, les créations d’entreprises sont en augmentation de 30% par rapport à 2020. Paradoxalement, pour une entreprise défaillante en 2021, 5,5 sociétés ont été créées contre 6,7 une année auparavant. L’accompagnement demeure le maillon faible dans ce sens. Détails. 

58.408 nouvelles entreprises ont été créées au Maroc durant l’année écoulée, affichant une hausse de 30% par rapport à 2020. C’est ce que confirme le cabinet Inforisk dans sa récente publication sur les statisitques de défaillance et de création des entreprises au Maroc pour l’année 2021. Plus encore, le Maroc représente 69% des créations d’entreprises au Maghreb en 2021, contre 17% en Tunisie et 13% en Algérie, occupant la position de leader. Selon les données de l’étude d’Inforisk, «un très net dynamisme entrepreneurial est observé au Maroc avec un taux de croissance de 52% entre 2018 et 2021 contre +7% pour la Tunisie par exemple». Il est aussi noté, auprès du cabinet, que le capital médian lors de la création des entreprises marocaines est de 100.000 DH, de plus et par statut juridique, les SARL/EURL représentent 99,48% des créations d’entreprises enregistrées dans le pays contre 0,27% pour les sociétés anonymes et 0,25% pour le reste.

Les créations concentrées dans la région de Casablanca
Selon la répartition régionale, la région de Casablanca-Settat est placée sur le podium des créations d’entreprises. Sans surprise, la première région économique du pays accapare un total de 15.227 créations d’entreprises en 2021, soit une part de 26%. La métropole casablancaise, à elle seule, concentre justement le plus grand nombre de créations avec 13.958 nouvelles entreprises (24%), la région de Tanger-Tétouan vient en seconde position avec 7.246 créations d’entreprises durant la même année (12%), suivie de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer avec 6.291 entreprises (11%) et Marrakech-Tensift-Al Haouz avec 6.118 nouvelles entreprises (11%). En cinquième position, on trouve la région Souss-Massa-Drâa qui a connu 4.306 créations d’entreprises (7%). La sixième et la septième position sont occupées respectivement par Gharb-Cherarda-Beni Hssen (2.910 entreprises) et Fès-Boulemane (2.680 entreprises) avec une part de 5% chacune. Ces dernières sont suivies de Meknès-Tafilalet (2.610 entreprises) et de l’Oriental (2.427 entreprises) avec une part de 4% chacune. La dixième place revient à Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra avec 1.911 nouvelles entreprises représentant une part de 3% de l’ensemble des créations recensées en 2021. En bas du classement, on trouve Guelmim-Es-Semara qui ne compte que 609 nouvelles créations en 2021, soit une quote-part de 1%.

Les défaillances en forte hausse
«Forte vague de défaillances des entreprises en 2021, mais ce n’est pas un tsunami», c’est de cette façon qu’Inforisk décrit la situation des entreprises marocaines au terme de l’année 2021. En effet, comme attendu, après la baisse enregistrée en 2020, une reprise forte des défaillances a été constatée par Inforisk en 2021. Ainsi le cabinet compte une hausse des défaillances de 59% entre 2020 et 2021, mais également une progression de 25% par rapport à 2019. Ce qui représente «un nouveau record historique atteint avec 10.556 sociétés défaillantes», détaille le cabinet dans ce sens. Ces pourcentages élevés s’expliquent en partie par des raisons conjoncturelles. Justement les entreprises, notamment les TPME, ont particulièrement souffert en 2021, avec des baisses plus ou moins importantes de leur chiffre d’affaires, du fait d’une reprise partielle de leur activité avec la crise sanitaire qui a débuté en 2020. Par ailleurs, les aides généralisées de l’Etat en 2020 (Damane Oxygène/PME, indemnités CNSS…) se sont aussi arrêtées en 2021.

«Ces aides maintenaient sous perfusion un certain nombre d’entreprises fragiles, qui, sans elles, n’auraient pu passer le cap de 2020», rappelle Inforisk dans ce sens.

Il est, par ailleurs, intéressant de constater que dans les pays où les aides étatiques à destination des entreprises continuent massivement (France…), les défaillances d’entreprises ont continué de baisser en 2021. Inforisk cite par la même occasion des facteurs structurels qui ont aggravé la situation des défaillances des entreprises marocaines. Il s’agit, notamment, d’un certain nombre de problématiques du climat des affaires, qui impactaient négativement les entreprises avant la crise sanitaire et qui se sont accentuées en 2020 et 2021, en l’occurrence le cas des délais de paiement. Ce qui a fini par «assécher» la trésorerie d’une grande partie des entreprises. Entre 2009 et 2021, le taux de défaillances est en croissance de 331%. En haut du classement des secteurs qui connaissent la plus grande part d’entreprises en souffrance, on trouve respectivement aux deux premières places les activités «Autres commerces de gros» (19%) et «Intermédiaires du commerce de gros» (12%). La troisième position revient aux activités «Autres travaux de construction» avec une quote-part de 10%, suivies du «Conseil pour les affaires et administrations d’entreprises» (5%) et le «Transport de marchandises» (5%). Parallèlement, près de 95.000 sociétés, soit 14% du total des entreprises sont officieusement en sommeil. C’est-à-dire possédant un statut «Actif» dans la base Inforisk et n’ont pas publié de bilan durant les 5 dernières années et/ou n’ont pas publié d’événements juridiques ou judiciaires durant 5 années consécutives.

Amine Diouri
Directeur Etudes & Communication chez Inforisk

«Si on se base seulement sur les défaillances, une hausse de 25% est inquiétante. Toutefois, ce qui est plus marquant c’est le fait qu’on est sur une croissance entrepreneuriale forte. Plus on créé d’entreprises, plus le pourcentage de défaillance est restreint. L’écosystème d’entreprises au Maroc se renouvelle. Deux aspects ont favorisé cela. Déjà entre 2020 et 2021, un certain nombre de personnes, soit dont le salaire a été réduit, soit qui ont complètement perdu leur emploi, ont créé leur propre entreprises.

Puis encore, le contexte a été plutôt favorable à la création d’entreprises, suite aux différentes programmes de soutien, notamment Intilaka. Malgré la hausse des créations des entreprises, les mêmes problématiques se posent encore. Paradoxalement, les entreprises qui meurent sont celles qui sont nouvellement créées, c’est-à-dire celles qui ne dépassent pas cinq ans d’existence. On créé donc des entreprises, mais on trouve du mal à les garder en vie, ceci pour plusieurs raisons. Le premier frein est le capital social du démarrage qui reste relativement restreint, combiné à des délais de paiement qui se rallongent. Il y a aussi une autre question relevant du contexte global, celle liée à l’accompagnement à la création d’entreprises, car le conseil n’est finalement pas le métier des banques, malgré tous les efforts fournis dans ce sens, car leur métier est le financement. L’accompagnement demeure le maillon faible dans ce sens ».

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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