Covid-19. La vaccination, seule solution pour atteindre l’immunité collective
Désormais, il faut compter sur soi-même pour se protéger de la covid-19, à un moment où la situation épidémiologique dans le royaume paraît plus qu’inquiétante.
Pour assurer l’immunité collective à travers le pays, et réduire le risque de transmission du virus, il faudrait vacciner au moins 80% de la population cible, laquelle est de l’ordre de 25 millions de personnes. Cet objectif, que s’était fixé le gouvernement au tout début de la campagne de vaccination, ne serait plus envisageable. En effet, l’immunité grégaire, en vertu de laquelle on est susceptible d’être protégé contre une infection, sans être soi-même vacciné, dès lors qu’une fraction suffisante de la population est immunisée, semble relever désormais du passé. Il ne faudra donc plus compter que sur soi-même pour se protéger de la covid-19 en se faisant vacciner au plus tôt.
«Si nous sommes actuellement dans l’obligation de devoir vacciner entre 87% et 90% de la population en vue d’atteindre l’immunité collective, c’est que nous ne sommes plus dans le schéma de départ. Nous sommes passés à une autre configuration où chaque personne est protégée par sa propre vaccination», souligne Docteur Tayeb Hamdi pour qui on parlerait aujourd’hui «d’une immunité individuelle dans le cadre d’une campagne de vaccination collective». Cependant, le débat reste encore ouvert parmi les experts qui demeurent toujours divisés sur la question.
Ce qui est constant en revanche, c’est qu’avec le variant Delta, qui fait des ravages dans le monde et au Maroc, l’objectif de vacciner les 80% de la population pour protéger les 20% restants n’est plus d’actualité. En effet, plus le taux de reproduction de base est élevé, plus le pourcentage de sujets immunisés doit être élevé. Or le nombre de reproduction de base de la maladie (R0), c’est à dire le nombre moyen d’individus immunologiquement naïfs qu’un sujet va infecter après contact, est élevé au Maroc.
D’ailleurs, face à la flambée des cas de contamination par la Covid-19, le gouvernement avait décidé d’agir pour contenir la propagation du virus en resserrant l’étau au lendemain de l’Aïd avant de hausser, dernièrement, le niveau nécessaire pour passer ou rester sous le seuil d’immunité collective. En tout cas, les derniers bulletins quotidiens épidémiologiques sont loin d’être rassurants.
A l’heure où nous mettons sous presse, 9.703 nouvelles infections et 7.197 guérisons ont été enregistrées au Maroc. Ce bilan porte à 782.097 le nombre total de contaminations depuis le premier cas signalé en mars 2020, tandis que les guérisons sont passées à 688.902, soit un taux de guérison de 88,1%.
Quant aux décès, leur nombre total atteint 11.345, avec 103 nouveaux cas enregistrés. Au total, le Maroc compte 81.850 cas actifs, tandis que les cas sévères ou critiques s’établissent à 2.295, dont 1.315 placés sous respiration artificielle. Ce bilan a, depuis, bien évolué. Par ailleurs, le taux d’occupation des lits de réanimation atteint 48,4%.
S’agissant de la campagne de vaccination, le nombre de primo-vaccinés a dépassé les 16,96 millions de personnes alors que celui des personnes complètement vaccinées s’élevait, au dernier pointage à notre disposition (celui du mercredi 18 août) à 12,34 millions d’individus. Plus de 582.000 nouvelles doses ont été administrées pour cette seule journée. Mais ce n’est toujours pas suffisant.
Classé comme «pays où le virus circule de façon assez active avec des variants préoccupants», le royaume figure désormais sur la même liste que l’Algérie et la Tunisie. Tunisie et Maroc étaient placés sur liste orange, étant jusqu’alors considérés comme des territoires «où la circulation du virus existe encore, mais est maîtrisée et où il n’y a pas de variant préoccupant».
Dans le détail, les personnes non-vaccinées, en provenance du Maroc ne pourront plus entrer en France, sauf pour motif impérieux. Au-delà de la situation sanitaire du pays, l’autre facteur essentiel pour les personnes désirant se rendre en France sera la vaccination. Les non-vaccinés devront, quant à eux, se soumettre à un test antigénique lors de leur arrivée en France ainsi qu’à un isolement obligatoire et contrôlé de 10 jours. Preuve que la situation épidémiologique au Maroc est inquiétante. Une seule consolation, le royaume n’est pas seul sur cette liste.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO