Maroc

Covid-19 : la facture, s’il vous plaît !

Les statistiques relatives à l’impact de la pandémie Covid-19 sur l’économie, les secteurs d’activités, les finances publiques et la société continuent de défiler, montrant les unes après les autres des «plaies béantes» que le royaume n’a sans doute jamais imaginé toutes porter à la fois, dont de grandes surprises. 

On en sait un peu plus sur l’impact économique et social que la crise sanitaire de la Covid-19 a engendré au Maroc, en 2020. Depuis le début de l’année en cours, les statistiques relatives à l’impact de la pandémie sur l’économie, les secteurs d’activités, les finances publiques et la société défilent, montrant les unes après les autres des « plaies béantes » que le royaume n’a sans doute jamais imaginé porter toutes à la fois, dont de grandes surprises. À commencer par l’ampleur de la récession enregistrée en 2020 ! Dans leurs exercices de prospective économique, le Haut-commissariat au plan (HCP), Bank Al-Maghrib (BAM), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) n’y ont vu que du feu. Tous étaient loin d’imaginer que le taux de récession économique du royaume allait flirter avec la barre des 7 %.

La plus lourde récession au Maroc depuis deux décennies
Il s’agit de la plus lourde récession jamais enregistrée depuis plus de deux décennies. L’ampleur du choc est telle que pratiquement tous les secteurs d’activité sont touchés avec, en pole position, le tourisme et ses activités annexes, suivi des industries mécaniques, métallurgiques et électriques (IMME), du textile-habillement, du commerce et du transport. Selon les experts du HCP, cette « descente aux enfers » a été surtout accélérée par la contre-performance du secteur primaire qui, pour la deuxième année consécutive, a été confrontée à une sécheresse. La valeur ajoutée agricole s’est repliée de 8,1 % en 2020, contre une baisse de 5,8 % l’année précédente. Même les activités de la pêche maritime n’ont pas été épargnées puisqu’elles ont connu un ralentissement de la commercialisation des produits de la pêche côtière et artisanale, accompagné par une baisse des prix. Par conséquent, la croissance de la valeur ajoutée des activités de la pêche s’est limitée à 4,4 % au lieu de 8,3 % l’année précédente. Et donc, compte tenu de toutes ces évolutions, le secteur primaire a finalement dégagé une valeur ajoutée en repli de 7,1 % en 2020 après une baisse de 4,6 % en 2019, contribuant encore une fois négativement à la croissance du PIB de -0,9 point. Par secteurs, c’est le tourisme qui a été le plus touché. Sa valeur ajoutée a connu un effondrement de près de 55,8 % en 2020 contre une hausse de 3,7 %, un an auparavant. Deux autres activités tertiaires ont été également affectées en 2020. Il s’agit, en l’occurrence, du secteur du transport et de celui du commerce.

Concernant le premier, la valeur ajoutée a enregistré une chute de 25,8 % en 2020 après un accroissement de 6,6 % en 2019, sous l’effet des arrêts temporaires de ses activités. Le transport aérien, représentant plus de 27 % de la valeur ajoutée du secteur, a lui subi l’impact de l’arrêt total de ses activités durant la période du confinement. Le transport ferroviaire a été également touché par la baisse du nombre des voyageurs ferroviaires à cause de la suspension ou la limitation des déplacements entre les villes. S’agissant du commerce, ses activités ont également reculé de 11,4 % en 2020 contre une hausse de 2,4 % en 2019. Partant, le secteur tertiaire a lui aussi affiché un recul de 6,8 % contre une hausse de 3,8 % en 2019, contribuant ainsi négativement à la croissance du PIB de -3,5 points.

Tous les secteurs concernés
Concernant le secteur secondaire, les activités industrielles ont pratiquement toutes pâti des répercussions négatives de l’arrêt temporaire de l’activité de plusieurs opérateurs industriels et du retrait de leur dynamisme sur le marché national et international. Leur valeur ajoutée s’est ainsi, fortement contractée de 7 % en 2020 contre une hausse de 2,8 % en 2019. La valeur ajoutée des IMME a enregistré une baisse de 22,4 % en 2020, contre une hausse de 4,7% une année auparavant. Le secteur automobile, qui est fortement corrélé aux carnets de commandes des donneurs d’ordre à l’étranger et qui a absorbé 27 % des exportations nationales entre 2010-2019, a été également impacté par la crise à travers l’arrêt partiel de plusieurs unités industrielles. Le secteur aéronautique, opérant aussi dans une configuration de chaîne de valeurs mondialisée, a été aussi directement touché. Les activités du textile et cuir ont chuté de près de 14,1 % en 2020, après une hausse de 3,1 % en 2019. La valeur ajoutée du secteur énergétique a également affiché un repli de près de 4,1 % en 2020, après un net rebondissement de 13,2 % enregistré en 2019. Tandis que pour le BTP, ce repli s’est situé à 9,8 % en 2020. Bref, le secteur secondaire a fini 2020 avec une valeur ajoutée en baisse de 6,3 %, contribuant ainsi négativement à la croissance du PIB de -1,6 point. Ce n’est pas tout ! La crise sanitaire a eu un effet de tsunami sur l’emploi avec un taux de chômage qui a grimpé de 2,7 points en l’espace d’une année et jamais les défaillances d’entreprises n’avaient atteint une telle ampleur. Les finances publiques, aussi, n’étaient jamais aussi mal portantes.

Aziz Diouf / Les Inspirations Éco


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