Coopération : Près d’un millier de douaniers africains formés au Maroc

En quarante ans, l’Administration des douanes et des impôts indirects (ADII) a formé près d’un millier de douaniers africains. Aujourd’hui, de plus en plus de «gabelous» africains préfèrent se former au Maroc qu’en France. Détails du partenariat entre la douane marocaine et celles africaines.

«Lors d’une récente visite en France, j’ai été très surpris de constater que beaucoup de douaniers africains préfèrent désormais se former au Maroc que dans l’Hexagone. Cette année par exemple, nous avons formé 35 douaniers africains, alors que la France n’en a formés que 11». Ce constat émane du directeur général de l’Administration des douanes et des impôts indirects (ADII). Dans un entretien exclusif accordé aux Inspirations ÉCO, Nabyl Lakhdar est revenu longuement sur la coopération entre la douane marocaine et ses homologues du continent, entamée en 1975. «Nous avons commencé à accueillir les inspecteurs élèves douaniers africains dès 1978, et, en quarante ans, nous en avons formés près d’un millier», se félicite le patron de la douane marocaine. Plus exactement, ce sont 931 douaniers de 21 pays de quasiment toutes les régions d’Afrique qui en ont bénéficié. Le Gabon (226 agents), la Guinée-Conakry (104), le Congo-Brazzaville et le Niger (67 chacun) sont les pays qui se tournent le plus vers le Maroc.

Missions thématiques
Ces formations, d’une durée d’un an, s’effectuent en collaboration avec l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), qui délivre les bourses d’études. Elles sont donc assurées et supportées à 100% par le Maroc. «Au début, beaucoup allaient en France, puis une double diplomation a été mise en place entre les écoles françaises de Tourcoing-La Rochelle et celle de Casablanca. Aujourd’hui, la plupart préfère venir se former au Maroc», poursuit le très pédagogue et très posé Nabyl Lakhdar. La formation annuelle est doublée de missions thématiques de courte durée -généralement d’une semaine- à travers lesquelles l’ADII anime des sessions d’encadrements aux gabelous de pays africains qui en expriment le besoin. Ces missions concernent les thématiques liées aux métiers (procédures de dédouanement, législation douanière, système d’information, etc.), à la gouvernance et aux supports (éthique, corruption, organisation, formation). Désormais, il est question de «professionnaliser» davantage cet accompagnement. Autrement dit, l’ADII dispense des formations sur mesure, afin de mieux rationaliser les ressources et de mieux répondre aux besoins spécifiques de chaque partenaire. «Nous tenons aussi à évaluer l’impact de nos formations afin de voir si elles ont servi à quelque chose. Par exemple, si les projets qui ont motivé la formation sont par la suite réalisés ou pas». Pour autant, la douane marocaine ne se considère pas comme une «donneuse de leçons» à ses homologues africaines. «Je suis toujours impressionné par les très hautes compétences de douaniers issus des pays que nous accueillons. Ce sont des gens qui savent parfaitement ce qu’ils font. Et pour l’ADII, ces interactions sont un moyen de s’inspirer de leurs expériences».

Lutte contre la fraude
Par ailleurs, il est à noter que la formation douanière n’est qu’un volet du partenariat de l’ADII avec les douanes africaines. Celui-ci est enrichi d’accords bilatéraux avec plusieurs pays dans le cadre de «la coopération opérationnelle dans le domaine de la lutte contre la fraude, moyennant des accords d’assistance administrative mutuelle». 10 accords ont déjà été signés dans ce sens et 7 sont en cours. «Le plus important pour moi dans cette coopération, c’est que nous le faisons sans arrière-pensée. Nous le faisons parce que ce sont des pays frères, et nous le faisons parce que le roi Mohammed VI a intégré en nous cette dimension africaine», conclut le directeur général de l’ADII.

Chiffre Clé :

100
La douane marocaine espère prochainement porter à 100 le nombre des douaniers africains accueillis annuellement, contre une quarantaine actuellement.

931
Depuis 1978, 931 douaniers de 21 pays africains ont été formés au Maroc.

100
La formation est assurée à 100% par le Maroc, grâce aux bourses de l’AMCI.

48
Sur les 16 dernières années, 48 actions d’assistance administrative ont été réalisées au profit de pays du continent, soit un total de 225 jours entre 2002-2017.