Contrats-programmes : face à la sécheresse, une révision s’impose

La stratégie Génération Green a maintenu le développement agricole à travers la signature de 19 contrats-programmes, avec un investissement de 108 MMDH. Toutefois, compte tenu de la sécheresse récurrente qu’a connue le pays lors des six dernières campagnes, la révision des objectifs tracés par ces feuilles de route, définissant le cadre général de la déclinaison de la stratégie Génération Green pour les filières, d’ici 2030, s’impose.
L’approche «filière» est une mesure fondamentale des deux stratégies agricoles, à savoir le Plan Maroc vert et Génération Green. La loi 03-12 sur les interprofessions, publiée au Bulletin officiel du 23 juillet 2012, et ses textes d’application, constituent le cadre juridique réglementant la création et le financement des interprofessions agricoles et halieutiques. Jusqu’à présent, 19 contrats-programmes ont été conclus entre l’État et les interprofessions agricoles représentant les principales filières de production.
Dans le détail, ce sont 14 filières végétales et 5 filières animales qui ont signé ces contrat-programmes, depuis le 4 mai 2023, dans le cadre de la 15e édition du Salon international de l’agriculture au Maroc. Ils fixent les objectifs à atteindre en matière de production, export et superficies agricoles… La stratégie Génération Green a maintenu la dynamique du développement agricole à travers la signature de ces 19 contrats-programmes, avec un investissement de 108 MMDH pour le développement des filières de production.
Cette vision, basée sur un cadre contractuel et de partenariat avec les organisations professionnelles, vise la modernisation et le développement des filières de production, à travers l’intégration des différents maillons de la chaîne de valeur ainsi que l’amélioration de la productivité et la qualité.
Cette gouvernance a certes permis de créer un écosystème de partenariat et de collaboration qui regroupe l’ensemble des acteurs du développement du secteur, mais compte tenu
du contexte économique et climatique actuel, la nécessité de réviser les contrats-programmes se pose avec acuité.
Des répercussions néfastes sur plusieurs filières
Selon la Comader, le secteur agricole marocain est confronté actuellement à plusieurs contraintes majeures. En effet, la sécheresse récurrente qu’a connue le pays lors des six dernières campagnes agricoles a engendré des répercussions néfastes sur plusieurs filières de production, d’où la nécessité de réviser les objectifs tracés par ces feuilles de routes définissant le cadre général de la déclinaison de la Génération Green pour les filières d’ici 2030, avec les interprofessions.
Pour rappel, leurs objectifs ont été tracés sur la base d’une période normale qui n’était pas marquée par une situation climatique critique. Dans le détail, le contrat-programme de la filière des viandes rouges, l’une des filières les plus touchées, avec la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR), est doté de 14,45 MMDH dont 6,70 MMDH comme contribution de l’interprofession et 7,75 MMDH comme contribution de l’État. Les objectifs à l’horizon 2030 portent sur l’amélioration de la production pour atteindre 850.000 tonnes et l’amélioration des conditions d’abattage par l’agrément de 120 abattoirs en 2030 au lieu de 6 abattoirs agréés en 2020.
Pour le contrat-programme relatif au développement de la filière des céréales et légumineuses, le but est d’atteindre à l’horizon 2030 une production des céréales à 95 Millions de QX et de légumineuses à 6,5 Millions QX. L’extension de la superficie assurée contre les aléas climatiques devrait atteindre 2,2 millions d’hectares contre 1 million en 2020 et un stock de sécurité stratégique en céréales et légumineuses est également prévu. Pour la filière arboricole, le but est d’atteindre une superficie arboricole fruitière de 722.049 ha et une production fruitière de 3,8 millions T en plus d’un tonnage exporté de 100.000 t contre 69.000 t.
Les autres filières touchées
Pour la filière laitière, malmenée aussi par ce contexte, le contrat-programme à l’horizon 2030 vise à augmenter la production de lait à 3,5 milliards de litres à l’horizon 2030, contre 2,5 milliards de litres en 2020 tout en amélioreront les rendements laitiers (litres/vache/an) alors que pour la filière avicole, le but est l’augmentation de la production de viandes de volailles et d’œufs de consommation, respectivement à 912.000 tonnes et 7,6 milliards d’unités.
La superficie des cultures sucrières serait portée à 73.000 ha avec une production de sucre blanc à 620.000 t à l’horizon 2030 contre, respectivement 64.500 ha et 560.000 t comme moyenne des cinq dernières années. Le contrat-programme de la filière rizicole devrait permettre de porter la superficie cultivée à 10.800 ha avec une amélioration de la production pour atteindre 95.200 t.
En ce qui concerne le maraîchage, le but est d’atteindre une superficie maraîchère de 308.800 ha dont 20.200 ha seront conduits sous serre et une production de 11,4 millions t en plus d’un volume export de 2,5 millions de t, contre 1,2 million, avec une diversification des marchés.
Pour les agrumes, il s’agit de stabiliser la superficie agrumicole à 130.000 ha et le renouvellement et/ou la reconversion de 22.500 ha en plus de l’amélioration de la production pour atteindre 3,340 millions t via l’augmentation des rendements. Quant à la filière oléicole, le but est d’en étendre la superficie pour arriver à 1,4 millions ha contre 1,1 millions d’hectares en 2020 avec une augmentation de la production pour atteindre 3,5 millions t contre 1,7 millions en 2020. Par ailleurs, d’autres filières telles que l’arganier, les dattes, les roses à parfum et le safran sont également concernées par cette démarche.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO