Conseil de la concurrence. 100 dossiers chauds au menu !

Il s’agit des dossiers qui se sont amoncelés durant la période où le Conseil était quasiment «en veilleuse» après la fin du mandat de ses membres. Le plafonnement des marges bénéficiaires des pétroliers fera l’objet d’un avis du Conseil suite à la saisine du ministre des Affaires générales et de la gouvernance.
Pas moins d’une centaine de dossiers attendent le nouveau président et les 12 nouveaux membres du Conseil de la concurrence dont la cérémonie d’installation a eu lieu, mercredi, à Rabat. «Une réunion du Conseil prévue ce vendredi, sera justement consacrée à la prioritisation de ces dossiers», nous a confié Salwa Karkri Belkziz, membre du Conseil. Parmi ces dossiers chauds figure le plafonnement des marges bénéficiaires des distributeurs des hydrocarbures. Le conseil fraîchement mis en place a été saisi, à ce sujet, par le ministre des Affaires générales et de la gouvernance. Lahcen Daoudi attendait cette occasion avec impatience, lui qui fut confronté au lobby des pétroliers qui avaient brandi la menace de bloquer l’approvisionnement du marché au cas où le ministre persisterait dans sa demande. Aujourd’hui, les paramètres ont changé avec la réactivation du Conseil qui aura toute latitude de statuer sur ce type de dossier. Les membres du Conseil vont pouvoir démarrer leur mission après avoir prêté serment devant la Cour d’appel de Rabat jeudi.
Ainsi l’édifice institutionnel est achevé permettant à cette institution constitutionnelle indépendante de commencer à travailler. Pour son président, Driss Guerraoui, il est prématuré de citer aujourd’hui tous les chantiers prioritaires car il s’agit de sujets qui vont être démocratiquement discutés par les membres du conseil. Ceci dit, il a affirmé avoir été saisi par le ministre des Affaires générales et de la gouvernance au sujet d’un avis sur le plafonnement des marges bénéficiaires des pétroliers. C’est un avis sur lequel le conseil va se penche en respect des procédures en vigueur, a-t-il précisé. Mais il est clair, vu la sensibilité du sujet, que les membres du Conseil s’y attèleront avec célérité. Et le responsable d’ajouter que le Conseil va essayer de travailler dans le cadre de la transparence et la neutralité à la fois vis-à-vis du monde des affaires quelle qu’en soit l’origine et du monde politique. D’autre part, les objectifs stratégiques assignés au Conseil seront les seuls guides dans toutes les décisions, avis et recommandations que fera le Conseil à toutes les parties prenantes qui le saisissent. L’une des grandes priorités en matière de décision et d’avis c’est la protection du consommateur et la préservation du pouvoir d’achat des citoyens. Le deuxième objectif stratégique, explique Guerraoui, c’est de sécuriser l’approvisionnement du pays de tous les biens de consommation et d’équipement nécessaires à l’indépendance économique et à la préservation des intérêts supérieurs de l’économie national. Ce sont ces principes directeurs qui seront à la base et les plus décisifs dans tout avis, recommandation ou décision que le conseil fera.
«Le Conseil de la concurrence a un rôle à jouer pour une nouvelle génération de gouvernance économique, de régulation du marché et de la concurrence afin de contribuer à la mise en place d’un nouveau modèle de développement qui concilie entre les intérêts de l’économie et les exigences de la justice sociale», a affirmé le président du conseil.
Il s’agit d’un équilibre intelligent que le président et les membres du conseil essayerons d’observer notamment à travers une écoute la plus large possible de toutes les parties prenantes à chaque fois que le Conseil est saisi pour donner un avis ou prendre une décision. Il faut dire que la tâche n’est pas facile surtout après une période de stagnation qui a duré plus de 5 ans où le conseil ressemblait à une coquille vide. Aujourd’hui, tous les regards, surtout du monde des affaires, se tournent vers ce Conseil qui renaît pour faire régner les règles de la concurrence pour un marché sain.
Salwa Karkri Belkziz
Membre du conseil de la concurrence
En tant que chef d’entreprise dans le domaine des services et des technologies de l’information, j’espère pouvoir apporter une vraie valeur ajoutée au Conseil de la concurrence. La responsabilité est énorme et il est temps de réactiver ce Conseil et de lui donner les moyens dont il a besoin. Aujourd’hui, les orientations du Souverain et les textes de loi nous octroient entièrement le pouvoir décisionnel. Nous sommes tenus d’être impartiaux avec de fortes valeurs d’éthique, d’indépendance et de transparence que le choix des membres reflète désormais. Et je peux vous assurer que quoi qu’il arrive côté lobbying, nous sommes décidés à faire notre travail dans l’intérêt général.