Connectivité et grands événements sportifs : entre enjeux stratégiques et ambitions mondiales

Bien que des progrès aient été réalisés, notamment avec la généralisation du déploiement de la 4G – bientôt la 5G – et de la fibre optique, des investissements supplémentaires sont nécessaires pour répondre aux exigences d’événements comme la CAN 2025 ou la Coupe du monde 2030. L’enjeu est énorme. Dans les stades et en dehors, la connectivité joue un rôle clé dans l’expérience des spectateurs, la diffusion en direct et le rayonnement international du pays. Pour en parler, le groupe Horizon Press a organisé une table ronde dédiée. En voici les principales conclusions.
Essentielle tant pour la diffusion et le partage que pour l’expérience des spectateurs, la connectivité est un des axes prioritaires sur lesquels repose la réussite des grands événements sportifs, et pas que, que le Maroc s’apprête à organiser, notamment la Coupe d’Afrique des nations 2025 et la Coupe du monde 2030.
Le sujet est peu ou pas évoqué pour autant. Et pourtant, plus qu’une nécessité, c’est une exigence. D’où la pertinence de la table ronde organisée par le groupe Horizon Press dans le cadre de son cycle Le Cercle des Inspirations Eco.
Animé par Hicham Bennani, directeur général délégué en charge du pôle éditorial du groupe, le débat a vu intervenir opérateurs et acteurs de premier plan: Mohamed Bennis, B2B sales director à Orange Maroc, Mehdi Sekkouri Alaoui, directeur général de Stadia et président de la Fédération marocaine des professionnels du Sport, Zaki Lahbabi, directeur général de TSM, agence spécialisée en marketing sportif et Taoufik Radi Benjelloun, founder et CEO de Play Management Group. Tous sont unanimes : si le Maroc a franchi bien des étapes, beaucoup à reste à faire.
«Des événements comme la CAN ou le Mondial ne se gagnent pas seulement sur le terrain, mais aussi sur la connectivité», résume Hicham Bennani.
C’est dire. Le Maroc, avec sa stratégie Maroc Digital 2030, déploie des infrastructures télécoms de plus en plus performantes pour répondre aux exigences des grands événements sportifs comme la CAN ou le Mondial. La connectivité, nécessite pour autant davantage d’investissements, dans les stades et, aussi et surtout, en dehors. Plus qu’une simple infrastructure technique, la connectivité devient un levier d’image, de performance et d’expérience pour les spectateurs, les professionnels du sport et les diffuseurs internationaux.
Un bond technologique en marche
«Le Maroc a fait des progrès significatifs depuis la libéralisation du marché des télécoms au début des années 2000», affirme d’emblée Mohamed Bennis, celui à qui incombe la responsabilité d’accompagner les entreprises et les administrations se digitaliser, se développer et se transformer.
Le pays bénéficie aujourd’hui d’une couverture 4G nationale, y compris dans les zones rurales ou reculées grâce aux mécanismes de couverture universelle. Si le réseau fixe accuse un léger retard en comparaison avec les standards européens, la fibre optique gagne du terrain, notamment via les réseaux FTTH (Fiber To The Home).
«Actuellement, 11% des foyers sont couverts en fibre FTTH. L’objectif de la stratégie Maroc Digital 2030 est d’atteindre 5,5 millions de foyers connectés à haut débit», précise Bennis.
Une avancée qui profitera aussi aux lieux stratégiques comme les stades, appelés à jouer un rôle central dans l’organisation des grands événements sportifs. À la démocratisation de la fibre optique s’ajoutera dans ce sens l’ouverture de la 5G au Royaume. La technologie, bien que pas encore lancée officiellement, suscite beaucoup d’attentes.
«Nos réseaux sont prêts à être upgradés. Nous attendons l’appel d’offres de l’ANRT», indique Mohamed Bennis. Cette avancée pourrait se concrétiser avant la CAN 2025.
Des exigences précises
Ce n’est pas un choix. «Quand un pays se porte candidat pour accueillir un événement comme la CAN ou la Coupe du monde, il doit répondre à un cahier des charges très strict, notamment en matière de connectivité», explique Mehdi Sekkouri Alaoui, directeur général de Stadia et président de la Fédération marocaine des professionnels du Sport.
La FIFA, par exemple, analyse l’état global de la connectivité du pays ainsi que les dispositifs prévus dans les enceintes sportives. La connectivité ne concerne pas seulement la diffusion TV ou les besoins des journalistes, des photographes, des réseaux sociaux, des streamings en direct. Elle participe également, et grandement, à l’expérience même des spectateurs.
«Cela suppose un réseau ultra-performant, adapté à des flux très intenses», ajoute Sekkouri Alaoui.
«L’ensemble de l’expérience client dans les stades va être revu de manière systémique. On parle de billetterie connectée, d’applications mobiles pour suivre les stats en direct, commander de la nourriture ou revoir les meilleures actions». L’un des défis majeurs reste la gestion des pics de trafic pendant les matchs.
Mohamed Bennis insiste sur la nécessité d’une planification fine. «Il ne suffit pas d’installer plus d’antennes ou de fibre. Il faut anticiper les usages, déployer des systèmes de monitoring en temps réel, réallouer la capacité selon les besoins et événements du match», souligne-t-il. La connectivité est aussi une affaire de coordination. Pour que les opérateurs puissent intervenir efficacement, l’accès au domaine public est crucial.
«C’est une question de volonté collective et de facilité réglementaire», souligne Bennis.
Plus qu’une question d’image
Pour Zaki Lahbabi, la connectivité est le socle invisible du rayonnement médiatique. «C’est grâce aux réseaux télécoms que l’événement peut être vécu en direct par le plus grand nombre, au Maroc comme à l’international. C’est aussi un outil marketing puissant».
Lahbabi prend l’exemple du Marathon des Sables, «un événement dans le désert, mais grâce à la connectivité, il est retransmis en live, touchant une audience mondiale».
Le Maroc veut montrer qu’il est prêt, non seulement à accueillir des événements sportifs d’envergure, mais aussi à les faire rayonner à l’ère du tout-numérique. La connectivité, au cœur des dispositifs techniques, logistiques et marketing, se présente désormais comme un véritable enjeu de souveraineté, de compétitivité et de rayonnement. La clé du succès réside dans une bonne planification, la communication des besoins et la garantie que ces derniers seront satisfaits dans les délais impartis.
«Lorsqu’un fan arrive de l’étranger pour assister à la Coupe du Monde, il doit pouvoir se connecter dès son arrivée à l’aéroport et bénéficier d’un service de roaming international de qualité. Par la suite, il doit pouvoir se déplacer facilement jusqu’à son hôtel, où la connectivité dans les chambres doit être optimale. La connectivité s’étend également aux moyens de transport, comme le TGV ou les trains. Le stade arrive en bout de chaîne», explique Mohamed Bennis pour qui la connectivité est un tout. Et c’est tout un programme.
Mohamed Bennis
B2B Sales Director à Orange Maroc
«Les stades ne sont pas isolés. Ils font partie d’un écosystème urbain qui nécessite des infrastructures robustes. Pour accompagner les grands événements sportifs, il est essentiel de renforcer ces infrastructures».
Mehdi Sekkouri Alaoui
Président de la Fédération marocaine des professionnels du sport
«Les exigences d’instances comme la FIFA en matière de connectivité sont de plus en plus strictes. Aujourd’hui, il est essentiel d’avoir une hyper-connectivité pour diffuser en direct, notamment pour des événements comme la Coupe du Monde, où les technologies comme le streaming et le live sont devenues incontournables».
Zaki Lahbabi
Directeur général de TSM
«Les télécoms sont indispensables pour offrir une expérience de haut niveau, tant pour les spectateurs sur place que pour ceux qui suivent l’événement à distance».
Ilyas Bellarb / Les Inspirations ÉCO