Conjoncture : la croissance tourne au ralenti
Au cours des sept premiers mois de l’année 2022, des signes de reprise sont perceptibles, en particulier au niveau des activités tertiaires, notamment le tourisme et le transport, en liaison avec le rétablissement de la situation sanitaire et la réouverture des frontières. Par ailleurs, l’évolution des autres indicateurs de conjoncture laisse apparaître des résultats mitigés.
Sur la base des derniers résultats des comptes nationaux trimestriels, l’économie nationale a affiché un ralentissement de la croissance à +0,3% au cours du T1-2022 contre +2% au T1-2021, et ce, compte tenu de la baisse de la valeur ajoutée agricole. Selon la Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE), la valeur ajoutée du secteur primaire a accusé une baisse de -13,9% au T1-22 contre une hausse de +18,7% un an auparavant. Cette contre-performance est imputable au repli de la valeur ajoutée du secteur agricole de -14,3% au lieu de +19,4%, en lien avec la faible campagne céréalière.
Le secteur de la pêche a, également, enregistré un recul de -7,3% contre +4,5%. Parallèlement, la valeur ajoutée du secteur secondaire a enregistré une baisse de -0,9% contre +1,1% un an auparavant. Cette évolution recouvre, d’une part, un recul des valeurs ajoutées des secteurs de l’industrie extractive (-4,8% au T1-22 contre +3% au T1-21) et des industries de transformation (-2,4% contre -0,8%) et, d’autre part, des augmentations au niveau de l’électricité, gaz, eau, assainissement et déchets (+3,7% contre +1,4%) et du BTP (+1,8% contre +5,7%). Par contre, la valeur ajoutée du secteur tertiaire a enregistré une augmentation de +4,4% contre -0,8% au T1-21.
Cette évolution est liée à la progression de la croissance de l’ensemble des secteurs, notamment l’hébergement et la restauration (+25,3% après –27,9%), le transport (+5,7% après -15,5%), le commerce et réparation de véhicules (+5,7% après -15,5%), les services rendus par l’administration (+4,8% contre +4,5%) et les services de l’éducation (+4% contre +2,3%). Par ailleurs, un ralentissement a été constaté au niveau des services financiers et assurances (+2,1% après +2,7%) et des services immobiliers (+1,9% contre +2,5%). Tenant compte de ces évolutions, la croissance de la valeur ajoutée non agricole a affiché une hausse de +2,5% contre -0,1% au T1-21.
Reprise des exportations
Jusqu’à fin juillet 2022, les exportations de marchandises ont atteint 246,1 MMDH, soutenues par la bonne performance enregistrée par la totalité des secteurs, notamment ceux des phosphates et dérivés, de l’automobile, de l’agriculture et l’agroalimentaire et du textile et cuir. En effet, les ventes des phosphates et dérivés ont augmenté de +30,8 MMDH ou +81,1% pour s’établir à 68,8 MMDH suite à un effet prix. Ainsi, les exportations se sont renforcées de +61,6% pour le phosphate, de +94,1% pour les engrais et de +56,7% pour l’acide phosphorique, au moment où les ventes en volume se sont repliées, respectivement, de -41,5%, -14,3% et -26,7%. Hors OCP, les exportations se sont consolidées de +40,3 MMDH (+29,4%) pour atteindre 177,3 MMDH, favorisées par le bon comportement des exportations des industries liées aux métiers mondiaux du Maroc, notamment les secteurs de l’aéronautique (+57,9%), de l’électronique et électricité (+32,4%), de l’automobile (+31,6%), du textile et cuir (+28,8%) et de l’agriculture et agro-alimentaire (+23,3%).
Augmentation de la facture énergétique de 127,2%
Durant les sept premiers mois de l’année, l’un des principaux facteurs qui ont impacté les importations est celui de la facture énergétique. En effet, les importations de cette dernière ont atteint 429,6 MMDH. Ainsi, la facture énergétique s’est renchérie de +49,3 MMDH (+127,2%), sous l’effet principalement de la hausse des approvisionnements en gasoil et fuel-oils (+126,5%), dont les prix ont presque doublé alors que les quantités importées n’ont progressé que de +9,4%.
De même, la facture alimentaire s’est appréciée de +18,8 MMDH (+52,8%), tirée essentiellement par l’accroissement de +99% des achats du blé dû à l’effet prix en hausse de +55,3% au moment où les quantités importées ont affiché une hausse de +28,1. De même, les importations de l’orge ont enregistré une augmentation importante de +692%. Hors produits énergétiques et alimentaires, les importations ont progressé de +67 MMDH (+30,4%) pour s’établir à 287 MMDH. Ainsi, les achats de demi-produits ont rebondi de +55,6%, suite principalement à une forte hausse de +252% des importations d’ammoniac.
De même, les acquisitions de biens d’équipement ont augmenté de +18%, en raison de la hausse des importations des parties d’avions et d’autres véhicules aériens (+65%), des moteurs à pistons (+29,4%) et des fils et câbles (+25,8%). De leur côté, les achats de produits bruts et de biens de consommation se sont accrus, respectivement, de +80,3% et +8,7%. Généralement, on constate que la situation des échanges extérieurs a été caractérisée par une hausse de +64 MMDH (+53,5%) du déficit commercial, pour se situer à -183,5 MMDH. Cette évolution est attribuée à une augmentation des importations de +135,1 MMDH (+45,9%) plus importante que celle des exportations de +71,1 MMDH (+40,7%), ramenant ainsi le taux de couverture à 57,3% à fin juillet 2022 contre 59,4% à fin juillet 2021.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO