Maroc

Conformité aux critères ESG : omettre la RSE, un choix risqué ?

Dans le secteur bancaire, l’intégration de la RSE revêt une importance capitale pour assurer la durabilité et l’impact sociétal positif. Les pratiques durables ainsi que l’obtention de certifications ISO contribuent à structurer les actions des banques en faveur d’un engagement social et environnemental responsable. Cependant, une question se pose : quels sont les coûts potentiels de ne pas adopter la RSE dans ce secteur ? Si la RSE n’est pas pleinement intégrée dans la stratégie et les processus de l’entreprise, ne risque-t-elle pas de devenir une charge plutôt qu’un investissement rentable ?

L’intégration de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) dans le secteur bancaire constitue un enjeu majeur pour le développement durable et l’impact positif sur la société. «C’est dans cette optique que Bank of Africa (BOA), par le biais de son engagement continu envers la RSE, a pris des mesures tangibles pour aligner ses activités sur des pratiques durables», indique Mamoun Tahri Joutei, directeur central Intelligence économique & Développement durable Pôle gouvernance & RSE du groupe Bank Of Africa. Depuis les premières discussions sur la nécessité d’une approche extrafinancière en 2003, la banque a fait des pas significatifs dans la mise en place d’une méthodologie fiable et évaluable pour aborder les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Cette démarche méthodologique s’est concrétisée par l’obtention de certifications telles que l’ISO 14001, l’ISO 45001 et d’autres, qui ont permis à la banque de structurer ses pratiques et d’assurer une évaluation crédible de ses actions. Dans cette optique, la BOA a également opté pour une évaluation globale extrafinancière, fournissant ainsi un cadre de référence pour définir les actions nécessaires à l’amélioration continue de ses performances en matière de RSE. «Cette approche, intégrant des recommandations et des conseils, a permis à la banque de se positionner en tant que leader dans son secteur», explique-t-il. Par ailleurs, un aspect crucial de l’approche de Banque of Africa en matière de RSE, relevé par Mamoun Tahri Joutei, est l’évaluation de l’impact de ses actions sur l’ensemble de ses parties prenantes. Cette démarche repose sur le concept de double matérialité, qui prend en compte à la fois les aspects sociaux et financiers de ses activités. En mettant l’accent sur la maximisation de l’impact positif, la banque cherche à aligner ses actions sur les attentes de ses parties prenantes tout en assurant sa propre viabilité financière. En outre, la BOA accompagne ses clients dans la mise en place de plans de remédiation pour minimiser l’impact environnemental et social de leurs investissements. Cette approche proactive vise à garantir que les activités financées par la banque respectent les normes ESG les plus élevées, tout en favorisant le développement durable. Cependant, mettre en pratique ces principes de manière efficace nécessite un engagement continu à tous les niveaux de l’organisation. De même, l’intervenant juge que la gouvernance joue un rôle essentiel dans la définition et la mise en œuvre des politiques RSE, tandis que la formation et l’accompagnement des collaborateurs sont cruciaux pour garantir une compréhension et une application cohérentes de ces principes.

Le coût de l’inaction
Ne pas prendre en compte les implications de la RSE peut avoir des conséquences financières, opérationnelles et stratégiques significatives.

«Actuellement, évaluer les coûts liés aux ressources humaines, à la logistique et aux systèmes d’information est crucial pour comprendre l’impact financier de ne pas adopter la RSE», atteste Abdellah Talib, directeur du Développement durable, Communication et Innovation à Lydec.

La RSE devient effectivement une charge lorsqu’elle n’est pas intégrée de manière holistique dans la stratégie et les processus de l’entreprise. Il ajoute que des études ont démontré qu’une approche proactive de la RSE peut contribuer à la création de valeur à long terme. Cela nécessite une orientation vers le moyen et le long terme plutôt que de se concentrer uniquement sur les gains immédiats. Prioriser la RSE revient à reconnaître qu’il ne s’agit pas simplement d’un coût supplémentaire, mais d’une nécessité pour assurer la durabilité et la pertinence future de l’entreprise. Comme le souligne Abdellah Talib, qui ajoute que les entreprises qui continuent dans leur modèle traditionnel risquent l’obsolescence à long terme.

Dans le domaine de l’assurance, «nous sommes en train de vivre les conséquences du réchauffement climatique», relève de son côté, Taoufik Lachker Hidara, directeur général de la Marocaine Vie. Il souligne que derrière chaque phénomène de réchauffement climatique, il y a une série de catastrophes naturelles. Ces risques se traduisent par des coûts considérables pour l’industrie de l’assurance et de la réassurance. Il cite l’exemple des cyclones au Maroc : «Autrefois, ils se produisaient tous les dix ans, maintenant c’est tous les trois ans, voire chaque année. Ces coûts ne sont pas négligeables, ils sont intégrés dans nos activités aujourd’hui. Ignorer la RSE signifie compromettre la viabilité même de notre modèle économique. Si nous ne nous engageons pas dans une démarche de responsabilité sociétale, nous risquons tout simplement de disparaître un jour».

Il affirme d’ailleurs que certaines compagnies d’assurance américaines ont fait faillite en raison des catastrophes naturelles et de leur mauvaise évaluation des risques climatiques.

«Aujourd’hui, même dans le secteur financier, nous sommes de plus en plus amenés à couvrir ces risques climatiques, car ils font partie du quotidien de nos clients. Il y a dix ans, exclure les tremblements de terre ou les inondations de nos polices d’assurance était courant, mais, aujourd’hui, c’est devenu de plus en plus difficile à justifier», admet-il.

Taoufik Lachker Hidara
Directeur général de la Marocaine Vie

«Derrière chaque phénomène de réchauffement climatique, il y a une série de catastrophes naturelles. Ces risques se traduisent par des coûts considérables pour l’industrie de l’assurance et de la réassurance»

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO


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