Maroc

Casablanca vs Alsa : la commune éponge progressivement sa dette

La société espagnole Alsa, opérateur de bus de la commune de Casablanca, réclame le remboursement d’une dette importante à ses partenaires marocains. La somme réclamée, qui s’élève à plusieurs millions d’euros, se serait accumulée au fil des années. Elle représente désormais un défi financier majeur pour les deux parties. 

Le différend entre la société espagnole Alsa et la commune de Casablanca fait couler beaucoup d’encre dans le pays ibérique. Alsa, opérateur de bus à Casablanca depuis 2019, réclame aujourd’hui la somme de 40 millions d’euros. Il a même sollicité l’intervention de l’ambassade d’Espagne au Maroc pour récupérer son dû. Selon des sources proches du dossier, citées par les médias espagnols, «les paiements, bien qu’avec un peu de retard, sont effectués périodiquement». Mais «l’existence de dettes entre entreprises fournisseurs et administrations publiques n’est pas une situation exceptionnelle», admet la société, dont le plus grand contrat à l’étranger est celui conclu avec la ville de Casablanca.

130 millions déjà versés
Contacté par nos soins, Moulay Ahmed Afilal, vice-président de la commune de Casablanca, reconnaît l’existence de la dette, affirmant que «la ville de Casablanca est disposée à payer». «C’est une société, et nous comprenons parfaitement qu’elle ait des frais», dit-il, en précisant que «la Commune est en train d’éponger sa dette, avec l’aide, notamment, de la Direction générale des collectivités territoriales (DGCT)». La dette remonte à plusieurs années, bien avant l’arrivée de la maire de Casablanca, Nabila Rmili, comme le confirme notre interlocuteur.

«Nous avons découvert un déficit très important à notre arrivée, au début de notre mandat en 2021. Les sommes dues n’étaient pas intégralement payées et il y avait effectivement un écart énorme», explique Afilal.

Cependant, contrairement à ce qui est avancé dans les médias espagnols, la dette, qui s’élevait à 55 millions d’euros au départ, serait de moins de 40 millions d’euros aujourd’hui.

«L’année dernière, nous avons réglé plus de 130 millions de dirhams au titre de cette créance, mais la difficulté est que chaque mois, son encours augmente», indique-t-il. L’autre difficulté majeure réside dans le manque de moyens financiers, affirme le vice-président.

«Le budget de la commune n’est pas énorme, alors que les frais sont importants, en plus des divers projets déjà lancés», justifie-t-il.

En effet, Casablanca est engagée dans plusieurs initiatives de développement urbain et d’infrastructure qui nécessitent des investissements conséquents. Ces projets incluent la modernisation des routes, l’amélioration des services publics et la construction de nouvelles installations, autant d’éléments essentiels pour répondre aux besoins d’une population croissante. Par ailleurs, une autre source de déficit provient de la politique tarifaire adoptée pour les transports en commun.

«Chaque Casablancais contribue à creuser ce déficit, car en réalité, le billet de bus devrait coûter 8 ou 9 DH. Cependant, la ville a décidé de fixer le tarif à 5 DH et prend en charge la différence», explique Afilal.

Cette décision, bien qu’elle soit bénéfique pour les citoyens en rendant le transport pblic plus abordable, impose une charge financière supplémentaire à la commune.

Discussions en cours
Des discussions sont actuellement en cours, affirme Afilal, soulignant que la commune «demeure très satisfaite de sa collaboration avec la société espagnole» et que cette dette «ne remet nullement en cause le contrat». Les relations entre la Commune de Casablanca et Alsa restent solides et constructives, malgré les difficultés financières. Les deux parties travailleraient de concert pour trouver un plan de paiement réaliste et à long terme, permettant de régler la dette tout en assurant la continuité du service de transport public.

Pour rappel, l’Établissement de coopération intercommunale (ECI) Al Baida et la société Alsa Maroc ont conclu, en octobre 2019, le contrat de gestion déléguée de transport collectif urbain par autobus sur le territoire des 18 communes du Grand Casablanca.

Le contrat a pris effet le 1er novembre 2019 et porte sur une durée de 10 ans, pouvant être prolongée de 5 ans. Une première phase, dite d’initialisation, s’est étendue du 1er novembre 2019 au 31 décembre 2020, durant laquelle Alsa Al Baida, dénomination donnée à la filiale du groupe Alsa Transport, a opéré, d’abord, avec quelque 250 bus «dans un état fortement détérioré», repris de M’dina Bus. La deuxième phase, qui a commencé en 2021, a permis le déploiement d’une flotte permanente de 700 nouveaux bus, financés conjointement par l’ECI et Alsa.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO

 


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