Casablanca-Settat : un « Plan Marshall » pour les jeunes porteurs de projets
Le Conseil de la Région Casablanca-Settat veut concrétiser ses engagements en faveur de l’innovation et de la créativité des jeunes de la région, en finançant des projets à même de développer l’esprit d’entrepreneuriat.
Par les temps qui courent où le resserrement des financements est à la mode, le Conseil de la Région Casablanca-Settat tente de sortir du lot. Partant de sa volonté d’appuyer les initiatives privées et de promouvoir l’investissement, le Conseil a décidé, lors de la session d’octobre, de consacrer une enveloppe budgétaire de 10 MDH au financement de projets visant à développer l’esprit entrepreneurial des jeunes dans le cadre des pôles d’excellence universitaires. 75 jeunes porteurs d’idées innovantes ont ainsi été identifiés.
Dans le détail, il est question de soutenir l’esprit d’initiative et d’innovation des jeunes dans les secteurs agricole et technologique en leur assurant un accompagnement technique et financier pour mener à bien leurs projets. Pour ce faire, a été décidée la création d’un centre régional à dimension africaine au sein de Casablanca Finance City (CFC). Fintech, tel sera le nom de ce centre qui aura comme objectif de soutenir les jeunes entreprises dans le domaine de la technologie financière et de leur permettre un développement durable. Ce projet, dont le coût s’élève à 2,5 MDH (dont 2 MDH octroyés par la région) durant la première année, permettra d’allouer 250.000 DH à 8 entreprises/TPE actives dans le domaine des technologies financières qui seront choisies suite à un appel d’offres en 2021. CFC accordera également 500.000 DH pour couvrir notamment les frais relatifs à la mise en place du centre durant la première année.
Clin d’oeil au domaine agricole
En plus de l’accompagnement des jeunes sur les volets technologique et financier, le conseil a approuvé un accord de partenariat et de coopération avec l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) pour la promotion de l’esprit entrepreneurial et innovant dans le domaine agricole. Cet accord, qui mobilise les cadres de l’institut, a pour finalité d’encourager la recherche scientifique, particulièrement dans le domaine agricole, et d’accompagner les jeunes et les coopératives dans le renforcement de leurs compétences. En vue de dynamiser cet accord, le conseil s’est engagé à le financer entièrement en transférant un montant de 750.000 DH à l’INRA pour lui permettre de programmer des formations au profit de 15 porteurs de projets qui seront choisis au terme d’un appel d’offres.
Les universités à contribution
Pour une meilleure diffusion de la culture entrepreneuriale, notamment dans la communauté estudiantine de la région, les universités seront mises à contribution. C’est dans ce sens que le conseil a conclu un accord de partenariat et de coopération avec les trois universités de la région, à savoir les universités Hassan II de Casablanca, Hassan 1er de Settat et Chouaib Doukkali d’El Jadida, pour le développement de l’esprit entrepreneurial auprès des étudiants et l’encouragement de la création de projets innovants. Ces accords avec les établissements universitaires portent sur 24 projets/TPE (8 au niveau de chaque université) et reposent notamment sur un accompagnement post-création au sein des universités, le développement d’un climat de communication entre le monde académique et le secteur privé, ainsi que l’accès au monde de création des entreprises et aux marchés, indique-t-on. Le budget alloué à ce projet s’élève à 12 MDH (4 MDH pour chaque projet universitaire) et s’étale sur 42 mois avec une contribution de la région à hauteur de 6 MDH, alors que chaque université participe avec 2 MDH. Il faut dire que tous ces projets tombent à pic au vu de l’explosion du chômage dans la région. Autrement dit, la région, qui regorge de ressources humaines qualifiées dans tous les domaines puisqu’elle abrite trois universités publiques (60.000 étudiants formés en 2017) et un réseau important de centres de formation (70.000 jeunes qualifiés dans tous les domaines), outre des centres de formation privés, est une vraie mine de matière grise à ciel ouvert. Les jeunes, qui constituent plus de 65% de la population de la Région Casablanca-Settat, figurent au cœur des plans de développement qui visent à les intégrer de manière effective dans le tissu économique pour en faire une force d’innovation, de créativité et d’initiative. Élaborées suivant une démarche participative impliquant différents acteurs de la région, ces initiatives du conseil de la région s’inscrivent dans le cadre d’un vaste programme de développement régional qui prévoit 160 projets de développement d’ici 2021, pour un montant global de 115 MMDH porté par des acteurs publics et privés. Cette enveloppe est investie dans cinq grands axes stratégiques, dont l’environnement, l’entreprise et l’innovation, ainsi que l’emploi.
Meriem Zairi
Présidente de la commission Startup et entrepreneuriat à la CGEM
Nous ne pouvons que féliciter ce type d’initiative en faveur de la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes au Maroc, et dans la région de Casablanca-Settat plus particulièrement. Les jeunes entrepreneurs sont un véritable vivier d’innovation et de création de valeur qu’il faut appuyer et accompagner pour qu’ils puissent réaliser leur plein potentiel pour un modèle de développement plus inclusif et pérenne de notre pays. Accès aux financements, accès à de l’expertise et accès aux marchés sont les fers de lance d’un accompagnement de qualité à ces jeunes. Il s’agit également de chantiers que la CGEM porte, notamment avec la plateforme “Intaliq” qui propose des services d’information, de formation et d’accompagnement à tous les entrepreneurs, ou encore dans le cadre de l’accompagnement des jeunes porteurs de projets et des TPE ayant bénéficié du programme Intelaka avec la plateforme “première commande” pour faciliter l’accès aux marchés à ces porteurs de projets.
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco