Maroc

Budget 2025 : l’État social propulse l’école, la santé et l’eau

L’Éducation nationale demeure le premier budget de la nation avec plus de 92 milliards de dirhams. Désormais, il s’agit d’apporter, en priorité, une réponse structurelle aux problèmes de l’école et, plus seulement, d’investir «dans les murs». Les deux autres montées en régime dans le budget concernent la santé, résultat de la mise en œuvre de la couverture universelle, et l’Eau. La réponse au stress hydrique que traverse le pays est à la hauteur de la crise : 17,55 milliards de DH en 2025 pour mettre sur orbite le Plan national de l’Eau. Les appels d’offres vont pleuvoir !

Il n’y a pas que les centaines de milliers de salariés qui vont voir changer la dernière ligne de leur bulletin de paie (salaire net) en janvier prochain à être les grands gagnants du budget 2025. L’Éducation  nationale, malgré la réduction de la taille des ménages et du nombre moyen d’enfants par femme, garde son rang de premier poste de dépense de la nation avec 79,35 milliards de dirhams (MMDH) de crédits de fonctionnement.

Au moins 60% de ce montant sont absorbés par les salaires et les charges sociales (cotisations aux organismes de retraite et d’assurance maladie). Rien d’étonnant car le «mammouth» concentre la moitié du personnel civil de l’État. Le ministère de l’Éducation nationale capte 37,5% des dépenses du personnel de l’État, répartis entre salaires et cotisations sociales des fonctionnaires. Il est suivi de l’Intérieur (21,89%), la Santé et Protection sociale (12,35%), l’Enseignement supérieur (8,07%), le ministère de l’Économie et des Finances (2,94%), la Justice (2,93%) et les Affaires étrangères (2,4%).

La hausse du budget de fonctionnement de l’Éducation nationale a mécaniquement été entraînée par les revalorisations concédées lors du traditionnel round de «dialogue social» du printemps dernier ainsi que par le reclassement de dizaines de milliers de contractuels au statut de fonctionnaire.

Pour rappel, le personnel de l’Éducation nationale avait décroché une revalorisation de 1.500 dirhams nets, dont la deuxième tranche sera répercutée sur le bulletin de paie de janvier 2025. Cette augmentation creuse un peu plus l’écart entre les agents de l’État et les employés du secteur privé. En effet, 2/3 des quatre millions de salariés immatriculés à la CNSS (à fin 2023) émargent en moyenne à 3.300 dirhams par mois.

D’un seul trait, leurs collègues du public auront été revalorisés de l’équivalent de 45% de leur salaire moyen ! En 2025, la poursuite de la mise en place de la feuille de route pour la réforme du système éducatif visant à accélérer la généralisation et l’amélioration de l’éducation préscolaire à l’horizon 2028 tout en élargissant l’offre éducative à travers le système scolaire, va entraîner un gros effort d’investissement. Il ne s’agit donc plus – comme cela avait été le cas trop longtemps -, d’investir exclusivement «dans les murs» (construction de nouveaux établissements), mais surtout dans l’amélioration de la qualité de l’enseignement.

Ainsi, 13,20 MMDH seront budgétisés en 2025 au titre de l’investissement. La guerre contre l’abandon scolaire reste à gagner. Malgré les progrès indéniables, des insuffisances notables demeurent, notamment en termes de qualité et de performance, entravant ainsi la transformation sociale escomptée, concède le gouvernement dans la note de présentation du projet de Loi de finances.

L’abandon scolaire reste un défi majeur qui freine la réalisation des objectifs d’équité et d’inclusion même si les taux d’abandon scolaire ont reculé dans les trois cycles de l’enseignement. Ainsi, ces taux ne sont plus que de 1,5% au primaire en 2022-2023, 8,5% au collège et 7,4% au secondaire qualifiant.

Face au stress hydrique structurel dans lequel est plongé le Royaume, qui le rapproche chaque jour un peu plus de la «pénurie absolue» – moins de 500 m3 par personne et par an -, il fallait une réponse forte. Et comme attendu, celle-ci se veut musclée avec un effort d’investissement conséquent : 17,55 MMDH de crédits de paiement sont inscrits dans le budget 2025. Le gros de ce budget ira aux stations de dessalement d’eau et à la construction de nouveaux barrages.

À moyen terme, le gouvernement a par ailleurs voulu donner de la visibilité aux opérateurs positionnés sur le secteur des infrastructures liées à l’eau potable. Ainsi, 55,48 milliards de crédits d’engagement sont d’ores et déjà sécurisés à partir de 2026. Le Plan national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation (PNAEPI) 2020-2027 prévoit des projets estimés à 143 MMDH.

Dans le volet concernant l’accroissement des ressources hydriques, il est prévu de construire 153 grands barrages, ce qui implique une accélération sans précédent des mises en chantier sur trois ans, même s’il est fort probable que tout ce gigantesque programme ne soit pas achevé d’ici trente mois compte tenu des délais incompressibles liés aux études techniques et à la réglementation des marchés publics.

La «Santé et Protection sociale», pilier du chantier colossal de l’État social s’affirme désormais comme une priorité structurelle. La couverture sanitaire universelle fait désormais de la Santé un poids lourd des politiques publiques. Les ressources qui lui sont affectées ont été revalorisées pour la septième année consécutive, en passant à 39,4 MMDH, soit 7 milliards de plus que l’exercice précédent. En vingt ans, le budget de la Santé a été ainsi multiplié par plus de six.

En 2005, l’État y consacrait «seulement» 6,2 MMDH. Concernant l’effort réalisé en matière d’investissements, la même montée en régime est visible avec la mobilisation de 18 milliards, dont la moitié décaissable l’année prochaine.

L’’Agriculture, Pêche et le Développement rural» est l’autre grand gagnant dans le budget de l’année prochaine avec 23 MMDH de crédits d’investissement. Sur ce montant, 15,6 milliards sont à engager en 2025. Septième budget de la Nation, l’Enseignement supérieur est un peu à la peine avec une enveloppe réduite de 2 MMDH à 14,63 milliards de crédits de fonctionnement. Le message politique est clair : faire mieux, voire plus, à budget constant, car la pression démographique sur les campus, quant à elle, ne faiblit pas.

L’accroissement de l’effectif des nouveaux étudiants a atteint 5,6% en passant de 325.445 au titre de la rentrée universitaire 2023-2024 à 344.679 lors de la rentrée de septembre 2025. De même, le taux de scolarisation post-baccalauréat, pour la tranche d’âge 18-22 ans, a atteint 46,6% en 2022-2023 contre 42,8% en 2020-2021, marquant une amélioration d’environ quatre points.

Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO



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