Maroc

Biodiversité : le Maroc à la croisée des chemins

Entre terres arides et mers poissonneuses, le Maroc se trouve face à des défis environnementaux de taille. Un récent rapport du Nature conservation index met en lumière les menaces qui pèsent sur la biodiversité du pays. Malgré des efforts notables, le Royaume doit redoubler d’initiatives pour protéger ses écosystèmes uniques et améliorer son classement mondial.

Le dernier rapport du Nature conservation index (NCI), qui évalue les efforts de conservation dans 180 pays, révèle que le Maroc, malgré ses efforts notables, doit intensifier ses actions pour protéger sa biodiversité. Classé parmi les nations ayant un potentiel important de conservation, le Royaume est à la croisée des chemins, entre développement économique et préservation des écosystèmes naturels.

Ce rapport, détaillant les quatre piliers essentiels de la conservation, met en exergue les avancées et les lacunes du pays en matière de gestion des terres, de protection des espèces, de gouvernance, et de préparation aux défis futurs.

Une richesse naturelle menacée
Le Maroc abrite une biodiversité remarquable grâce à sa diversité géographique et climatique, allant des montagnes de l’Atlas aux zones désertiques du Sahara, en passant par ses côtes méditerranéennes et atlantiques. Cette richesse naturelle se traduit par le fait que 11% des espèces animales et 25% des plantes vasculaires sont endémiques au pays.

Cependant, cette biodiversité est sous pression, notamment en raison de l’urbanisation rapide, de l’agriculture intensive et de la surexploitation des ressources naturelles. La fragmentation des habitats, aggravée par la conversion des terres à des fins industrielles et agricoles, représente l’un des défis les plus préoccupants.

Selon le rapport, le Royaume a mis en place un réseau important d’aires protégées terrestres et marines, mais ces efforts demeurent insuffisants pour répondre aux défis actuels. Le pays compte 10 parcs nationaux, 18 parcs naturels, 8 réserves naturelles, 12 réserves biologiques, et 3 zones marines protégées, couvrant une superficie totale de 772.000 hectares.

Toutefois, le NCI recommande d’étendre cette couverture, notamment en augmentant la protection des zones maritimes. Le pays doit également améliorer la connectivité entre ces espaces afin de réduire la fragmentation des habitats, un élément essentiel pour préserver sa biodiversité.

Un cadre législatif à renforcer
Le NCI évalue également la capacité du Maroc à faire appliquer les lois environnementales. Bien que le Royaume ait signé plusieurs accords internationaux, tels que la Convention sur la biodiversité (CBD) et la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES), l’application de ces accords reste en deçà des attentes.

Le manque de ressources et les faibles budgets alloués à la conservation freinent l’efficacité des politiques publiques. Le rapport appelle à une meilleure allocation des ressources financières et à une coopération accrue entre les différents acteurs gouvernementaux et scientifiques ainsi qu’avec les ONG pour pallier ces lacunes.

En plus des efforts techniques et financiers, la sensibilisation des populations locales et la gouvernance participative sont des aspects cruciaux pour réussir la conservation au Maroc. Le rapport suggère de renforcer l’engagement des communautés locales dans les projets de conservation, en particulier dans les zones rurales où les traditions et les pratiques agricoles peuvent entrer en conflit avec les objectifs environnementaux. Des initiatives telles que la reforestation participative ou la gestion durable des ressources halieutiques pourraient contribuer à impliquer les populations locales dans la préservation des écosystèmes.

Les défis de demain
Enfin, le NCI projette les tendances futures pour le Maroc en matière de biodiversité. Avec la croissance démographique et les pressions climatiques, les menaces sur la biodiversité ne feront qu’augmenter. L’indice mentionne en particulier la dégradation des sols, la diminution des ressources en eau et l’augmentation des températures comme des facteurs aggravants.

Pour anticiper ces défis, le rapport recommande d’investir davantage dans la recherche et les technologies vertes, notamment dans les secteurs de l’agriculture durable et des énergies renouvelables, pour concilier développement économique et respect des écosystèmes. Le Royaume a réalisé des progrès notables en matière de conservation mais il reste encore beaucoup à faire. Le rapport du NCI constitue un appel à l’action, exhortant le Royaume à renforcer ses efforts, tant au niveau législatif qu’opérationnel, pour garantir un avenir durable à sa biodiversité.

Face aux défis écologiques croissants, le pays se trouve à un tournant décisif où ses choix d’aujourd’hui détermineront l’état de ses écosystèmes demain.

À court terme, le Maroc doit élargir ses aires protégées, améliorer la connectivité des habitats et renforcer l’application des lois environnementales, souligne le rapport. À long terme, l’accent devra être mis sur l’intégration de la conservation dans les politiques de développement durable, avec une meilleure gestion des ressources naturelles face aux pressions démographiques et climatiques.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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