Bâtiment : La FMCI anticipe sur la régionalisation avancée
Les ingénieurs des bureaux d’études ne veulent pas que les marchés des équipements publics, appelés à se multiplier dans le cadre de la régionalisation avancée, leur échappent. Pour le faire savoir, ils ont convié récemment, à Rabat, les donneurs d’ordres concernés pour un séminaire de sensibilisation.
Il n’y avait pas foule au séminaire de la Fédération marocaine du conseil et de l’ingénierie (FMCI), le 8 septembre dernier à Rabat! Aucun des ministres conviés par Moncef Ziani, le président de la FMCI, et son équipe n’ont en effet effectué le déplacement. Si Aziz Rabbah et Mohamed Hassad, respectivement ministre de l’Équipement, du transport et de la logistique (METL) et ministre de l’Intérieur, ont jugé bon de se faire représenter par leurs secrétaires généraux, il n’en était pas de même pour Nabil Benabdellah, ministre de l’Habitat et de la politique de la ville, et son homologue Driss Merroun, de l’Urbanisme et de l’aménagement du territoire, qui n’ont mandaté personne. Ceci étant, «cela n’a en rien altéré le message que nous avons voulu passer à travers ce séminaire. Vous l’avez vous-même constaté, notre thématique a suscité de l’intérêt.
Il y a eu beaucoup d’échanges lors des deux tables rondes», relève Ziani, visiblement satisfait de la journée. Axée sur le thème «L’ingénierie du bâtiment: état des lieux et perspectives», cette journée était principalement organisée pour sensibiliser les donneurs d’ordres publics, en l’occurrence la Direction des équipements publics (DEP), la Direction générale des collectivités locales (DGCL), les agences régionales d’exécution des projets (AREP), les sociétés de développement local (SDL), etc. à l’importance du secteur du bâtiment pour les bureaux d’études. C’est simple: le secteur du bâtiment représente le plus important marché pour l’ingénierie marocaine.
La majorité des bureaux d’études y interviennent et bon nombre d’entre eux ont choisi de se spécialiser dans ce domaine pour répondre aux besoins de ce secteur en termes de conception, de dimensionnement et de suivi d’exécution, dans la réalisation de tous types de construction: équipements publics, habitat, installations touristiques, commerciales et industrielles. «Je ne peux pas vous dire exactement ce que représentent les équipements publics – hôpitaux, écoles, bâtiments administratifs, etc. – dans le portefeuille global de la commande publique qui se situe à 15 MMDH, mais nous ne voulons pas que cela nous échappe. Surtout que ces équipements sont appelés à se multiplier dans le cadre de la régionalisation avancée», lâche Ziani, qui poursuit : «le marché des collectivités locales est l’avenir de l’ingénierie. C’est pourquoi, nous avons lancé plusieurs initiatives pour structurer notre cadre de coopération avec les donneurs d’ordres publics».
Le président de la FMCI veut notamment parler du travail mené au niveau de la Commission mixte pour le système des agréments avec le ministère de l’Équipement, du transport et de la logistique (METL), du lobbying qui a permis de re-centraliser toute la commande des équipements publics auprès de la Direction des équipements publics du METL ou encore des efforts qui ont abouti à l’amendement du règlement des achats du groupe Al Omrane.
Comme ses collègues, Ziani reconnaît aussi que la FMCI a plusieurs défis à relever pour organiser le secteur de l’ingénierie et redorer le blason des ingénieurs. L’accès à la profession est libre au Maroc: c’est-à-dire que toute personne qui le désire peut ouvrir un bureau d’études. Les honoraires des bureaux d’études sont très bas: ils représentent moins de 1% du marché décroché contre 3,5 à 4% pour ceux des architectes. Malgré la publication d’un guide des rémunérations des prestations d’ingénierie, ces honoraires ne sont pas encore tout à fait harmonisés. Le secteur n’a pas suffisamment de grands bureaux d’études pour répondre aux projets de grande envergure et tirer les petits vers le haut. Pourtant, certains d’entre eux parviennent à vendre leurs expertises à l’export.