Maroc

Banque mondiale : quels leviers pour mieux accompagner les réformes au Maroc ?

Le bilan du travail acharné de la Banque mondiale pour accélérer le développement du Maroc de 2011 à 2021 vient de tomber. Dans ce rapport sur l’efficacité de son accompagnement, l’institution financière met le doigt sur certaines lacunes persistantes.

Le Maroc connaît depuis 2011 un nouveau tournant dans sa politique gouvernementale et sa gouvernance. Pour accompagner son développement, le Royaume a fait appel à la Banque mondiale, qui vient de publier un rapport évaluant l’efficacité de son soutien entre 2011 et 2021, dans la résolution de quatre contraintes systémiques identifiées. La première est le manque de cohérence entre les politiques, les aspirations de développement du pays et la réduction des inégalités. Une situation qui a eu comme effet de favoriser certaines entreprises d’État. Une autre contrainte concerne les comportements de recherche de rente, qui découragent les nouveaux investisseurs.

Le rapport mentionne aussi la lenteur dans la mise en œuvre des politiques. Une conséquence de la capacité limitée du secteur public à mener des réformes. La dernière contrainte identifiée est la faible participation des citoyens, de la main-d’œuvre, et des sous-nations au développement du pays. Cette évaluation a fourni à la Banque mondiale de précieux enseignements pour mieux penser ses engagements au Maroc.

Ainsi, les programmes mis en place ont permis au Royaume de gagner en visibilité au classement Doing Business. En effet, en 2010, le Maroc se classait 128e sur 180 pays. Dix ans plus tard, il a atteint la 53e place.

De plus, le Groupe de la Banque mondiale a aidé les autorités à s’attaquer à d’autres chantiers importants pour la croissance du secteur privé, notamment l’inadéquation des compétences de la main-d’œuvre, l’accès inégal aux financements et la faible capacité institutionnelle.

QUELS Enseignements ?
La Banque mondiale a joué à fond la carte de l’influence dans son accompagnement de la mise en œuvre des politiques publiques. Ce fut le cas dans la préparation du CEM (Country Economic Memorandum), une base pour engager les autorités dans des réformes sensibles telles que l’investissement dans les institutions du marché et le renforcement de l’État de droit, ce qui a amené le Maroc à repenser son modèle de développement. Dans d’autres domaines, comme les réformes politiquement sensibles des subventions et des retraites, «la Banque mondiale a préféré s’en tenir à un rôle plus restreint en fournissant des analyses, car cela aurait pu compromettre les réformes», note le rapport.

Du côté de l’environnement des affaires, l’institution est parvenue à convaincre les autorités d’intégrer les résultats de l’enquête sur les entreprises «Enterprise Surveys» pour élargir l’agenda des réformes. D’un autre côté, la Société financière internationale (SFI), membre du groupe Banque mondiale et plus importante institution financière dédiée au secteur privé, a déployé son activité de conseil en vue d’inciter les grandes entreprises, y compris les entreprises publiques, à opérer des changements institutionnels.

La SFI a profondément marqué de son empreinte les réformes de l’environnement des affaires et de l’architecture financière du Royaume. Elle y est parvenue en apportant un soutien en termes de conseil et d’investissement aux bénéficiaires et en collaborant avec des institutions et des associations d’entreprises nationales clés pendant de nombreuses années.

Son activité de conseil a notamment incité les grandes entreprises à élever leurs normes environnementales, sociales et de gouvernance et a contribué à améliorer la gouvernance des entreprises publiques. Le prêt-programme pour les résultats (PforR) a remplacé l’appui budgétaire (DPF) comme instrument financier privilégié de la Banque mondiale afin d’accompagner la transition opérée par le gouvernement entre réformes des politiques publiques de première génération et réformes de deuxième génération, et financement fondé sur les résultats. Les inégalités territoriales ne sont pas en reste.

Dans ce sens, le Cadre de partenariat pays pour l’exercice 2019-2024 s’est distingué par la mise en place de nouvelles approches. En ce qui concerne l’implication des citoyens dans le développement du pays, l’institution indique que certains obstacles ont été observés durant ladite période, citant les réformes au niveau de la Justice. In fine, l’institution financière internationale indique qu’en dépit de l’accompagnement prodigué, des obstacles subsistent encore quant à l’émergence du Maroc. Les handicaps persistent notamment au niveau de l’emploi et l’intégration des femmes dans la machine économique. S’ajoutent à cela les dysfonctionnements constatés dans les financements des collectivités territoriales. Néanmoins, la Banque mondiale aspire à relever ces défis à travers l’adoption d’approches plus innovantes, en encourageant les parties prenantes à être plus impliquées.

Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO

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