Maroc

Autonomisation des femmes : un pas en avant, trois en arrière

Une fois de plus, le débat sur l’autonomisation des femmes refait surface dans le cercle des discussions politiques. Si l’enjeu est d’ouvrir de nouvelles opportunités et d’entreprendre des efforts significatifs pour promouvoir les conditions des femmes, la réalité donne du fil à retordre…

À la manière d’une campagne électorale bien huilée, Aziz Akhannouch, mène actuellement une session mensuelle à la Chambre des représentants sur le thème «l’autonomisation des femmes et les enjeux du développement». L’occasion pour le Chef du gouvernement de rappeler les dispositions de la Constitution de 2011 concernant l’intégration de la femme, de galvaniser les différents acteurs et derallier de nouvelles voix à cette cause. Une mobilisation tous azimuts qui est d’autant plus nécessaire que le Maroc vient d’être classé à la 144e place du Global Gender Gap Index, l’indice mondial de l’écart entre les genres.
On est loin du compte
La participation économique des femmes a régressé au niveau national, passant de 23,4% en 2010 à 20% en 2021, avec une perte de 1 point de pourcentage du PIB, soit 13 MMDH par an. Malgré les progrès réalisés en matière d’éducation des filles et de réduction de l’analphabétisme chez les femmes, les données livrées par Akhannouch dévoilent que bien que six femmes sur dix aient accès à l’éducation, seulement deux d’entre elles intègrent le marché du travail, et une seule femme sur dix perçoit une rémunération pour son travail. Cela dit, rien n’est encore perdu. La réunion du Comité national pour l’égalité des chances et la promotion de la femme vise à imprimer un nouveau rythme via un plan gouvernemental pour l’égalité 2023-2026. Les axes de cette stratégie sont conçus pour consolider l’autonomisation et le leadership de la femme, la protection des femmes et la lutte contre la violence à son égard, ainsi que le renforcement des valeurs pour la lutte contre les stéréotypes, la promotion des droits des femmes et la lutte contre toutes les formes de discrimination.
Plusieurs programmes en marche
Le gouvernement a lancé le programme Gissr, un «pas-sage» vers l’autonomisation et le leadership des femmes. Ce programme a pour objectif de former plus de 36.000 femmes afin de stimuler leurs compétences en entrepreneuriat, leur ouvrir de nouvelles portes pour l’emploi et faciliter leur accès au marché et aux financements. Le coût total en estimé à 322 MDH. Les plateformes numériques dédiées à ce programme ont été submergées de demandes avec plus de 38.000 candidatures émanant de toutes les régions, selon le Chef du gouvernement. Dans la même veine, le gouvernement compte donner un nouvel élan à l’approche de genre en offrant des primes aux entreprises respectant le ratio genre prévu dans la Charte de l’investissement.
Cette subvention supplémentaire vise à favoriser «l’envol» des femmes dans le monde professionnel. Aziz akhannouch a également évoqué le programme Forsa, destiné à soutenir les porteurs de projets. Si les femmes bénéficiaires en 2022 n’en représentaient que 20%, une «augmentation en trombe» est prévue en 2023.
De même, et toujours selon Akhannouch, le programme Awrach a été un véritable succès pour intégrer les femmes, en particulier celles issues des milieux ruraux. Plus de 103.599 personnes ont bénéficié de ce programme en 2022, dont 30% de femmes. Dans le cadre de la loi de Finances 2023, une enveloppe de 2,25 MMDH est prévue pour poursuivre l’aventure du programme Awrach dans sa deuxième phase.
Ces programmes jouent un rôle essentiel dans le renforcement de l’égalité hommes-femmes dans diverses stratégies sectorielles, en particulier dans le secteur industriel. En effet, ce dernier compte une main-d’œuvre féminine représentant une part de 43 %. Une évolution significative, puisque plus de la moitié des postes ont été créés entre 2014 et 2020, «dessinant une courbe ascendante» en faveur de l’inclusion des femmes dans ce domaine. Pourvu que cela dure ! Cependant, malgré ces initiatives, les femmes parlementaires de l’opposition ont dénoncé la «marche arrière» en matière d’émancipation et d’inclusion des femmes. Elles pointent du doigt le constat alarmant de la situation actuelle. Plus de la moitié des femmes n’ont toujours pas de diplôme scolaire, et plus d’un quart ont déposé des plaintes pour violence au cours des trois dernières année. Elles ont exigé du gouvernement des «réformes» spécifiques pour améliorer la situation actuelle et promouvoir l’inclusion des femmes dans tous les domaines.
À noter que ce programme stratégique a été élaboré avec une approche globale, impliquant tous les départements ministériels, et tenant compte des recommandations des organisations de la société civile et des acteurs impliqués dans les problématiques féminines.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO


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