Maroc

Aucune issue à la crise des employés !

La coordination syndicale constituée de l’Union marocaine du travail (UMT) et de la Confédération démocratique du travail (CDT) a tenu une conférence de presse, le mercredi 21 février à Rabat, pour mettre en lumière les abus de pouvoir commis à l’encontre des employés de la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques par le président de son conseil d’administration et ses alliés.

Violation du droit du travail, agressions verbales et physiques, falsification des documents officiels, harcèlements sexuel et moral, mutations abusives, tels sont les abus mentionnés par les représentants desdits syndicats au sein de la MGPAP. Les témoignages des victimes, majoritairement femmes, faisant foi.

«Tout a commencé après la signature par 181 employés et cadres de la MGPAP d’une pétition adressée au président du conseil d’administration sollicitant son arbitrage contre le harcèlement administratif et moral exercé par le responsable des ressources humaines, Adnane Benhalima. Au lieu de réunir les différentes composantes de l’établissement en vue de préserver la stabilité du corps du personnel et juste après la tenue de l’Assemblée générale de Ouarzazate, le président du conseil d’administration a donné ses directives à la DRH pour muter abusivement des femmes, mariées de surcroît, dans des villes lointaines, les éloignant à des kilomètres de leurs enfants. Et pour motif : leur participation à des protestations pour revendiquer leur droit», a déclaré l’une des victimes.

Des décisions légitimes ?

Contacté par leseco.ma, Adnane Benhalima a nié en bloc ce qui a été avancé par la coordination syndicale et a remis en question le caractère abusif des licenciements, «le tribunal est seul habilité à trancher du caractère abusif ou pas de ces licenciements. En ce qui nous concerne, nous nous conformons aux lois et aux règlements applicables en la matière», a-t-il souligné.

Pour ce qui est des mutations qualifiées d’«abusives» par ladite coordination, le responsable des ressources humaines a expliqué que «la mutation des employés est temporaire et répond à une nécessité de service, conformément à l’article 36 du statut unifié du personnel (SUP) de la MGPAP. En outre, nous avons pris en considération le statut matrimonial et l’ancienneté des personnes concernées, lesquelles ont été préalablement avisées par la DRH».

En effet, cet article stipule que «la mutation professionnelle s’effectue à la demande de l’employé ou, en cas de nécessité de service, sur une décision du président du conseil d’administration». Toutefois, cet article opère en vertu de la concentration du pouvoir décisionnel entre les mains du président du conseil d’administration, sans même fixer les modalités d’application des mutations, à l’instar du statut général de la fonction publique, étant donné que l’article 4 du même SUP précise que «les employés de la MGPAP sont régis par le statut général de la fonction publique».

En outre, «le SUP est nul et non avenu puisqu’il n’a pas été validé par les ministères de tutelle, le ministère du Travail et de l’insertion professionnelle et le ministère de l’Économie et des finances, en l’occurrence», martèle l’une des syndicalistes victime de licenciement «abusif».

Enfin, les décisions de mutations qui nous ont été communiquées par les syndicats concernent des femmes mariées disposant de plus de 5 ans d’ancienneté, ne mentionnent pas le caractère temporaire et laissent un délai de 2 jours aux personnes concernées pour rejoindre leurs postes dans des villes comme Errachidia, Taza, Fès, Ifrane, Sidi Allal El Bahraoui, Ouarzazate, etc.

Des primes risibles

D’autres dysfonctionnements en relation avec la gestion des ressources humaines ont été évoqués lors de cette conférence. Dans ce sens, Mohamed Hatati, vice-secrétaire général du Bureau national unifié des cadres et employés de la MGPAP lié à la CDT a signalé que «des primes de rendement allant de 0 à 100 DH ont été accordées aux employés qui ont signé la pétition et pourtant Abdelmoula Abdelmoumni, président du conseil d’administration de la MGPAP, ne cesse de déclarer, lors de ses différentes sorties médiatiques, que les prestations et services proposés par la MGPAP ont opéré un saut qualitatif. L’amélioration de la qualité des services n’est-elle pas étroitement liée à un bon rendement des employés ?». Et d’ajouter que «les primes, les avancements, les nominations à des postes de responsabilité, constituent pour les actuelles instances décisionnelles, des mesures de sanctions. Pourtant, ces mesures administratives font partie des droits des employés».

Quid des revendications ?

La coordination syndicale a proclamé un certain nombre de revendications, notamment la suspension et l’annulation de toutes les décisions prises à l’encontre des employés, le respect des libertés syndicales, le rétablissement d’un climat de travail serein, l’activation du processus de la promotion interne, la réévaluation de la prime annuelle, l’instauration d’une prime de risque pour les médecins et la réorganisation des élections des comités bilatéraux. Elle a également sollicité l’intervention des ministères de tutelle pour mettre fin à cette atteinte flagrante aux droits de l’homme et des employés.



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