Maroc

Assouplissement de la politique monétaire : une bouffée d’oxygène bienvenue

En dépit des circonstances actuelles qui demeurent difficiles, l’assouplissement de la politique monétaire est de nature à apporter un nouveau souffle à l’activité économique, d’autant plus que le Maroc est engagé dans des chantiers de grande envergure, nécessitant un investissement colossal. La dernière note du CMC indique que le desserrement de l’étau monétaire, qui se fait pressant, serait d’un grand apport à la dynamique d’investissement.

La tendance est à l’assouplissement de la politique monétaire. Une donne qui pourrait relancer l’investissement. Alors que la Banque centrale européenne (BCE) a opté dernièrement pour une baisse prudente de ses taux directeurs pour la première fois depuis 2019, on s’attend à ce que les autres banques des pays industrialisés lui emboîtent le pas. Le Maroc aussi devrait suivre. À ce propos, les analystes tablent sur une révision à la baisse du taux directeur par la Banque centrale d’ici la fin de l’année.

Relance de la dynamique
Dans sa dernière note, le Centre marocain de conjoncture (CMC) livre une analyse sur les perspectives du retour à une politique monétaire plus accommodante dans un contexte de désinflation. Pour l’institut, la relance de la dynamique de croissance s’impose dans les conditions actuelles pour pousser l’économie vers son meilleur potentiel de production et répondre aux multiples attentes en termes d’emploi, de progrès social et d’inclusion. Un dynamisme stimulé par les vastes chantiers dans lesquels il est engagé.

Il s’agit, notamment, du développement d’infrastructures économiques et sociales ainsi que du programme d’élargissement de la protection sociale. Or, ces chantiers requièrent des investissements colossaux dont le financement ne peut être assuré de façon soutenable sur le long terme que par une dynamique de croissance régulière, plus intense et plus inclusive.

Dans son analyse, le CMC évoque la consolidation progressive des comptes publics constatée depuis 2023 et la restructuration de la politique actionnariale de l’État. Ces politiques contribuent à l’élargissement des marges de manœuvre budgétaires pour un engagement accru dans la dynamique économique, à travers l’effort d’investissement public visant la mise en place de conditions plus propices à l’entreprise et à la prise de risque. Les conditions de financement ne sont pas en reste.

Ce volet, également déterminant, constitue un véritable handicap pour l’entreprise sachant que les orientations arrêtées en matière de politique monétaire peuvent jouer à ce niveau un rôle décisif. De ce point de vue, et compte tenu du processus de désinflation engagé depuis le début de l’année, le desserrement de l’étau monétaire, qui se fait pressant, peut être d’un grand apport pour la dynamique de l’investissement et la relance de l’activité.

Croissance VS potentiel
Il faut dire que les chocs successifs subis par le Maroc freinent l’élan de la croissance, surtout que la sécheresse continue de sévir. S’ajoute à cela un contexte international empreint d’incertitude. Selon le CMC, l’écart de production par rapport au potentiel ne cesse de s’amplifier, réduisant d’autant les chances pour l’économie nationale d’échapper au piège des pays à revenu intermédiaire.

Au vu des données actuellement disponibles, le cycle d’activité présente, depuis le début de l’année, une configuration d’ensemble qui s’inscrit dans la continuité de l’exercice précédent. «La sévérité de la sécheresse mais aussi l’évolution assez contrastée des secteurs les plus dynamiques, dans un environnement encore hésitant, ne permettent pas d’envisager, en l’état actuel, un redressement significatif du cycle de croissance par rapport aux tendances passées. Les projections pour la fin de l’exercice sur la base des indicateurs d’activité, portant sur le premier semestre et leur évolution probable au second, convergent vers un ralentissement sensible de la croissance par rapport à l’année 2023», dixit le CMC.

Outre le repli attendu des activités agricoles, avec l’annonce de la baisse de 43% de la production céréalière, cette perspective s’expliquerait pour l’essentiel par l’affaiblissement des principales composantes de la demande globale sous l’effet croisé de l’alourdissement des coûts pour les entreprises et de perte de pouvoir d’achat pour les ménages. L’un des indicateurs les plus significatifs de la tendance au repli du cycle d’activité est celui de l’emploi. Les derniers résultats de l’enquête sur l’activité et l’emploi font état d’une importante hausse du taux de chômage dont le niveau a atteint, au premier trimestre, la moyenne au niveau national de 13,3%, soit 17,6% en milieu urbain et 6,8% en milieu rural.

La forte détérioration de la situation de l’emploi, qui ressort de ces données, est révélatrice de l’ampleur du creux conjoncturel du moment et de la faible capacité des structures productives à faire face, en l’état actuel, à une demande sociale sans cesse croissante.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO

 


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