Aquaculture : l’ANDA met le cap sur le financement
Totalisant 480 MDH, trois programmes de financement ont été présentés, lors du séminaire organisé par l’ANDA, en partenariat avec la Banque islamique de développement, à Agadir, sur les programmes de financement relatifs aux projets aquacoles. Dont deux d’entre eux financés par la Banque islamique et la Banque mondiale.
Au moment où le secteur aquacole au Maroc boucle plus d’une décennie de développement au Maroc, la question du financement reste plus que jamais au cœur de la réussite du déploiement de l’offre nationale en matière d’aquaculture en vertu des différents plans aquacoles régionaux couvrant le littoral marocain.
Outre le cadre juridique spécifique qui a déjà institué des mesures incitatives propre à l’aquaculture depuis la Loi de finances 2018, l’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA) a initié, en partenariat avec la Banque islamique de développement (IsDB), un séminaire sur les initiatives de financement du secteur aquacole, à Agadir, sur les programmes de financement relatifs aux projets d’aquaculture. Un évènement qui s’inscrit dans la continuité de l’action de l’ANDA pour le développement de ce secteur dont les zones allouées à cette activité frôle actuellement 24.000 ha.
«Actuellement, plus de 300 projets sont autorisés pour l’aquaculture, dont près de 200 sont installés ou en cours d’installation», a souligné Majida Maarouf, directrice de l’ANDA lors de ce séminaire.
Trois programmes de financement dont celui de la Banque islamique
Jusqu’à présent, l’activité aquacole bénéficie de trois principaux programmes de financement. Ces derniers ont mobilisé une enveloppe de 480 MDH répartie entre 164 MDH pour un programme relevant du ministère de tutelle en plus de deux autres financés en partenariat avec des bailleurs de fonds, notamment le programme de l’économie bleue, doté de 116 MDH, par la Banque mondiale et le programme d’aquaculture au service du marché et de l’inclusion sociale couvrant la période 2023 – 2027.
Financé par la Banque islamique de développement, «ce financement, d’un montant de 20 millions d’euros, soit l’équivalent de 200 MDH, contribuera à soutenir les chaînes de valeur du secteur aquacole, réalisant ainsi le développement socio-économique des communautés côtières», a annoncé Said Mourabit, économiste pays à la IsDB.
En outre, ce programme permettra la sécurisation des approvisionnements en intrants, la promotion de l’investissement productif et la diversification des segments du marché, étant donné que le secteur dispose de 10 espèces aquacoles en élevage en 2024 -2025 contre seulement deux espèces entre 2000 et 2015.
De surcroît, plusieurs propositions pour développer le secteur aquacole ont été présentées par Mohamed Eddadi, président de l’Association marocaine de l’aquaculture (AMA), notamment l’importance d’intégrer le secteur de l’aquaculture dans les programmes de formation professionnelle pour assurer les ressources humaines nécessaires à son développement, ainsi que le renforcement de la coopération par la signature de partenariats adéquats.
Incitations fiscales : les mesures inscrites dans les LF 2018 et 2024
Sur le plan lié à l’incitation fiscale à l’investissement, les Lois de finances 2018 et 2024 ont apporté des mesures incitatives au secteur afin d’améliorer son attractivité. Il s’agit de l’exonération de la TVA sur les principaux intrants aquacoles, notamment les alevins, naissains et aliments en plus de la prorogation de la mesure relative à la baisse des droits de douane sur l’aliment à 2,5% (contre 25% auparavant) pour une période de 6 ans.
En application de l’article 5 bis de la Loi de finances n° 55-23 pour l’année budgétaire 2024, les aliments de poissons relevant de la position tarifaire n°2309.90.90.82 ont fait l’objet à titre dérogatoire, du 1er janvier 2024 au 31 décembre 2026, des quotas annuels de 15.000 tonnes à importer à 2,5% de droit de douane.
Bien évidemment, l’intérêt de ces mesures est économique puisqu’elles ont un impact sur la rentabilité des projets aquacoles et l’amélioration de la compétitivité des opérateurs nationaux pour, in fine, créer un climat favorable à l’investissement.
Sur ce dernier point, sur 305 projets autorisés par l’ANDA, totalisant 11.000 ha, soit 45 % d’avancement, l’équivalent de 221 projets sont installés à hauteur de 71% ou en cours d’installation à hauteur de 29% au niveau des différentes régions.
Selon l’ANDA, l’émergence du secteur aquacole au Maroc a permis d’injecter de nouveaux investissements dans le tissu économique tout au long des chaînes de valeur. En chiffre, il s’agit de 70 navires aquacoles en 2024 contre un seul navire en 2012. Le constat est le même pour les unités de conditionnement dont le nombre atteindra 22 unités d’ici 2025 alors que le nombre d’écloseries s’élèvera en 2026 à 7 unités.
Par ailleurs, la taille du marché de l’aquaculture passera de 290 milliards $ en 2022 à 421 milliards $ en 2030. De ce fait, 66 % des produits de la mer proviendront de l’aquaculture. Par ailleurs, soulignons que la tenue de ce séminaire intervient dans le cadre de la signature, en octobre 2023, de l’accord de financement, entre le gouvernement et la Banque islamique de développement, pour la mise en œuvre d’un programme de développement de l’aquaculture marine intitulé «Making aquaculture work for market and social inclusiveness project».
Ce programme, d’une durée de 4 ans, s’articule autour de trois principaux axes, à savoir le financement de l’entrepreneuriat, l’échange d’expériences et des connaissances ainsi que la promotion du commerce et la valorisation des produits aquacoles.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO