Maroc

Allègement des restrictions sanitaires : presque libres !

À la faveur des résultats positifs enregistrés dans la courbe des infections au nouveau coronavirus et des avancées réalisées par le Maroc dans le cadre de la campagne nationale de vaccination contre cette pandémie, le royaume assouplit peu à peu les mesures restrictives ciblant un certain nombre de secteurs d’activité : transports publics, théâtres, salles de cinéma, centres culturels, bibliothèques, musées, salles de fêtes… Suite à la dernière décision du gouvernement, les professionnels des secteurs concernés réagissent.

Au regard des résultats positifs enregistrés dans la courbe des infections au nouveau coronavirus et des avancées réalisées par le Maroc dans le cadre de la campagne nationale de vaccination contre cette pandémie, le gouvernement assouplit les mesures restrictives ciblant un certain nombre de secteurs d’activité, à savoir le relèvement à 75% de la capacité d’accueil des moyens de transport public. Les théâtres, salles de cinéma, centres culturels, bibliothèques, musées et monuments sont autorisés à ouvrir et à accueillir le public à hauteur de 50% de leur capacité, depuis hier mardi 1er juin.

Ces mesures permettent également aux salles des fêtes d’opérer à hauteur de 50% de leur capacité d’accueil à condition que le nombre des personnes présentes ne dépasse pas 100. Sont aussi autorisés l’accès aux plages avec le respect de la distanciation physique et l’ouverture des piscines publiques à hauteur de 50% de leur capacité d’accueil. Comment cette décision va-t-elle être appliquée sur le terrain ?

La décision gouvernementale autorise les rassemblements et activités dans les espaces fermés avec moins de 50 personnes et les rassemblements et les activités dans les espaces ouverts avec moins de 100 personnes. En cas de dépassement, l’obtention d’une autorisation auprès des autorités locales est obligatoire, souligne l’Exécutif. Afin de réussir la mise en œuvre de ces mesures, le gouvernement exhorte tous les citoyens et citoyennes à continuer à respecter totalement et rigoureusement l’ensemble des mesures préventives annoncées, notamment la distanciation physique, les règles d’hygiène et le port du masque de protection. Comment cette décision est-elle accueillie par les professionnels des secteurs concernés ?

Boudih Houssein Al Hosain, président de la Chambre marocaine des salles de cinéma
La décision est positive pour notre secteur. C’est une bonne nouvelle que nous accueillons, tout de même, avec surprise. La date officielle d’ouverture est le 1er juin. Mais nous ne pouvons pas ouvrir à cette date, parce qu’il nous faut au moins une semaine pour préparer les salles, qui sont en mauvais état, réparer les machines en panne, etc. Une salle de cinéma n’est pas un café. Il nous faut aussi nous approvisionner en films, essentiellement à l’étranger. Il y a des films marocains, mais pas suffisamment. Après concertation, nous avons décidé de commencer les ouvertures de salle de cinéma le mercredi 9 juin.

Aziz Bouslamti, président du Groupement professionnel des prestataires de l’évènementiel au Maroc (GPPEM)
Nous accueillons cette décision du gouvernement avec joie. L’allègement des restrictions est le résultat de plusieurs réunions que nous avons tenues avec le gouvernement en plus de 8 mois. Il fait également suite à la dernière réunion que nous avons tenue avec le chef de gouvernement, la semaine dernière, au cours de laquelle le GPPEM a présenté une étude sur les effets de la pandémie sur le secteur.

C’était également l’occasion de présenter au chef de gouvernement des statistiques et chiffres sur les effets de la Covid-19 sur l’écosystème de l’évènementiel au Maroc. Cette décision représente le début du processus marquant la reprise des activités dans notre secteur, qui est resté à l’arrêt durant plus de 15 mois. Cela a provoqué la perte de millions de dirhams de chiffre d’affaires, de milliers d’emplois et surtout d’une grande expertise dans le domaine de l’événementiel, qui a valu au Maroc des positions très avancées dans l’organisation et l’accueil de grands évènements. Cet allègement est salutaire dans la mesure où il va permettre aux professionnels de reprendre petit à petit leurs activités, ce qui marque le début d’un allègement complet et total des restrictions.

En juin dernier, le GPPEM a collaboré avec Imanor pour la mise en place d’un protocole sanitaire. Avec l’application de ce protocole, nous allons essayer d’éviter la recrudescence des cas de Covid-19.

Brahim El Mazned, président de l’Association marocaine des entrepreneurs du spectacle vivant (AMESVI)
C’est une décision très importante et positive, qui arrive à un moment important pour les acteurs de l’industrie culturelle et les artistes, notamment aux portes de la période estivale. Nous attendions avec impatience cette décision qui apporte un peu d’espoir à notre secteur. C’est une partie de la solution. Après, il faudrait quand même mener une vraie réflexion sur la question de la relance de la culture. Même si on a ouvert les lieux de spectacle, le problème est que les artistes n’ont pas travaillé depuis plus d’un an. Vu que les théâtres étaient également fermés pour les répétitions, aujourd’hui, on se retrouve sans production disponible et de qualité. Il faudrait une nouvelle énergie.

Au niveau de l’AMESVI, nous souhaitons qu’il y ait une réflexion sur la relance culturelle. Au-delà de l’ouverture des lieux de diffusion, il y a un besoin de moyens aujourd’hui, de l’adhésion des pouvoirs publics et du privé pour retrouver la dynamique qu’il y avait avant la Covid-19 et une vraie relance culturelle. C’est comme les fours des industries lourdes, qui prennent beaucoup de temps à s’éteindre, et pareillement pour se rallumer. Ce n’est pas parce qu’on a appuyé sur le bouton hier que les pièces de théâtre seront programmées aujourd’hui.

Pour relancer le secteur, il faut que l’on écoute les professionnels, qu’on les rencontre et injecte un peu de moyens pour retrouver le plus rapidement possible un rythme de croisière. La relance de la culture pourra atteindre très rapidement son rythme de croisière si les pouvoirs publics et le privé s’investissent. Les exemples italien et français sont très intéressants à ce titre.

La France a mis en place le Pass Culture pour les jeunes de 18 ans. Celui-ci leur donne droit à 300 euros pour aller au cinéma, à des concerts ou encore aux musées. Les enjeux sont nombreux. À commencer par booster la consommation des produits culturels, retrouver la dynamique d’avant ou encore faire de la culture un levier majeur dans le Nouveau modèle de développement du Maroc.

Après le confinement, nous n’avons pas besoin d’être également confinés dans l’espace public. Ce secteur contribuera aussi à la relance de l’économie. À cela s’ajoute le fait qu’il est très important pour la cohésion sociale et l’employabilité, surtout des jeunes, sachant que le secteur est très attractif pour cette catégorie de la population ou encore pour l’épanouissement des Marocains.

Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco



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