Maroc

25 ans de règne. Agriculture biologique : une ambition nationale en marche

Sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le Maroc s’est engagé dans le développement de l’agriculture biologique. De la mise en place d’un cadre réglementaire à la création de filières prometteuses, le pays a franchi des étapes importantes.

L’avènement du règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 1999 a marqué le début d’une nouvelle ère pour l’agriculture marocaine. Parmi les nombreuses initiatives lancées pour moderniser et développer ce secteur vital, la promotion de l’agriculture biologique occupe une place de choix.

Bien que le Maroc ait une longue tradition de pratiques agricoles traditionnelles, souvent proches des principes de l’agriculture biologique, ce n’est que sous l’impulsion du Roi Mohammed VI que le pays s’est véritablement engagé dans une démarche structurée de développement de ce mode de production respectueux de l’environnement.

Au début des années 2000, l’agriculture biologique au Maroc était encore à ses balbutiements. Quelques pionniers, principalement dans les régions de Marrakech et d’Agadir, avaient commencé à produire des fruits et légumes biologiques, essentiellement destinés à l’exportation vers l’Europe. Cependant, le manque de cadre réglementaire et de soutien institutionnel freinait le développement de ce secteur prometteur.

La mise en place d’un cadre réglementaire
Conscient du potentiel de l’agriculture biologique, tant pour l’environnement que pour l’économie du pays, le gouvernement a entrepris de mettre en place un cadre réglementaire adapté. En 2013, une étape cruciale a été franchie avec l’adoption de la loi 39-12 relative à la production biologique des produits agricoles et aquatiques. Cette loi a posé les bases légales pour la production, la transformation, la commercialisation et l’étiquetage des produits biologiques au Maroc. La loi 39-12 a également instauré un système de contrôle et de certification des produits biologiques, garantissant ainsi leur authenticité et leur conformité aux normes internationales. Cette étape a été essentielle pour renforcer la crédibilité des produits bio marocains, tant sur le marché national qu’international.

Le développement institutionnel du bio marocain
Au lieu de la création d’une agence spécifique, le Maroc a opté pour une approche intégrée du développement de l’agriculture biologique, en impliquant plusieurs institutions existantes. Le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts joue un rôle central dans la promotion et le développement de l’agriculture biologique. Il a notamment mis en place une Commission nationale de la production biologique, chargée de superviser le développement du secteur.

L’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) est l’autorité compétente pour le contrôle et la certification des produits biologiques. Il est responsable de l’agrément des organismes de contrôle et de certification, ainsi que de la supervision du système de contrôle des produits biologiques.

Par ailleurs, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et l’Office national du conseil agricole (ONCA) contribuent respectivement à la recherche sur les techniques de production biologique et à la formation et l’accompagnement des agriculteurs dans leur transition vers le bio. Ces institutions travaillent en synergie pour mettre en œuvre la stratégie nationale de développement de l’agriculture biologique, coordonner les efforts des différents acteurs du secteur, promouvoir la recherche et l’innovation, et faciliter l’accès des producteurs aux marchés nationaux et internationaux.

Perspectives de soutien pour encourager la conversion
En marge du Salon international de l’agriculture au Maroc SIAM 2024, un contrat-programme 2023-2030 a été signé dans le cadre du plan Génération Green. Ce programme, fruit d’une collaboration entre les secteurs public et privé, inclut un ensemble de mesures de soutien pour la filière biologique. Le coût global de sa mise en œuvre s’élève à près de 1,5 MMDH, un budget auquel contribueront à parts égales l’État et Maroc Bio.

Le contrat-programme couvre plusieurs aspects, notamment l’appui à la formation et à la recherche, la création d’une classe moyenne dans le monde rural, et le soutien aux jeunes entrepreneurs du secteur bio. L’objectif est d’atteindre 100.000 hectares de surface agricole biologique d’ici 2030, une augmentation significative par rapport aux 18.000 hectares estimés en 2021.

Ces mesures d’accompagnement constituent des incitations importantes pour les opérateurs souhaitant se lancer ou se développer dans l’agriculture biologique. Elles devraient contribuer à faire du bio un secteur économique à part entière au Maroc et à en améliorer l’accessibilité pour les consommateurs.

Avec ce contrat-programme désormais en vigueur, le Maroc franchit une étape décisive dans le développement de son agriculture biologique, démontrant un engagement fort envers des pratiques agricoles plus durables et respectueuses de l’environnement.

Le développement de filières bio marocaines
Au fil des ans, le Maroc a réussi à développer plusieurs filières bio prometteuses. Les agrumes biologiques, en particulier, ont connu un succès remarquable sur les marchés d’exportation. La production d’huile d’olive bio a également connu une forte croissance, bénéficiant de la réputation de qualité de l’huile d’olive marocaine. Les plantes aromatiques et médicinales constituent une autre filière bio importante au Maroc.

Le pays est devenu un important producteur et exportateur de plantes comme la menthe, le thym, le romarin et la verveine bio. Plus récemment, la filière des fruits rouges bio (fraises, framboises, myrtilles) s’est développée, notamment dans la région de Larache, répondant à une demande croissante sur les marchés européens.

Défis et perspectives
Malgré les progrès réalisés, l’agriculture biologique au Maroc fait face à plusieurs défis. L’un des principaux est le coût élevé de la certification bio, qui reste un obstacle pour de nombreux petits producteurs. La disponibilité des intrants biologiques (semences, fertilisants, produits de traitement) reste également un défi, bien que la situation se soit améliorée ces dernières années avec l’émergence de fournisseurs spécialisés.

Néanmoins, les perspectives pour l’agriculture biologique au Maroc sont prometteuses. La demande mondiale pour les produits bio continue de croître, offrant des opportunités d’exportation intéressantes. De plus, la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux et de santé au Maroc laisse présager un développement du marché intérieur dans les années à venir.

La rédaction / Les Inspirations ÉCO



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