Agadir : l’UNESCO sonne l’alarme concernant la dégradation des sols
L’UNESCO prédit que 90% des terres émergées subiront une dégradation d’ici 2050. Ce phénomène fait peser une menace prégnante sur la biodiversité et la vie humaine. C’est ce qui ressort de la conférence internationale sur les sols, organisée à Agadir, en marge de la 36e session du Conseil international de coordination du Programme sur l’Homme et la biosphère (MAB).
C’est dans un contexte de menaces accrues sur l’environnement que l’UNESCO et l’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA) ont organisé une conférence sur les sols, lundi à Agadir, en marge de la 36e session du Conseil international de coordination du Programme sur l’Homme et la biosphère (MAB).
Pour rappel, le Maroc abrite pour la première fois cette session, laquelle se tient pour la deuxième fois en Afrique. Cette rencontre a rassemblé des experts et des représentants de plus de 30 États membres de l’Organisation.
À cette occasion, Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, a lancé un appel urgent aux 194 États membres pour renforcer la protection et la restauration des sols, l’UNESCO s’engageant à combler le manque de connaissances scientifiques dans ce domaine. «Les sols sont essentiels à la vie sur Terre. Pourtant, ils sont souvent négligés ou mal gérés», a notamment déclaré Azoulay lors de cette conférence.
75% des sols sont déjà dégradés
L’organisation onusienne a appelé la communauté internationale à faire de cette question une priorité. L’UNESCO prédit en effet que 90% des terres émergées subiront une dégradation d’ici 2050. Ce phénomène fait peser une menace prégnante sur la biodiversité et la vie humaine. Forte de 60 ans d’expérience en sciences des sols, l’UNESCO entend aider les États à faire progresser les connaissances et à former des professionnels afin de mettre en place les mesures nécessaires. Des sols en bonne santé sont essentiels au maintien des écosystèmes et de la biodiversité, à la régulation climatique, à la production alimentaire ou encore à la purification de l’eau.
Or, selon l’Atlas mondial de la désertification, 75% d’entre deux sont déjà dégradés, avec un impact direct sur 3,2 milliards d’individus. Et si la tendance actuelle persiste, ce taux atteindra 90% d’ici 2050. Par ailleurs, les débats ont abouti à un plan d’action articulé autour de trois objectifs : l’amélioration de la protection et la réhabilitation des sols ; la nécessité de combler le manque de connaissances scientifiques ; et le renforcement de l’engagement des jeunes et des communautés à travers l’éducation et les programmes de formation. «Le Maroc possède une diversité de sols et de milieux naturels qui constitue un capital précieux.
Dans ce sens, Agadir, lieu de cette rencontre, se trouve au centre de la Réserve de biosphère de l’arganeraie, première réserve de biosphère reconnue au Maroc en 1998 par l’UNESCO, et qui s’étend sur une superficie d’environ 2,5 millions d’hectares». C’est ce qu’a souligné Latifa Yaakoubi, directrice générale de l’ANDZOA avant d’ajouter que «cette réserve illustre grandement un modèle de résilience et d’adaptation aux effets du changement climatique et aux mutations sociales».
Un plan d’action axé sur trois objectifs
Dans son allocution de clôture de cette conférence, Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, a déclaré que «le Maroc, depuis son adhésion au programme MAB, s’est pleinement engagé pour la protection de ses écosystèmes». Face à cette situation préoccupante, les discussions ont mené à un plan d’action axé sur trois objectifs, comme indiqué ci-dessus. Il s’agit tout d’abord d’améliorer la protection et la réhabilitation des sols.
À cet égard, l’UNESCO va collaborer avec ses partenaires internationaux pour élaborer un «indice mondial de santé des sols», une mesure standardisée pour évaluer la qualité des sols et identifier les zones à risque. Il est question aussi de combler le manque de connaissances scientifiques puisque L’UNESCO mettra en place une initiative pilote d’évaluation et de gestion durable des sols et des paysages dans une dizaine de réserves de biosphère, promouvant les meilleures pratiques de conservation.
Par ailleurs, parmi les objectifs figure aussi le fait de renforcer l’engagement des jeunes et des communautés. Des programmes de formation seront mis en place pour les gestionnaires de sites, les agences gouvernementales, les organisations de conservation et les communautés autochtones. Un volet éducatif sensibilisera et impliquera les jeunes générations.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO