AFRICA IT Expo s’inscrit dans une logique d’intégration régionale
Le secteur des technologies de l’information et de la communication revient sur les devants de la scène médiatique. Après la présentation du Plan Maroc Digital 2020 au roi en juin et à l’APEBI en juillet, la corporation des professionnels des TIC organise la première édition du salon AITEX – AFRICA IT Expo fin septembre à Casablanca. Saloua Karkri-Belkeziz, présidente de l’APEBI, plante le décor du secteur et explique les enjeux du salon qui bénéficie du partenariat des Inspirations ÉCO.
Les Inspirations ÉCO : L’APEBI organise le salon AITEX – AFRICA IT Expo du 21 au 24 septembre à Casablanca. Pourquoi maintenant ?
Saloua Karkri-Belkeziz : Le secteur dans lequel nous évoluons est, par essence, dynamique et en constante évolution. En tant que fédération représentative du secteur, sous toutes ses composantes, nous nous devions d’offrir une plateforme d’échange entre et avec les professionnels de tous bords. Nous avons pâti d’un manque de visibilité sur les marchés internationaux et régionaux. C’est pour pallier cela que nous nous sommes fixé ce challenge de taille, à savoir organiser un salon international des technologies de l’information pour, à la fois, fédérer les acteurs nationaux, développer le business du secteur, présenter notre expertise et savoir-faire et nous ouvrir à l’international afin de rester connectés au standard des derniers progrès dans le domaine des TIC.
Pourquoi l’Afrique est dans l’axe de la thématique de ce salon où le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont invités d’honneur ?
Nous avons choisi le thème de «La transformation digitale, levier de développement en Afrique», pour inscrire le salon AITEX dans une logique d’intégration régionale. Notre objectif est d’y poser les premiers jalons en vue de favoriser les synergies et l’échange des «best practices» avec les confrères et homologues des autres pays africains, et de réussir une émergence transversale et soutenue du continent à l’horizon 2020. L’Afrique est primordiale pour nous ! Nous avons tenu à inscrire le Sénégal et la Côte d’Ivoire comme invités d’honneur de l’AITEX car nous y avons des projets de développement du digital par le biais desquels nous accompagnons le travail des commissions de l’économie numérique dans le cadre des deux groupes d’impulsion créés lors du dernier déplacement du roi dans ces deux pays.
L’objectif de l’AITEX est également de faire du Maroc un hub digital en Afrique. N’est-ce pas ambitieux ?
Nous nous devons d’être ambitieux, et je peux vous assurer que nous avons les moyens d’y arriver car les entreprises marocaines de l’IT ont un réel savoir-faire leur permettant de se distinguer. Nous comptons des success stories, mais nous devons aller plus loin. L’Afrique, notre continent, recèle un potentiel non négligeable avec des niches de croissance encore non explorées. Et ce n’est pas par hasard que le dernier discours du roi, le 20 août dernier place l’Afrique au centre des intérêts du Maroc et le Maroc au centre des intérêts de l’Afrique.
Quel(s) lien(s) y a-t-il entre l’AITEX et la nouvelle stratégie Maroc Digital 2020 ?
L’organisation d’un salon d’envergure internationale faisait partie intégrante du programme que nous avons développé pour prétendre à la présidence de l’APEBI, et il va sans dire que nous avons, très tôt dans la réflexion, associé le ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique qui a été d’un soutien remarquable. À l’occasion de l’AITEX, nous présenterons le Plan Maroc Digital 2020 grâce auquel nous comptons faire entrer le Maroc dans le monde du digital, et ce à travers plusieurs piliers, à savoir la dématérialisation, la transparence de l’information, la recherche et la transformation numérique de la PME-PMI qui, au lieu d’investir dans le matériel informatique, optera -éventuellement- pour des solutions cloud beaucoup plus viables.
La création d’une agence dédiée au développement du numérique est l’une des principales nouveautés de Maroc Digital 2020. Qu’en attendez-vous ?
Tout d’abord, je tiens à préciser que nous nous réjouissons de l’annonce de la création de cette entité qui répond à une attente exprimée depuis longtemps par les professionnels. Dans le cadre des «Propositions APEBI pour l’économie numérique», nous avons très tôt exprimé la nécessité d’une instance de gouvernance autonome dotée de moyens financiers suffisants pour garantir le déploiement des différents projets inclus dans la stratégie Maroc Digital 2020. Nos attentes vis-à-vis de cette nouvelle instance sont nombreuses car en plus de l’élaboration et la réalisation des services numériques adressés aux citoyens et aux entreprises, il s’agira pour celle-ci d’assurer rapidement le suivi et la pérennité des projets lancés. Ainsi, les professionnels auront un interlocuteur indépendant et neutre chargé de recevoir leurs doléances et leurs attentes avec les preneurs de décisions publics. L’agence aura un avis consultatif obligatoire que tout ministère devra consulter avant de lancer un quelconque projet qui aura un impact sur les populations. Elle aura également à proposer des textes de loi pour faire avancer le secteur. Enfin, son rôle sera de mettre en œuvre la stratégie en coordonnant et fluidifiant le déroulement des projets. En revanche, il sera du ressort du secteur privé d’en développer les activités dans le cadre d’un partenariat public-privé d’une complémentarité exemplaire.