Maroc

Administration publique. Comment lutter contre “les temps morts” ?

Mohamed Benabdelkader vient d’être épinglé par les parlementaires sur la déperdition du temps administratif. La loi, à elle seule, n’est pas suffisante pour lutter contre l’absentéisme physique et moral et le laxisme.

À quand une administration moderne et citoyenne ? La réforme de l’administration devra aller de pair avec celle de la fonction publique. Or, la réforme très attendue de la fonction publique tarde à voir le jour. Les députés ont encore une fois interpellé cette semaine le chef de département de la Réforme de l’administration et de la Fonction publique sur cette question. Les critiques sont on ne peut plus acerbes : lenteur, laxisme, déperdition du temps administratif, absentéisme. Le fonctionnaire qui doit être le principal acteur de la réforme est vertement épinglé. Mohamed Benabdelkader reconnait que le cadre juridique, à lui seul, n’est pas suffisant pour faire face aux fléaux qui rongent la fonction publique.

Le gouvernement, rappelons-le, a pris depuis quelques années des mesures pour encadrer le temps du travail et renforcer le contrôle des absences régulières et irrégulières. La circulaire du chef du gouvernement en 2012 appelle l’administration publique à appliquer strictement les dispositions légales concernant l’absence au travail et demande aux hiérarchies directement concernées d’assumer leur responsabilité de traitement des absences non justifiées, notamment en opérant un suivi régulier des absences. Des investissements ont été débloqués pour équiper les administrations en système de «pointage». Visiblement, ces mesures n’ont pas permis d’atteindre les objectifs souhaités. Une évaluation rigoureuse s’impose pour pouvoir rectifier le tir et optimiser la gestion du temps administratif. Des recommandations ont été déjà émises par des institutions nationales et internationales pour améliorer la performance au sein de l’administration publique. A titre d’exemple, la Banque mondiale plaide pour la simplification des dispositions relatives au régime disciplinaire dans le nouveau statut de la fonction publique en vue de permettre leur application systématique dans un cadre marqué par une plus grande transparence et responsabilité.

Du côté du gouvernement, on se veut rassurant : le système est actuellement en cours de révision pour atteindre les objectifs escomptés à commencer par la reddition des comptes. Chaque partie devra assumer ses responsabilités à commencer par les responsables hiérarchiques dont une grande partie ne dénoncent pas les fonctionnaires absentéistes ou ceux qui ne sont pas performants dans l’exercice de leur fonction.L’approche devra être globale pour traiter toutes les faiblesses détectées. Il faut dire que le problème ne réside pas uniquement dans l’absence des fonctionnaires mais aussi dans le présentéisme qui affecte de plein fouet l’administration publique, comme le reconnait le gouvernement qui lance une étude sur ce fl éau en vue de «mieux comprendre les différents facteurs déterminant dans cette déperdition au lieu de chercher de nouvelles solutions techniques pour faire face à cette problématique». L’adoption de la vision de réforme de l’administration est très attendue pour mettre fin à nombre de dysfonctionnements qui émaillent le système.

A cet égard, la révision de la gestion des ressources humaines est érigée en priorité. L’évaluation de la performance des agents devrait être orientée vers les résultats ; ce qui nécessite la mise en place d’un système rigoureux et impartial d’évaluation qui devra s’appliquer à tous les niveaux de la hiérarchie administrative. Actuellement, le système d’évaluation du rendement des ressources humaines de la fonction publique est défaillant car il ne permet pas de mesurer qualitativement la gestion du temps administratif. Outre le renforcement du volet juridique et organisationnel, le gouvernement est prié de mettre sur les rails le code de conduite des fonctionnaires. En effet, le renforcement de la transparence et de la reddition des comptes au sein de l’administration passe aussi par la sensibilisation des agents publics à l’éthique.

Le code de déontologie des fonctionnaires a été discuté lors de la dernière réunion du conseil supérieur de la fonction publique. Aucune sanction ne sera prévue dans ce texte qui aura plutôt une valeur déontologique. Des mécanismes spécifiques concernant les fonctionnaires impliqués dans la gestion des marchés publics pourront renforcer la transparence. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prône l’élaboration d’un code de conduite spécifique pour les agents impliqués dans le système de passation des marchés publics ou, le cas échéant, l’introduction des activités liées aux marchés publics dans le code général de conduite en cours d’élaboration. Actuellement, aucune référence aux règles éthiques et aux valeurs des services publics ne figure dans le statut général de la fonction publique. Le gouvernement est appelé à combler ce vide dans les plus brefs délais.



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