Pour la première fois, le Conseil supérieur de l’éducation, et de la formation et de la recherche scientifique, a publié une analyse de la situation de l’abandon scolaire dans le pays, un fléau dont le Maroc peine à se débarrasser, les détails…
Chaque année, l’abandon scolaire menace des milliers de Marocains, les obligeant à quitter les bancs de l’école avant l’obtention d’un certificat d’études ni même l’achèvement des cycles de l’enseignement obligatoire (primaire et secondaire collégial). Devant cette situation, et prenant en compte les enjeux que cela représente, le Conseil supérieur de l’éducation a édité, pour la première fois, un Atlas territorial de l’abandon scolaire, un outil des plus exhaustifs. Ses chiffres sont alarmants, confirmant que ce phénomène est loin d’être endigué.
Avant 2014, un chiffre sur le décrochage scolaire avait avivé les inquiétudes sur ce phénomène. Entre 2009 et 2013, l’abandon scolaire aura coûté 8 MMDH au budget de l’État. Avec la mise en place de la plateforme de suivi Massar, les statistiques générées depuis 2014 sont plus pointues.
Déjà, l’Atlas nous apprend que l’effectif global de l’abandon, tous cycles confondus, est de 431.876 en 2018, sachant que ce chiffre tient compte de la mobilité privé-public, du fait que de nombreux élèves basculent tous les ans du privé vers le public notamment entre les cycles primaire et secondaire collégial.
Autre révélation: le critère du distinguo entre urbain et rural s’estompe dès lors que le document du Conseil supérieur rapporte des taux d’abandon scolaires très élevés dans des régions comme Casablanca-Settat ou Rabat-Salé-Kénitra. Bien évidemment, le monde rural est très touché par ce phénomène.
On apprend également que plus de 6,5 millions d’élèves de l’année scolaire 2013-2014 ont été suivis jusqu’à l’année scolaire 2017-2018. Diagnostic? En 2015, Près de 508.300 décrochages dans le système scolaire public étaient recensés, soit un taux de 8,8% au niveau national, tous cycles confondus. En 2016, l’abandon a reculé pour atteindre 407.674 abandons (7,1% de l’ensemble des élèves scolarisés). Bémol, au lieu que cette dynamique se maintienne, elle a au contraire basculé et le nombre d’abandons a grimpé en 2017 et 2018 pour atteindre 431.876 élèves, soit une proportion de 7,4% de l’ensemble des élèves des 3 cycles.
Quelles sont les régions les moins touchées par l’abandon ?
Au niveau régional, l’analyse du taux d’abandon dans l’enseignement public en 2018, tous cycles confondus, place les régions du sud, la région de Draa-Tafilalet et celle de Souss-Massa en bas du classement, c’est-à-dire avec les taux d’abandon les plus faibles (de 5,09% à 6,39%). Les Régions Marrakech-Safi, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Béni- Mellal-Khénifra, Rabat-Salé-Kénitra et l’Oriental sont en revanche les plus touchées par l’abandon dans les trois cycles (de 7,42% à 7,86%).
Quant aux deux Régions Casablanca-Settat et Fès-Meknès, elles se positionnent au milieu avec 6,87% et 7,2% respectivement. Dans le milieu urbain, les régions du sud gardent pratiquement leur positionnement avec des taux d’abandon faibles.
Dans les régions les plus défavorisées, on trouve plutôt la Région Béni-Mellal-Khénifra, suivie de l’Oriental et de Tanger-Tétouan-Al-Hoceima, configuration légèrement modifiée comparativement au niveau national, tous milieux confondus.
En milieu rural, le taux d’abandon touche 5,6% des filles au primaire contre 4% des garçons. En revanche, les garçons sont les plus concernés par l’abandon dans les collèges et les lycées du milieu rural. L’écart le plus important entre les deux sexes est observé en 6ème année du primaire dans le milieu rural, où le taux d’abandon atteint 23,4% pour les filles contre 13,6% pour les garçons, ce qui confirme la difficile transition des filles rurales entre le primaire et le collège comparativement aux garçons.
Pour les garçons ruraux, l’abandon survient essentiellement au collège où 19% des garçons abandonnent contre 13,8% des filles, et plus particulièrement en 3ème année collégiale qui voit 24,6% des garçons quitter annuellement l’école, contre 20,1% des filles. Dans le milieu urbain, les garçons sont les plus exposés à l’abandon.
Dis moi quel type d’école tu fréquentes…
La nature de l’établissement fréquenté par l’élève est un facteur déterminant en matière de réussite ou d’abandon scolaire. Au cycle primaire, les écoles satellites affichent un taux d’abandon en 2018 de 5,6%, suivies des écoles communautaires avec 5,4%, des écoles mères avec 4,1% et enfin des écoles autonomes qui enregistrent le taux le plus bas avec 2,2%. Dans le cycle secondaire collégial, les noyaux de collège sont plus touchés par l’abandon que les collèges normaux (16,4% et 14,1% respectivement). Et finalement, dans le secondaire qualifiant, c’est les lycées d’enseignement originel qui enregistrent le taux d’abandon le plus élevé avec 14,9%. En revanche, les lycées techniques s’en sortent très bien avec un taux d’abandon de 5% seulement.