3e Congrès africain sur l’agriculture de conservation : pour une Agriculture résiliente
Le changement climatique contraint les agriculteurs à repenser certaines pratiques. C’est dans l’optique de trouver des solutions innovantes et durables que s’est tenu le 3e Congrès africain sur l’agriculture de conservation.
Pierre angulaire de l’économie africaine, l’agriculture fournit des moyens de subsistance à des millions de personnes et contribue à la sécurité alimentaire du continent. Cependant, les défis liés au changement climatique, à la dégradation des sols et à la pression démographique, exigent une transformation des systèmes agricoles. C’est sous le mot d’ordre «Construire un avenir résilient en Afrique grâce à l’agriculture de conservation et à la mécanisation durable» que s’est ouvert le 3e Congrès africain sur l’agriculture de conservation (3ACCA). Le coup d’envoi des travaux a été donné par Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture.
L’importance de l’agriculture de conservation
L’Afrique est la région du monde la plus exposée au risque d’insécurité alimentaire, compte tenu des effets du changement climatique, de la faible productivité agricole et de la dépendance à l’égard des importations de céréales, ce qui soulève des questions quant à sa capacité à se nourrir elle-même. La prévalence de la sous-alimentation sur le continent est passée de 17,6% de la population en 2014 à 19,1% en 2019.
Ce chiffre représente plus du double de la moyenne mondiale et constitue la moyenne la plus élevée de toutes les régions du monde. Pour répondre à la demande alimentaire, les pays africains ont besoin d’une transformation de leurs systèmes agroalimentaires, basée sur le développement agricole durable et la gestion rationnelle de leurs ressources naturelles. Le besoin de modernisation est plus prononcé dans l’agriculture intensive durable, incluant l’optimisation de la mécanisation, l’irrigation, les chaînes de valeur, les services, les finances et les intrants (semences, fertilisants, etc.).
«Cette initiative s’inscrit en droite ligne avec les objectifs du Royaume du Maroc, sous l’égide du Roi Mohammed VI, qui a placé la collaboration Sud-Sud avec les pays africains au centre des intérêts du Royaume pour renforcer la sécurité alimentaire de l’Afrique face au changement climatique», a rappelé le ministre lors de son allocution.
Il a ajouté que le Maroc, dans le cadre de la nouvelle stratégie agricole Generation Green, a lancé un important programme visant à promouvoir l’agriculture de conservation sur 1 million d’hectares à l’horizon 2030. Il a également souligné l’engagement du Maroc à contribuer, aux côtés de ses frères africains, à «asseoir une agriculture résiliente en Afrique».
Dans la foulée, il fait savoir que ce congrès a pour objectif principal l’échange des connaissances et des expériences sur l’agriculture de conservation et la mécanisation agricole durable, en vue de promouvoir l’apprentissage et accroître la sensibilisation et l’intérêt pour l’adoption et la diffusion de l’agriculture de conservation et la mécanisation agricole durable en Afrique. Cette initiative est alignée sur la Déclaration de Malabo, l’Agenda 2063 de l’UA et les ODD de l’Afrique.
Un plan d’action efficace
Le congrès a aussi vocation à apporter des réponses concrètes à certains enjeux majeurs liés à l’agriculture en Afrique. On en cite en premier lieu l’ambition d’aider les populations les plus vulnérables à faire face aux effets dévastateurs du changement climatique. La sécheresse, les inondations et d’autres phénomènes climatiques extrêmes ont un impact direct sur la production agricole, mettant en péril la sécurité alimentaire des communautés rurales.
En développant des stratégies et des pratiques agricoles adaptées, le congrès cherche à renforcer la résilience des agriculteurs face à ces défis. Le congrès s’inscrit dans une démarche de contribution aux efforts visant à accroître la productivité agricole en Afrique. Les pays du continent sont confrontés à une demande alimentaire croissante en raison de la croissance démographique et de l’urbanisation rapide.
Pour y répondre, il est essentiel de transformer les systèmes agroalimentaires en adoptant des approches durables et efficientes. De même, il vise à renforcer la position de l’Afrique sur l’agriculture de conservation et la mécanisation agricole durable et améliorer la participation effective au 9e Congrès mondial sur l’agriculture de conservation (9WCCA) prévu en Afrique du Sud en juillet 2024.
Par ailleurs, la Déclaration de Rabat, qui sera lue à l’issue du congrès, tracera les axes stratégiques du développement de l’agriculture de conservation et de la mécanisation agricole durable en vue d’asseoir une agriculture résiliente en Afrique.
Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO