Les Cahiers des ÉCO

Premières «détonations» d’une kino-poésie

Le 28 avril, l’écrivain et poète Mohamed Hmoudane et le cinéaste et comédien Yves Adler invitent à une sortie de résidence. À partir du texte «Détonations», ils proposent un agencement, voire une partition poétique inédite à travers une mise en acte et en mouvement qu’ils appellent: kino-poésie. À découvrir au Théâtre 121 de l’Institut français, à Casablanca.

Un texte fort, qui bouscule, qui interpelle, qui émeut comme à chaque ruissellement de Mohamed Hmoudane auteur de «La Différence», «Attentat blanche mécanique» ou encore «French Dream»; sauf que cette fois, le metteur -en- scène Yves Adler décide de s’emparer d’un de ces textes pour le mettre en espace mais surtout pour lui donner vie. Après une résidence de quelques semaines, les artistes proposent un texte mis en scène, prémices d’un projet théâtral. «L’enjeu est d’essayer de mettre en mouvement et en acte le poème, construire une dramaturgie à partir d’un acte poétique qui inscrit des paroles dans des situations avec des enjeux, autant de parler possible plutôt que de réciter, au pire, le poème, au mieux, le mettre en espace», explique Yves Adler qui décide de travailler sur l’écriture de son ami poète il y a quelques années. Mohamed Hmoudane partageait cette envie depuis longtemps en ayant assisté au spectacle «Le mal des fantômes» inspiré de Fondane en 2010.«L’idée est de faire en sorte que celui qui parle, parle car c’est nécessaire de parler. Il y a une motivation et une volonté derrière. L’idée est de donner au poème un caractère concret, plus que réaliste. C’est la base», poursuit le metteur -en-scène et comédien en expliquant le concept de la kino poésie. Sur scène, un texte: «Détonations». Des percussions, un piano, du luth signés Abdelhak Tikerouine. Une voix, des voix, celles d’un «État d’urgence». «C’est une sorte de traversée du «moi» et ce qui constitue ce «moi». C’est une archéologie, on creuse, on cherche, qui commence par une interrogation du reflet. C’est une recherche identitaire. «Qui suis-je ?». Est-ce que le texte répond à cette question ? Oui ! «Quelque part, après toute cette traversée, on arrive à un sujet unique et indivisible», confie Mohamed Hmoudane qui s’avoue étonné, lui-même, que son texte ait pris vie. Un texte qui interroge sur le mode d’aujourd’hui, qui est dans l’air du temps puisqu’il parle de la religion, la réalité arabo-musulmane, l’immigration, l’exil-même, le sexe, la poésie… Des textes habités, engagés, souvent enragés mais toujours inscrits dans une quête poétique passionnée, celle d’un écrivain écorché vif. «L’écriture prend le temps de germer. Même quand je n’écris pas… j’écris ! Même si je ne mets rien sur papier, les idées sont là, elles se constituent. Il m’arrive d’écrire des fragments dans le métro, ou chez moi. Je n’ai pas de discipline. Je ne décide pas quand je dois écrire. Des choses germent dans ma tête et au moment propice, je mets en forme tout ce qui était dispersé, était là à attendre d’être mis en forme», confie Mohamed Hmoudane. C’est tout naturel qu’Yves Adler ait eu envie de mettre ces idées en mouvement. Après avoir fait un travail sur le sens du texte, il s’empare des «maux» pour les sortir du papier. «Il est important d’articuler les deux lois: celles du poème et de la scène. Sur scène, ce qui a lieu doit être fondé, ça ne relève pas d’une décision arbitraire ou esthétisante. Ce qui me guide c’est la crédibilité, la possibilité de partir des intentions depuis le texte. Il s’agit de faire un agencement entre la pensée qui traverse le texte et celle qui lit le texte», souligne Yves Adler; persuadé que la kino- poésie permet d’aller au plus profond du texte, de comprendre son intelligence et sa pertinence, lui qui voyait déjà dans les poèmes de Hmoudane un terrain dramaturgique. D’ailleurs le poète inspiré par un certain Rimbaud et partisan du «je» «est un autre» conclut: Le «je» dans la scène de l’écriture n’est pas forcément le «moi». C’est une création du «je». Il y a une partie du «moi», mais je parle de l’humanité ! À partir d’un «moi», on construit un «je» qui en embrasse d’autres! Il embrasse l’altérité», une altérité à découvrir ce 28 avril, en sortie de résidence, au théâtre 121 de Casablanca. 


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