Biodiversité : Une caravane pour valoriser le potentiel national
Cette caravane qui sera lancée le 11 juillet vise à sensibiliser et à renforcer les capacités des acteurs de la biodiversité dans ces différentes régions du royaume pour répondre aux enjeux de conservation des ressources génétiques et du potentiel socio-économique de leur utilisation, conformément aux recommandations de la Convention de Rio sur la diversité biologique (CDB).
Le Secrétariat d’État chargé du développement durable (SEDD) lance sa toute première caravane de valorisation de la biodiversité. L’initiative a été annoncée le mardi 4 juillet à Rabat lors d’un atelier national organisé par le SEDD, en partenariat avec le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) et la GIZ (Coopération technique allemande) sur le thème : «la biodiversité : mécanismes de mise en œuvre au Maroc – Post COP 13». C’est ainsi que dès le début de la semaine prochaine, elle sillonnera six villes du royaume, notamment Guelmim, Agadir et Marrakech, respectivement les 11 et 12 , 13 et 14 et 17 et 18 juillet puis Tanger, Oujda et Meknès en septembre prochain.
Financement du Fonds pour l’environnement mondial
Appuyée par le PNUD et le FEM (Fonds pour l’environnement mondial), cette caravane vise à sensibiliser et à renforcer les capacités des acteurs de la biodiversité dans ces différentes régions du royaume pour répondre aux enjeux de conservation des ressources génétiques et du potentiel socio-économique de leur utilisation, conformément aux recommandations de la Convention de Rio sur la diversité biologique (CDB) et à son Protocole de Nagoya ratifiés par le Maroc en 1995 et en 2010. Selon les organisateurs, ces ateliers constitueront une opportunité pour apporter des éléments de connaissance, tant aux Ongs qu’aux élus et aux institutions de recherche au niveau local quant à la régulation de l’accès et de l’utilisation de ce patrimoine biologique. Les élus locaux sont ciblés parce qu’ils représentent un maillon important dans le processus de prise de décision en la matière. Les Ongs parce qu’elles sont des parties prenantes indéniables dans ledit processus en raison de leur proximité avec les communautés locales, les fournisseurs/transformateurs de ressources génétiques et les détenteurs des connaissances traditionnelles. Tandis que pour l’Université, elle se doit de consolider son rôle de relais pour asseoir à travers la recherche-développement sa contribution scientifique et technique dans le mécanisme APA (Accès et partage des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques).
Formation des élus locaux, ONGs et universités
Les ateliers porteront sur une présentation orientée autour de trois (3) axes, à savoir les enjeux : comment transformer des ressources génétiques en leviers de développementsocio-économique ? ; le Protocole de Nagoya : une opportunité pour conjuguer protection des ressources et développement socio-économique et l’APA : un mécanisme gagnant-gagnant. Ils seront renforcés par des tables rondes portant sur des études de cas pratiques et des jeux de rôles, qui permettront aux participants de s’approprier les différentes phases de l’APA et du Protocole de Nagoya et de se familiariser davantage avec les concepts introduits par ces derniers. En plus de ces ateliers de formation et de sensibilisation, l’équipe en charge de ces ateliers procédera à des visites in situ d’acteurs opérant dans le domaine des ressources génétiques. Objectifs : dégager les enjeux et défis réels auxquels les fournisseurs font face sur le terrain afin de déterminer les attentes et pistes de développement possibles pour le Maroc et identifier des cas-modèles concrets pour enrichir et mieux orienter les futurs ateliers, ce qui permettra de préserver la grande diversité d’écosystèmes, d’espèces et de ressources biologiques dont dispose le Maroc, qui constituent une base importante pour les moyens de subsistance des populations et pour le développement socio-économique du pays. En effet, grâce à la diversité de ses bioclimats, à la variété des écosystèmes naturels et aux cortèges floristiques et faunistiques qui leur sont liés, le Maroc occupe une place privilégiée dans le bassin méditerranéen. Ceci peut être mis en évidence par le nombre d’espèces qu’il abrite (richesse spécifique), par le taux d’endémisme (proportion d’espèces et sous-espèces végétales ou animales qui existent uniquement au Maroc) et par la diversité des écosystèmes identifiés.
24.000 espèces animales et 7.000 espèces végétales
La biodiversité nationale revêt une importance écologique particulière avec plus de 24.000 espèces animales et 7.000 espèces végétales et un taux d’endémisme global de 11% pour la faune et de plus de 20% pour les plantes vasculaires, taux presque sans égal par rapport à tout le bassin méditerranéen. Ce patrimoine demeure exposé à diverses pressions naturelles ou humaines. Parmi les menaces principales pesant sur la biodiversité figurent la perte, la fragmentation, la dégradation des habitats, la surexploitation d’espèces, la prolifération d’espèces exotiques envahissantes, la pollution, le changement climatique et les incendies dont ceux qui ont ravagé dernièrement plus de 230 hectares dans la forêt de Mediouna à Tanger. C’est donc conscient de ces enjeux que le Maroc a adhéré à l’effort mondial pour la conservation de la biodiversité, notamment à la Convention de Rio sur la diversité biologique en 1992 et à son Protocole de Nagoya en 2010.
La Convention sur la diversité biologique ratifiée par 196 parties
La Convention sur la diversité biologique (CDB) est l’une des conventions qui ont été signées par la communauté internationale lors du Sommet de la Terre, tenu à Rio de Janeiro, Brésil, en 1992. La CDB est entrée en vigueur le 29 décembre 1993. Elle a été ratifiée par 196 parties à ce jour. Cette Convention a été signée par le Maroc à Rio le 13 juin 1992 et ratifiée le 21 août 1995. Elle vise trois objectifs essentiels qui représentent l’engagement des nations du monde, à savoir conserver la diversité biologique ; utiliser les ressources biologiques de manière durable et partager de manière juste et équitable les avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques. La CDB a une portée ambitieuse et vaste. Il s’agit du premier traité international qui vise à protéger tous les niveaux de diversité et d’organismes vivants de la Terre (espèces, populations, écosystèmes). La CDB reconnaît que ces trois niveaux de diversité ne peuvent pas être séparés de manière réaliste, étant donné que chacun interagit avec les autres et les influence. La CDB a adopté deux protocoles : le Protocole de Cartagena et celui de Nogaya. Adopté en 2000 lors de la première session extraordinaire de la COP et entré en vigueur en 2003, le Protocole de Cartagena est un instrument à part entière de la CDB qui traite de la prévention des risques associés aux biotechnologies. Il possède son propre organe suprême, la Conférence des parties siégeant en tant que Réunion des parties au protocole de Cartagena (COP/MOP). Celle-ci a pour mandat d’encadrer et de superviser la mise en oeuvre du protocole, de veiller à ce que les parties se conforment à leurs engagements et de renforcer ces engagements si nécessaires. Seules les parties à la CDB ayant ratifié le protocole sont habilitées à prendre part aux décisions adoptées dans le cadre de la COP/MOP. Le Maroc a signé le Protocole de Cartagena en 2000 et l’a ratifié en avril 2011. Quant au Protocole de Nogaya, il établit les règles et les procédures de mise en oeuvre du troisième objectif de la Convention sur la diversité biologique (CDB). Adopté à la COP-10, il porte sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation. Le protocole est entré en vigueur le 12 octobre 2014. En vertu du Protocole de Nagoya, l’accès aux ressources génétiques doit être soumis au consentement préalable en connaissance de cause (CPCC) de la partie qui fournit ces ressources selon la législation nationale en matière d’APA et les avantages découlant de leur utilisation doivent être partagés avec celle-ci, selon les conditions convenues d’un commun accord (CCCA). Le Maroc a signé ce protocole en décembre 2011 et son approbation a été publiée au BO n° 6166 du 4 juillet 2013.
Nezha El Ouafi
Secrétaire d’Etat chargé du Développement durable
La biodiversité est une partie intégrante de la Stratégie nationale de développement durable. C’est l’un des axes majeurs de la politique de développement durable auquel le Maroc accorde une grande importance eu égard à ses enjeux de préservation des ressources génétiques et du potentiel socio-économique de leur valorisation».
Ayshanie Labe
Représentante résidente adjointe du PNUD au Maroc
Le PNUD et le Fonds pour l’Environnement mondial soutiennent actuellement 400 projets dans 120 pays qui ont mobilisé un financement de 1,6 milliard de dollars. Au Maroc, où nous félicitons le secrétariat d’État au Développement Durable pour toutes ses initiatives, nous sommes actuellement sur quatre projets. S’agissant de la biodiversité, nous recommandons aux autorités de profiter de la régionalisation avancée pour aller vers les régions et impliquer le secteur privé».