Les Cahiers des ÉCO

Afrique : La mise en œuvre des NDC inquiète

Sur 54 pays que compte le continent, 49 ont déjà déposé leurs contributions nationales déterminées (NDC)  au niveau de la Conférence des Nations Unies pour le changement climatique (CNUCC). Mais voilà, 70% des NDC déposées portent sur l’atténuation. Du coup, il leur sera difficile de mobiliser des financements. Que faire alors ?

En Afrique, la mise en œuvre des NDC (Contributions nationales déterminées) inquiète ! C’est ce qui ressort du side event organisé dans le cadre de la COP 23 qui se tient à Bonn, du 6 au 17 novembre.  Placé sous  le thème : Coopération Sud-Sud pour une meilleure mise en œuvre des contributions nationales déterminées : défis, opportunités et perspectives,  cette rencontre, présidée par Nezha El Ouafi, secrétaire d’État chargée du développement durable, et animée par un panel d’experts nationaux et internationaux, notamment des représentants du Secrétariat de la Conférence des Nations Unies pour le changement climatique (CNUCC), de la coopération allemande (GIZ), du Programmes des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’Agence française de développement (AFD), était d’étudier les voies et moyens à mettre en œuvre pour aider les pays du continent africain à rattraper leur retard en matière de mise en œuvre de leurs NDC. Les travaux dudit Side Event se devaient donc d’aller au-delà de l’aspect technique pour proposer un modèle de coopération Nord-Sud, Sud-Sud et toute autre voie à explorer et à consolider pour mettre en œuvre les NDC en Afrique. Pour cause, il y a urgence ! Sur un premier plan, il faut savoir que la vulnérabilité du continent africain face aux effets du changement climatique est beaucoup plus forte qu’on pensait. En effet, 30% des infrastructures côtières du continent risquent d’être submergées. Près de 40 espèces animalespourraient disparaître d’ici 2085. Le rendement des cultures céréalières pourrait baisser de 5% d’ici 2080 et les cultures de base connaîtront également de fortes détériorations à cause du changement climatique. Sur un autre plan, il faut également noter que sur les 54 pays que compte le continent, 49 ont déjà déposé leurs contributions nationales déterminées au niveau de la CNUCC mais voilà, 70% des NDC déposées portent sur l’atténuation et donc seulement 30% ont privilégié des actions axées sur l’adaptation.

Du coup, le gros du contingent des pays du continent risque d’avoir du mal à réaliser ses projets et contribuer effectivement à l’objectif de l’Accord de Paris qui vise à limiter les émissions de gaz à effet de serre à 2°C, voire à 1,5°C à l’horizon 2030. Alors que faire pour figurer parmi les bons élèves qui seront contrôlés et notés l’année prochaine en 2018, notamment lors de la COP23 prévue en Pologne ? La solution la plus facile et la plus à la portée des pays africains, c’est d’activer au plus vite et plus vigoureusement le levier de renforcement de capacités pour rapidement se doter des compétences requises capables de rectifier favorablement les dossiers NDC déjà déposés. Cette voie a été indiquée à Marrakech lors de la COP22. Auparavant, le Maroc avait perçu avant l’heure, la nécessité de se prémunir sur ce plan. Ce qu’il a fait avec l’aide de la Coopération technique allemande (GIZ) en installant le 4C Maroc (Centre de compétences pour le changement climatique). Lequel outil lui a permis de ficeler un bon dossier NDC et aide les pays frères africains dans ce sens mais voilà, malgré l’engagement et la bonne volonté de l’équipe de ce centre et de sa tutelle qui le promeut à pratiquement toutes les occasions, sa force de frappe demeure limitée par rapport à l’ampleur et l’urgence de la tâche. Les pays africains n’ont plus le choix : en matière de renforcement de capacités, ils devront tout essayer. Y compris se tourner vers le Comité de Paris sur le renforcement de capacités, qui en prenant conscience de la situation, avait organisé une première réunion sur le thème du 11 au 13 mai dernier, en marge de la conférence sur les changements climatiques à Bonn. L’objectif de cette rencontre était d’identifier et de répondre aux obstacles et aux contraintes dans ce domaine, pour mieux aider les nations à opérer leur transition vers des économies bas carbone et résilientes au climat. C’est d’une importance toute particulière pour les pays les moins avancés, qui ont besoin d’un soutien urgent en ce qui concerne le renforcement des capacités, de manière à pouvoir entreprendre des actions ciblées en faveur du climat.

Que contient le registre international des NDC ?
Le secrétariat de l’ONU sur le changement climatique a lancé, en mai dernier, un nouveau registre public intérimaire pour capturer les plans officiels d’action climatique des pays dans le cadre de l’Accord de Paris sur le changement climatique. Connus à titre de contributions déterminées au niveau national (NDC), les plans ont défini publiquement ce que chaque pays prévoit de faire dans le cadre de l’Accord de Paris pour contribuer à l’effort international afin d’assurer un avenir durable pour tous en maintenant l’élévation de la température mondiale depuis l’époque préindustrielle bien en dessous de deux degrés Celsius, avec une préférence pour la limiter à 1,5 degré. Les NDC présentent les politiques et mesures climatiques des pays pour réduire les émissions et s’adapter aux changements climatiques dans de nombreux secteurs, comme par exemple décarboner l’approvisionnement en énergie avec des transferts vers l’énergie renouvelable, l’amélioration de l’efficacité énergétique, une meilleure gestion des terres, de l’urbanisme et des transports.

Le lancement de ce registre a constitué une étape clé pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris qui a maintenant été signé par 177 Parties. «L’Accord de Paris a marqué le début d’une nouvelle ère dans la coopération internationale sur le changement climatique», a déclaré la Secrétaire exécutive de la CCNUCC, Christiana Figueres. Le lancement du registre public intérimaire pour les NDC soutient la confiance et la bonne volonté collectives qui ont conduit à l’accord historique et représente un nouveau jalon sur la voie de sa mise en œuvre. Le nouveau registre provisoire pour les NDC est le principal instrument pour enregistrer officiellement les mesures prises par les pays en vertu de l’Accord. Il s’agit d’une voie totalement transparente de communication où chacun peut parcourir et rechercher des renseignements sur ce que les pays font pour lutter contre le changement climatique. En amont de Paris, dans le cadre du processus de négociation, les pays avaient soumis leurs plans d’action pour le climat en fonction de leurs circonstances et intérêts nationaux, qui ont été appelés «contributions prévues déterminées au niveau national», ou INDCs.

L’Accord de Paris comprend un changement de statut juridique de ces plans d’action pour le climat, transformant ce qui étaient des intentions, ou INDC, en plans d’action concrets connus à titre de NDC. Si une INDC a été soumise par une Partie sous l’égide de la CCNUCC – et il y a maintenant 189 INDC déjà soumises – et cette partie ratifie l’accord, alors cette INDC sera considérée comme sa première NDC, à moins que la Partie n’en décide autrement. Les parties peuvent également effectuer des changements à une INDC communiquée en soumettant une nouvelle NDC. Les pays ont également été invités à communiquer leur première NDC avant que leur instrument de ratification de l’accord ne soit soumis. L’Accord de Paris établit le principe que les futurs plans nationaux ne seront pas moins ambitieux que ceux qui existent déjà. Les contributions nationales devraient être rendues plus ambitieuses au fil du temps pour que le financement climat et d’autres formes de coopération multilatérale, stimulés par l’accord, soient mobilisés.  


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