Les Cahiers des ÉCO

Afrique du Sud : Nouveau virage pour l’ANC

Maroc-Afrique du Sud : Que peut-on attendre de Cyril Ramaphosa

Abdelhak Bassou
Membre OCP Policy Center

Pour Abdelhak Bassou, ancien membre de la DGSN marocaine, l’arrivée au pouvoir de Cyril Ramaphosa en Afrique du Sud pourrait relancer les relations avec le Maroc. Extraits de son analyse publiée par le think tank OCP Policy Center, dont il est membre.

“Ramaphosa, nouvelle politique envers Rabat”
Entre le Maroc et l’Afrique du Sud, les relations ne font pas preuve de stabilité. Normales et presque amicales jusqu’en 2000, ces relations se sont dégradées, sans pour autant être rompues à partir de 2004, lorsque l’Afrique du Sud décide de reconnaître la «république sahraouie». Un espoir de réanimation des relations renaît après la décision prise, à quelques jours du congrès de l’ANC, par le roi Mohammed VI et le président Jacob Zuma d’échanger des ambassadeurs. Est-ce que le changement opéré à la tête de l’ANC et les conditions incertaines qui couvrent l’avenir du président Zuma, vont aider à renforcer la décision prise à Abidjan, ou est-ce le contraire qui se produira ?

“La relance des relations entre le Maroc et l’Afrique du Sud”
Les derniers développements dans les relations entre le Maroc et l’Afrique du Sud, entamés depuis peu à Abidjan seront-ils impactés (positivement ou négativement) par l’élection d’un nouveau leader à la tête de l’ANC ? En se référant toujours à la personnalité du nouvel homme fort de l’ANC, l’initiative prise par le roi du Maroc et le président sud-africain lors de leur rencontre à Abidjan, trouvera un encouragement dans les orientations politico-économiques de Cyril Ramaphosa. Ce dernier, soutenu par les milieux des affaires sud-africains -dont il fait partie- ne verra pas d’un mauvais œil l’encouragement de relations avec le Maroc, notamment dans les domaines de l’économie et du commerce.

“Pas de révolution sur la question du Sahara”
Le réalisme et le pragmatisme de Cyril Ramaphosa n’iront cependant pas, du moins dans le court terme, jusqu’à révolutionner les positions de l’État sud-africain sur certaines questions notamment celle du Sahara. La diplomatie du Maroc devra sur cette question faire preuve de patience. Le nouveau président de l’ANC et qui sera bientôt, sauf grosse surprise, le président de l’Afrique du Sud, fait encore face à des problèmes domestiques qui lui interdiront tout changement brusque qui risque de nuire à ses efforts de rallier le clan adverse ; celui de Dlamini Zuma, foncièrement hostile au Maroc. Si les relations économiques entre le Maroc et l’Afrique du Sud continuent de s’améliorer dans les prochains mois, celles politiques n’évolueront positivement qu’en fonction du degré d’intensité des échanges futurs entre les deux pays.

Axe Alger-Pretoria : “De la romance et peu de business”
Examiner de près la relation entre les deux pays relève plus de la romance révolutionnaire que du réalisme économique. En effet les deux pays qui semblent soudés par une forte alliance, ne développent que des relations économiques et des échanges commerciaux, timides et quasiment insignifiants. En 2016, les principaux produits exportés depuis l’Afrique du Sud vers l’Algérie sont les denrées alimentaires transformées, les légumes, les machines, les produits sidérurgiques, les équipements photographiques et médicaux et cela pour un montant total d’environ 41 millions d’euros (en 2015, le volume de l’échange entre l’Afrique du Sud et le reste de l’Afrique était de 28 milliards d’euros) l’échange avec l’Algérie ne représente que 0,16% du volume total des échanges entre l’Afrique du Sud et le reste de l’Afrique. De son côté l’Algérie a exporté durant la même période vers l’Afrique du Sud pour environ 261.000 d’euros. Les principaux produits algériens exportés sont des produits chimiques, la pierre et du verre ainsi que d’autres produits et machines non répertoriés.

“Deux issues dans les relations algéro-sud-africaines”
En se référant au pragmatisme de Cyril Ramaphosa, il n’y aurait que deux perspectives : (Primo, ndlr), faire augmenter ce volume d’échange afin que l’Afrique du Sud puisse en tirer parti pour l’économie de son pays. Le développement économique faisant partie des promesses du programme du nouveau président de l’ANC. Mais l’Algérie ne semble pas pour le moment dans une situation économique qui puisse lui permettre de participer à un tel effort. (Secundo, ndlr), garder le statu quo des relations commerciales, et l’Algérie n’aurait plus, aux yeux des nouveaux gouvernants de l’Afrique du Sud, le même poids qu’elle avait aux yeux du clan Zuma, très versé dans les anciennes doctrines révolutionnaires et romantiques. Le nouveau président de l’ANC verse plus dans le réalisme économique.


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