Politique

Nizar Baraka: « nous sommes contre le vote obligatoire pour deux raisons »

Le parti de l’Istiqlal estime que le vote obligatoire ne correspond pas à sa conception de la démocratie. Selon le secrétaire général du parti de la balance, Nizar Baraka, il faut être dans une logique d’incitation plutôt que dans une logique de contrainte.

Que pensez-vous de l’instauration du vote obligatoire au Maroc ?
Au parti de l’Istiqlal, nous sommes contre le vote obligatoire pour deux raisons. Premièrement, nous rejetons la logique de la contrainte. Le vote obligatoire est en effet une disposition contraignante pour les citoyens. Le fait de fixer une contrainte implique la mise en place d’une logique d’amendes. Cela suppose que ceux qui ne sont pas allés voter doivent payer une amende. Or, les citoyens ne sont pas en état de leur imposer une nouvelle amende ou une nouvelle taxation parce qu’ils ont décidé de ne pas aller voter. Certes, on veut attirer les électeurs mais pas sous contrainte. Deuxièmement, nous considérons que l’abstention fait partie des moyens d’expression. C’est une manière d’exprimer une opinion politique. En tant que parti, notre position est simple : nous considérons qu’on ne peut pas réhabiliter la politique en contraignant les citoyens par l’instauration du vote obligatoire. Par contre, nous devons tout faire pour les inciter à aller voter. Nous devons être dans une logique d’incitation plutôt que dans une logique de contrainte. Ce n’était pas la position du parti de l’Istiqlal il y a quelques années. Le groupe parlementaire du PI avait même déposé une proposition de loi en 2015 pour instaurer le vote obligatoire.

Comment expliquez-vous ce revirement ?
C’était sous l’ancienne direction du parti. Il y a une nouvelle direction et un nouveau congrès, comme vous le savez. La nouvelle direction considère que cette position n’est plus acceptable et ne correspond pas à notre conception de la démocratie qui doit reposer sur la liberté de choix et parmi les choix possibles figure celui de ne pas aller voter. De notre part, nous agissons et nous faisons autant que faire se peut pour que les citoyens aillent voter massivement lors des prochaines élections. D’ailleurs, dans le cadre des propositions que nous allons faire, nous allons proposer un certain nombre de facilités pour encourager les citoyens à aller voter dans une logique de choix.

Justement, comment peut-on inciter l’électeur à aller voter dans le contexte actuel ?
Nous allons formuler des propositions en la matière. Il est certain que pour que l’électeur aille voter, il faut au préalable le convaincre de l’intérêt du vote. Nous travaillons sur cet objectif depuis notre dernier congrès : comment réhabiliter le politique, comment faire en sorte que notre discours soit crédible et que les citoyens sentent qu’on les représente en les soutenant, faisant l’avocatie des problématiques qu’ils soulèvent et proposant des alternatives crédibles…Nous voulons développer tout le système. Il s’avère en premier lieu nécessaire de clarifier le champ politique. Nous essayons d’agir dans ce sens pour que les citoyens comprennent les choix qui se posent entre les différents partis politiques et quelles sont les politiques que ces choix impliquent. Malheureusement, nous sommes actuellement dans un flou artistique constaté au sein des composantes de la majorité. La situation actuelle est marquée par un conflit continu au niveau de la majorité sur des questions essentielles et des projets de loi importants pour le pays, comme le Code pénal qui est bloqué au Parlement. Il faut aussi faire en sorte de rétablir la crédibilité du politique en liant les programmes politiques au programme gouvernemental qui sera exécuté pour pouvoir être dans la logique de la reddition des comptes.

Pensez-vous qu’une augmentation du taux de participation aux prochaines élections permettra de changer la carte électorale au Maroc ?
L’objectif essentiel pour le parti de l’Istiqlal est de faire en sorte que le taux de participation soit élevé car nous considérons que nous sommes dans une tendance baissière en la matière. Les différents sondages et enquêtes ont fait ressortir que nous avons un véritable problème de confiance dans le gouvernement et les partis politiques. Par conséquent, un réel besoin se fait sentir d’augmenter le taux de participation. Cet objectif implique une expression d’une volonté populaire. Vu l’ampleur de la crise qui pointe à l’horizon en raison du Covid-19 et des politiques menées par le gouvernement par le passé, cette volonté populaire doit se traduire par une volonté de changement.

Jihane Gattioui
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